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Philosophie en confinement
Publié dans Le Soir d'Algérie le 28 - 05 - 2020

Confinement ! Quel mot bizarre. Et quelle étrange vie que celle que nous endurons depuis plusieurs semaines. Obligés de rester coincés chez nous, dans une espèce de liberté surveillée sans date de péremption, nous subissons plus que d'habitude des programmes télé d'une débilité insupportable. Nous nous tournons alors vers la lecture, avec un goût immodéré pour les fictions scientifiques ou catastrophiques. Comme si nous voulions nous acclimater à ce que nous croyons être un début de fin du monde. Climat de panique ambiant, de dangers frôlant nos portes, d'énormes menaces volant dans des bulles microscopiques, prêtes à envahir nos narines ou notre bouche dès que nous franchissons le seuil de notre maison... Dans cette vie de l'impossible, nous récoltons çà et là quelques petites satisfactions liées à notre statut de privilégiés. Parce qu'il y a pire ! Et ce sentiment d'être mieux loti que les mis en quarantaine de Blida peut effectivement vous donner l'impression que vous êtes au paradis, comparé à l'enfer de là-bas.
Mais, très vite, quand vient le crépuscule et que le silence étend son emprise sur la ville, le spleen revient pour rechanter sa triste rengaine à portée de main de nos balcons et la grisaille se perd alors dans la fin du jour et le début de la nuit, ne sachant plus s'il fait encore jour ou déjà nuit. Notre vie confinée, quelque peu égayée par la lumière du jour, s'assombrit alors, pour une longue nuit de vide... Les télés à écran plat bariolent les murs de leurs couleurs factices et nos regards croisent à nouveau la sale gueule d'un menteur professionnel qui vend ses boniments à la soupe populaire cathodique. Quelqu'un vous glisse : «Soyez satisfaits ! C'est le paradis par rapport à la quarantaine blidéenne.» Toute notre vie a été une somme colossale de satisfecit, non pas parce que nos rêves se sont réalisés ou nos objectifs atteints, mais simplement parce que nous sommes mieux que l'autre.
J'adhère à cette philosophie qui nous ramène toujours à la réalité, à la vraie vie, nous livrant les clés d'un bonheur certes étroit, mais bonheur quand même ! Il serait chimérique de cavaler derrière tous ses rêves ou de voir plus haut que votre mesure réelle: vous risquez de courir pour rien car il est prouvé que les gens qui installent leurs objectifs dans des tailles supérieures ne seront jamais satisfaits. Dès qu'un rêve se réalise, ils oublient de jouir de la nouvelle condition tant attendue pour viser un but plus grand. Ils ne s'arrêteront jamais... Nos parents, philosophes à leur manière, nous ont toujours conseillé de voir plus petit que soi. Alors, allons-y, nous sommes mieux que nos sœurs et frères de Blida et ça vaut le coup de fêter ça ! Oui, mais est-ce raisonnable ? Une fête alors que, là-bas, ils n'ont pas nos avantages et se sont même sentis abandonnés les premiers jours du confinement quand un semblant de chaos s'est installé. Et c'est certainement cette confusion qui a fait réfléchir les responsables qui reculèrent sur l'option de confiner tout et partout !
Parfois, j'ai l'impression de vivre un cauchemar, ou plutôt un mauvais film catastrophe, comme ceux produits par Hollywood sur les contaminations mortelles, les séismes ravageurs ou les volcans dévastateurs, dans le seul but de glorifier l'armée US ou de montrer la bravoure des pompiers. Avec, en prime, la bonne décision du haut commandement et la clairvoyance du pouvoir politique qui voient juste et optent toujours pour les solutions protégeant la vie des Américains. Mais la réalité cruelle vient souvent balayer ces chimères car ni le pouvoir politique, ni le haut commandement et encore moins le soldat ne possèdent ces qualités inventées pour les besoins de la propagande.
Cette réalité, nous l'avons observée de la manière la plus claire, lors des inondations d'Atlanta à l'été 2005. En voyant les résultats de cette catastrophe, le monde stupéfait découvrait une Amérique sous-équipée, sous-développée et au bord du désordre généralisée. Parquées dans des gymnases ou laissées à leur triste sort, des milliers de familles — avec une écrasante majorité de Noirs — s'entassaient partout, n'ayant plus ni logements, ni passé, ni avenir. Ces scènes semblaient surgir d'une contrée indienne frappée par un typhon ou d'un village africain ravagé par les crues. Cela ne pouvait être l'Amérique, parce que l'Amérique c'est l'image créée par Hollywood, c'est le rêve américain, la force invincible des GI's et les triomphes de la conquête spatiale. Cette autre Amérique «tiers-mondialisée» n'existe pas ! Nous avons été victimes d'hallucinations collectives. La propagande est si forte que les Américains croient qu'ils vivent dans le meilleur des mondes. Ridiculisés et battus pourtant par les Vietnamiens, ils croient dur comme fer que Rambo existe et qu'il est sorti vainqueur de la guerre.
Ils sont tellement intoxiqués qu'ils oublient de remarquer le nombre impressionnant de familles jetées sur les routes et les banlieues par la roue impitoyable du néolibéralisme. Ils oublient de voir ces vieillards qui poussent difficilement des caddies dans les rues rutilantes des mégalopoles frôlant le ciel. Dans ces chariots de fortune, quelques effets personnels, des photos jaunies par le temps, des souvenirs. Ce qui reste d'une vie de labeur, d'esclavage plutôt. Cernés par les crédits, écrasés par les crises successives qui les privent de travail, sans assurance maladie, ils sont jetés dans la rue par des propriétaires inhumains parce qu'ils n'ont plus les moyens de payer leur loyer ou qu'ils sont dans l'impossibilité de régler leurs crédits. Un ami qui rentrait à Los Angeles il y a quelques semaines, venant du Nevada et de son phare étincelant Las Vegas, m'a appelé en pénétrant dans les premières banlieues : «c'est épouvantable ! il y a des milliers de gens des deux côtés de la route. Certains dorment sur des cartons à l'air libre, d'autres dans des tentes de fortune. Ce sont les exclus du capitalisme. Ils n'ont plus aucun moyen de substance, ni de logement. La police leur fait la chasse... On dirait des zombies ! Si tu t'attardes, ils risquent de t'agresser. Pour manger ! L'odeur est épouvantable !» À quelques kilomètres de Sunset Boulevard et de Beverley Hills, la grande misère humaine s'expose des deux côtés d'une route où filent, à toute vitesse et vitres fermées, des voitures luxueuses.
Je reviens à 2020. J'éteins la télé sur les images d'un journal télévisé qui réunit un tas d'experts tirant à bout portant sur le professeur Raoult. Et je reviens à la pandémie, au confinement et à la réalité sordide de ce 28 mai... Là-bas, en Amérique, la mort a frappé de plein fouet et les bilans sont les plus lourds au monde. Ils le sont parce que l'Amérique n'a plus de bons dirigeants, parce qu'elle continue d'avancer sur la voie suicidaire de l'injustice sociale, de la réduction des aides aux plus démunis, de la suppression de la sécurité sociale pour tous. Les plus faibles économiquement ne peuvent même pas se soigner alors que les plus riches casquent des millions pour se refaire un
nez ! La privatisation maladive de tout a créé un terrible manque dans les services publics. Quand l'Etat gagne de l'argent, il le met dans la consolidation des infrastructures, la modernisation des équipements, l'amélioration des conditions de vie. Quand le privé gagne de l'argent, il le met dans sa poche !
Et demain, le premier film hollywoodien sur la pandémie sera un hommage sans précédent aux militaires, agents de l'ordre, pompiers et héros des hôpitaux. Certainement que ces derniers le méritent. Mais si les producteurs daignent leur accorder quelques scènes de respect, ce sera surtout pour masquer l'incroyable échec de la grande Amérique dans une crise qui aurait certainement eu moins d'impact si les dirigeants de ce pays avaient un cœur à la place de cet organe central qui ne bat dans leur poitrine que pour le dollar !
La vérité ? Qui se soucie de la vérité dans cette usine à spectacles où les politiques jouent leurs shows à heure fixe, sous les sunlights et les confettis. Dans ces chantiers colossaux du mensonge et de la contrefaçon, l'image devient la vérité ! Des Trump auront des années-lumière devant eux avant que les rêveurs se réveillent sur le terrible cauchemar !
M. F.


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