Deux millions de tonnes par an de gaz seront livrés par Sonatrach à son client français, Total, en vertu d'un nouveau contrat liant les deux partenaires pour une durée de trois ans, selon un communiqué publié jeudi par la partie algérienne. Un renouvellement du contrat qui « s'inscrit dans la longue histoire de coopération entre Sonatrach et Total » , est-il souligné dans le communiqué de la compagnie nationale qui assure ainsi sa place dans le marché français, très convoité par une concurrence jamais aussi féroce que ces derniers temps dans le domaine particulier du gaz naturel liquéfié (GNL). C'est en tous les cas, comme le soulignait le P-dg de la Sonatrach,Toufik Hakkar, une preuve de la fiabilité et la crédibilité de la compagnie nationale des hydrocarbures sur le marché international, qui peut-être entendait adresser par ses propos un clin d'œil à un autre vieux client du sud de la Méditerranée ,avec lequel la compagnie algérienne a maille à partir depuis quelque temps, les Espagnols de Naturgy en l'occurrence, avec lesquels les Algériens sont en négociations pour le règlement du contentieux qui les oppose sur les prix du gaz. Le P-dg de Sonatrach s'est exprimé à ce propos il y a à peine quelques jours pour dire que la partie algérienne n'écarte pas la possibilité du recours à l'arbitrage international, s'appuyant sur les clauses contractuelles liant les deux parties qui permettent la révision périodique des prix selon l'évolution du marché, tout en assurant que cet ultime recours n'a pas de quoi inquiéter, Sonatrach ayant déjà eu gain de cause dans des situations pareilles et cette fois également, si d'aventure cela s'avère comme étant la seule issue pour le règlement du contentieux, la compagnie nationale ira « en position de force ». Le tout en se faisant un point d'honneur de rappeler les liens entre les deux compagnies et l'historique de l'Algérie en sa qualité de partenaire de l'Espagne dans la fourniture de gaz. Les raisons de la requête de Naturgy pour faire baisser les prix du gaz sont liées aux difficultés qu'éprouve l'économie espagnole, du fait de l'impact de la crise sanitaire, et l'entrée en force, depuis plusieurs mois maintenant, du gaz américain qui gagne du terrain en Europe, et la traditionnelle concurrence de producteurs tels la Russie et le Qatar. Les Américains qui, soit dit en passant, ont réussi en mai dernier à supplanter les Algériens au rang de premier exportateur de gaz vers l'Espagne depuis 30 ans. Ceci, même si les toutes dernières informations font état d'une chute spectaculaire des exportations américaines de GNL entre janvier dernier et ces tout derniers jours. Les chiffres annoncent, en effet, une baisse de 50% des exportations US de gaz au moment où sur le plan domestique, les Américains ont vu leur consommation chuter vertigineusement, entre 60% et 65% de diminution à cause de l'impact du coronavirus sur le marché mondial, la baisse des prix du pétrole ayant entraîné dans son sillage ceux du gaz. Une donne qui, il faut le souligner, a eu son effet sur l'ensemble des producteurs, pas seulement américains. Les Algériens en savent quelque chose, eux dont la production des hydrocarbures a chuté depuis bien avant le début de la crise sanitaire mondiale. Azedine Maktour