C'est en présence de ses deux fils, de ses compagnons de combat contre l'occupant français et d' anciens moudjahidine, que l'anniversaire de la mort de Abderrahmane Mira a été commémoré. Il a été question de son parcours héroïque, de son caractère mais aussi de l'Etat qui a failli à son devoir de mémoire et qui n'a rien entrepris pour retrouver la dépouille de ce héros de la Révolution. Abdelhalim Benyellès - Alger (Le Soir) - La question n'a pas été prise en considération par le pouvoir politique, depuis l'indépendance, pour engager des enquêtes afin de retrouver la dépouille de l'un des responsables de la Révolution, celui du dirigeant de la Wilaya III, comme il l'a fait pour retrouver les restes du colonel Amirouche et de Si El Haouès. C'est ce que se sont accordés à déclarer les intervenants lors du forum d'El Moudjahid, hier mercredi, consacré à la commémoration de la date de la disparition de Abderrahmane Mira, surnommé le « Tigre de la Soummam », mort au combat, le 6 novembre 1959. « Abderrahmane Mira a remonté le moral des troupes et recréé les conditions pour mener la Révolution à son retour de Tunis, au moment où les troupes ne disposaient plus d'armes », a relaté son fils Tarik. Après avoir relaté son parcours héroïque de combattant, l'orateur a déploré le manque de volonté de la part de l'Etat de retrouver le corps du martyr, et, s'adressant aux historiens, il les a accusé d'avoir failli à leur mission de l'écriture de l'Histoire. « Toutes les informations sur le martyr Abderrahmane Mira, je me les suis procurées de France », s'insurge-t-il. « Les historiens ne font rien pour écrire l'Histoire », a-t-il déclaré ouvertement. Et c'est dans le même registre qu'un intervenant, qui porte un intérêt particulier au parcours du chahid, dévoile, pour la première fois, des photos ainsi que l'agenda personnel du martyr, qu'il dit avoir tirés des archives françaises. Tarik, le fils aîné de Abderrahmane, se basant sur quelques témoignages de la région, a déclaré que la dépouille pourrait être enterrée à proximité de Bougaâ. Quant aux archives, il déplore leur absence, et la seule pièce dont il dispose, la Une du journal L'écho d'Alger, qui annonce la mort du « Tigre de la Soummam », il la montre à l'assistance. Un autre intervenant, un compagnon du martyr, ancien agent de liaison de la Wilaya III, dira, lui, qu'il « redoute que les vérités ne soient falsifiées par manque de preuves et d'archives ». « Beaucoup de vérités n'ont pas été dites au sujet du héros », a-t-il précisé. Beaucoup de compagnons de Abderrahmane Mira ont défilé ,pour témoigner de son caractère et de sa personnalité, faits de « sagesse et de bravoure ». Un autre signale sa relation étroite avec Krim Belkacem et le colonel Amirouche. Abdelmadjid Arezki, parmi ceux qui l'ont connu, a déclaré qu'en 1956, « j'entendais parler de Abdelkader Mira, mais en 1957, je l'ai rencontré quand il est arrivé pour inspecter l'organisation du secteur de la santé ». Et de poursuivre : « Il m'avait dit à l'occasion : j'ai été agréablement surpris, car la santé joue un rôle majeur dans la Révolution. Elle encourage les djounoud », témoignera cet ancien moudjahid. A. B.