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Le retour de Don Quichotte à califourchon sur une bicyclette bleue
Six auteurs en quête de personnages de Salah Guemriche
Publié dans Le Soir d'Algérie le 24 - 06 - 2020

L'histoire commence à «La Maison des personnages» et se termine par un «Retour à la maison des personnages». Entre-temps, le lecteur et les personnages seraient passés par «Un checkpoint au Paradis», «Au salon des Gens du Livre», «Majnoun Molière» ou «L'Homme des Accords... déviants».
La première phrase d'un roman, d'un poème ou d'un article est souvent la plus importante, car c'est elle qui décide de la suite de la lecture ou non. Salah Guemriche, ce passionné de la première phrase, a ainsi commencé son nouveau roman : Un Don Quichotte à califourchon sur une bicyclette bleue. Ainsi, le célèbre personnage de Miguel Cervantès aurait abandonné son vieux canasson Rossinante... Pour l'Histoire, l'écrivain espagnol qui a vécu cinq bonnes années en Algérie était reparti vers son pays en voilier. Concernant les personnages, le nouveau «roman intermittent» de Guemriche est Six auteurs en quête de personnages.
Là aussi, c'est bien trouvé car tout auteur sachant écrire doit d'abord trouver un bon personnage, un héros, sans peur et sans reproche de préférence. Dans la foulée, Salah Guemriche a pris Luigi Pirandello à contre- pied. «Aux yeux de Milan Kundera, tout personnage est un ‘‘ego expérimental''. Dans le cas d'une autofiction, on peut dire que l'équation s'inverse : c'est l'ego qui se fait lui-même personnage expérimental. Dans ces pages, l'auteur s'engage dans une autre inversion, en retournant le titre de Pirandello (Six personnages en quête d'auteur). C'est, donc, sous la houlette de six auteurs que notre héros, un toqué de la langue de Molière, entame une expérience inédite : celle d'un personnage intermittent courant d'emploi en contre-emploi, au gré des offres de l'agence chargée des intermittents de la fiction : l'Agence rôle-Emploi», lit- on en quatrième de couverture de l'ouvrage. «Ainsi, dans un improbable jeu de rôles, avec ou à l'insu d'autres intermittents, notre «Fou de Molière» va traverser ce «roman qui ne veut pas en être un», et s'incarner là où nos six auteurs eux-mêmes ne l'attendaient pas, avant de se désincarner littéralement. Ici, l'auteur expérimente un genre de fiction éclaté, une sorte de série-fiction, en lien avec la littérature en général et la langue française en particulier, sur fond d'une intrigue, une véritable cabale dont le mobile, extravagant, désarçonnera jusqu'aux enquêteurs. En somme, pour reprendre la formule idoine de Milan Kundera : «il s'agit de nouvelles emboîtées (...) Une autre façon de dépasser la linéarité», est-il encore écrit en quatrième de couverture de ce roman de 250 pages.
L'histoire commence à «La Maison des personnages» (premier chapitre) et se termine par un «Retour à la Maison des personnages» (dernier chapitre). Entre-temps, le lecteur serait passé, notamment, par «Un checkpoint au Paradis», «Au salon des Gens du Livre», «Majnoun Molière» ou «L'Homme des Accords... déviants». Le roman Six auteurs en quête de personnages est publié sur Amazon et en version papier : https://www.amazon.com/gp/r.html.
Concernant la passion de Salah Guemriche pour la première phrase, il en a même fait toute une histoire et tout un roman : le roman noir : L'Homme de la première phrase, paru en 2000, avec dédicace à la mémoire de Tahar Djaout (aux éditions Rivages/Noir). Ici, la première phrase de son personnage est : «Au commencement était le verbe, et le verbe s'est fait taire !»
L'écrivain Salah Guemriche, né le 6 mai 1946 à Guelma, est un écrivain algérien vivant en France depuis 1976. Professeur de français, puis universitaire, diplômé en ethnologie (mémoire sur les Touareg du Tassili) et en sciences de l'information et de la communication (DEA, Jussieu Paris 7), il a publié de nombreuses études sur la question, notamment dans Le J.T. : mise en scène de l'actualité à la télévision, ouvrage collectif (éd. INA/Documentation française, 1986). Journaliste indépendant, il a collaboré, en qualité de chef de rubrique ou de chroniqueur à Jeune Afrique (1984-1989), Paroles et musique (1984-1991), et signé une centaine de tribunes, notamment dans Le Monde et Libération (1982-2015), Le Courrier de l'Unesco, Le Matin, El Watan ou le Huffington Post.
Essayiste et romancier, ses premiers textes parus en France ont été publiés par Simone de Beauvoir dans Les Temps Modernes en 1971. Salah Guemriche est l'auteur d'un grand nombre d'ouvrages littéraires dont Alphabétiser le silence (poèmes, éditions Enal, 1986), Un amour de djihad, roman historique autour de la bataille de Poitiers (Balland, 1995), Dictionnaire des mots français d'origine arabe, turque et persane : accompagné d'une anthologie littéraire : 400 extraits d'auteurs français, de Rabelais à Houellebecq (préface d'Assia Djebar de l'Académie française, Seuil, 2007, 877 pages, réédition poche Points 2012 et 2015), Le Christ s'est arrêté à Tizi-Ouzou : enquête sur les conversions en terre d'islam (Denoël, 2011, 352 pages) et Algérie 2019, la Reconquête (de l'indépendance), paru chez Orients-Editions en octobre 2019.
Kader B.


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