Aujourd'hui, dans notre ère dite «moderne», les statues sont au centre de «guerres» liées à l'Histoire, à la mémoire et parfois à la religion. Les statues de Lénine dans les pays de l'Europe de l'Est et de l'ex-Union soviétique ont, pour la plupart, suivi dans sa chute le bloc communiste dans les différents pays. En Russie, bien qu'ayant perdu leur statut de «sacrées», la majorité ont survécu grâce à la mobilisation des militants communistes. Leurs adversaires avaient, pourtant, usé de divers moyens pour s'en débarrasser. Ils ont même essayé de «chasser» Lénine du mausolée de la place Rouge où son corps est conservé dans un sarcophage en verre. Leur argument : la religion orthodoxe (chrétienne) dit que l'âme d'un mort ne connaît pas le repos tant qu'il n'est pas enterré. En somme, des gens, pas catholiques du tout, voulaient utiliser des moyens peu orthodoxes contre le leader communiste. En Ukraine, la révolution de Maïdan en 2014 a eu raison des derniers monuments dédiés à Vladimir Ilitch Lénine dans le pays. Mais cette fois, il y a eu quelque chose d'inattendu. En effet, «les pièces détachées» des statues «léninoises» ont été récupérées et revendues à prix fort par des malins. En 2001, en Afghanistan, les talibans, au nom de la religion, ont détruit les statues des bouddhas de Bamiyan, un site classé au patrimoine mondial de l'Unesco, en tirant sur eux à l'artillerie ! En 2003, à Baghdad, des manifestants ont «humilié» une statue de Saddam Hussein, après l'entrée des troupes américaines dans la ville. La même année, à Londres, des manifestants contre la guerre en Irak ont fait subir le même sort à «une réplique» de Tony Blair (le monde à l'envers !). En 2020, l'année mondiale du coronavirus, aux Etats-unis et au Royaume-Uni, des manifestants s'en prennent aux statues d'esclavagistes, de confédérés et même à celles de Christophe Colomb, l'homme qui a découvert le nouveau continent. Les statues payent-elles pour les erreurs «humaines» ? K. B. [email protected]