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Du débarquement des forces alliées en Algérie en 1942 et des dommages collatéraux causés aux populations autochtones
Publié dans Le Soir d'Algérie le 15 - 07 - 2020


Par Amara Zitouni, Cadre Supérieur à la retraite
I. Le contexte historique
La Seconde Guerre mondiale était à son paroxysme quand les forces alliées débarquèrent en Algérie en 1942. Le gouvernement français s'installa à Alger en 1943, après l'occupation de Paris par les Allemands. L'amiral Darlan, qui ordonna, après l'Armistice de juin 1940, aux bâtiments de la marine française de cesser le combat contre les puissances de l'Axe (Allemagne, Italie), fut exécuté juste après à Alger par la Résistance française.
Ce conflit mondial, qui provoqua la mort de plus de 50 millions de personnes et des destructions massives des infrastructures (villes, voies de communication), causa des pertes énormes en vies humaines et en moyens matériels aux populations algériennes autochtones.
Ces populations, durement éprouvées par plus d'un siècle d'une colonisation de peuplement marquée par des expropriations des terres les plus fertiles du pays, furent contraintes de contribuer à l'effort d'une guerre qui ne les concernait pas. Plus de 100 000 Algériens furent mobilisés par les autorités coloniales pour rejoindre les lignes de front ou la métropole pour remplacer dans les usines les ouvriers français partis à la guerre.
La participation forcée des populations indigènes à l'effort de guerre ne se limita pas à la mobilisation des hommes valides du pays, mais fut accompagnée par la réquisition de leurs moyens de subsistance par la cession d'une partie de leurs récoltes et de leur bétail qui seront exportés vers la métropole.
Les sacrifices consentis par les populations autochtones à ce conflit, dont la majorité des historiens n'en retinrent que les actes de bravoure des soldats algériens durant les batailles ayant conduit à la libération de l'Europe, furent lourdement payés par ces mêmes populations au lendemain de ce conflit.
Le tiers des habitants (indigènes, bien entendu) de l'Algérie fut décimé par les famines et les épidémies qui s'ensuivirent (typhus, peste, choléra, etc).
II. Le territoire algérien : théâtre des opérations de guerre.
L'armada des forces alliées qui débarqua en Algérie concentra ses forces dans les régions jouxtant la Tunisie où étaient fortement installées la redoutable Africa-Corps et l'armée italienne.
La réaction de l'aviation allemande ne tarda pas à se manifester par des raids sporadiques larguant des bombes sur les convois des troupes alliées cantonnées dans la région. Les profonds cratères creusés par ces engins sont toujours visibles aux abords de cette RN 44 reliant l'Algérie et la Tunisie. Des témoins oculaires rapportèrent que les pilotes allemands volant en rase motte adressèrent des signes amicaux aux habitants autochtones des hameaux de la région qu'ils épargnèrent ainsi que leurs bâtisses reconnaissables à leur aspect rudimentaire.
III. L'appel du mouvement des nationalistes algériens pour l'émancipation politique des populations autochtones
Les populations des pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient colonisés ou placés sous protectorat de certaines puissances coloniales européennes étaient sensibles à l'époque à la propagande allemande relayée par plusieurs canaux leur promettant de les affranchir du joug colonial après la victoire de puissances de l'Axe. Les mêmes promesses avaient été faites, il convient de le rappeler, par des officiers de l'armée américaine aux indigènes des régions traversées par ces troupes, s'engageant de revenir, après la victoire sur le nazisme, pour les aider à s'émanciper de l'occupation coloniale.
Certains leaders politiques américains respectèrent d'ailleurs cette promesse en apportant leur appui à l'indépendance de l'Algérie, comme le fit le sénateur J.F. Kennedy, futur Président des Etats-Unis d'Amérique. La présence des forces anglo-américaines sur le territoire algérien perturba manifestement les autorités coloniales qui s'empressèrent d'interdire tout contact des populations autochtones avec les soldats des forces alliées stationnées provisoirement dans la région. Cette décision visait, en fait, à éviter que les nationalistes algériens saisissent cette occasion pour poser la question de l'abolition du système colonial.
Ces craintes furent corroborées par les contacts pris par les leaders du mouvement nationaliste algérien, à leur tête Ferhat Abbas, avec Robert Murphy. consul des Etats-Unis à Alger, à qui ils remirent, le 22 décembre 1943, l'appel du peuple algérien adressé aux nations alliées demandant l'application de la Charte de l'Atlantique pour l'émancipation politique des Algériens musulmans et les événements de mai 1945 qui eurent lieu à Sétif, Guelma et Kherrata.
IV. Les dommages collatéraux
1. Drame familial
Cette guerre ne manqua pas de provoquer dans son sillage la première victime civile dans le hameau situé aux confins des frontières algéro-tunisiennes en la personne de mon oncle maternel âgé de 20 ans qui fut déchiqueté par une grenade abandonnée par les troupes alliées dans un champ où il faisait paître son troupeau de moutons.
La perte tragique de cet oncle à la fleur de l'âge traumatisa ma famille qui n'en fera jamais le deuil.
La pension de victime de guerre civile allouée à mon grand-père par les autorités coloniales ne compensera pas le dommage moral causé aux membres de la famille, y compris ceux qui naîtront, comme moi, après la fin de ce conflit meurtrier.
Le prénom de mon jeune oncle fut donné à un grand nombre d'enfants de la famille nés postérieurement à son décès tragique, pour perpétuer le souvenir de cette victime innocente d'une guerre dont elle ignore les causes et les enjeux.
2. Un justicier venu d'ailleurs
Le second drame qui frappa cette contrée se déroula sur le site de la mine désaffectée de Kef Oum Teboul, exploitée, depuis 1852, par les autorités coloniales pour sesn minerais de plomb et de zinc.
Appliquant à la lettre les instructions des autorités coloniales visant à limiter les contacts des populations indigènes avec les soldats anglo-saxons, les gendarmes français ne tardèrent pas à arrêter deux habitants des hameaux de la région pour s'être livrés à un troc de produits locaux contre des cigarettes, du thé, du café avec les soldats américains.
Cette transaction, somme toute normale en période de guerre, valut à ses auteurs les pires sanctions que l'on puisse imaginer.
Les deux «contrebandiers» furent conduits illico presto par les gendarmes au centre du village puis les placèrent sous les eaux glacées de la fontaine publique après les avoir solidement ligotés.
La place du village était bondée en ce jour de marché. Les paysans des hameaux voisins qui s'y trouvaient encore ne tardèrent pas à se rassembler pour observer cette scène cruelle que les gendarmes voulaient exemplaire pour dissuader les habitants de la région de s'adonner à ce genre de pratiques prohibées.
Alors que le sinistre spectacle se déroulait sur le regard médusé des paysans, un homme arriva sur la place du village. Intrigué par cette scène insolite et après avoir demandé quelques explications aux témoins présents, il s'éclipsa pour revenir quelques minutes plus tard armé d'un fusil de guerre dont il dirigea le canon vers les gendarmes de faction qui, pris de panique, se réfugièrent dans les boutiques voisines.
La confusion qui suivit cette brutale intrusion permit à l'assaillant de libérer les deux prisonniers et de quitter prestement la place du village en même temps que ces derniers.
Les gendarmes ne tardèrent pas à revenir sur les lieux pour constater la disparition des captifs et leur libérateur et donner aussitôt l'alerte par les moyens de communication de l'époque.
Les renforts n'arrivèrent sur les lieux qu'après plusieurs heures, ce qui donna le temps à l'homme armé de rejoindre sa maison située sur le flanc de la montagne surplombant le village.
Une fois la surprise passée, les villageois reconnurent le justicier qui avait agi à visage découvert. Il s'agit du gardien des installations de la mine désaffectée. Installé sur le perron de la maison dominant le village, ce dernier se mit à tirer sur tout ce qui bouge en tuant l'un des captifs qu'il venait de délivrer quelques minutes auparavant. Dans sa folie meurtrière, le forcené prendra pour cible l'autobus reliant Bône à Tunis empruntant la route national n°44 passant à quelques mètres en contrebas, blessant quelques passagers.
La panique atteignit son comble. Les rues des villages se vidèrent, les habitants se barricadèrent chez eux. Les renforts de gendarmes qui arrivèrent sur les lieux procédèrent aussitôt à l'encerclement de la maison du forcené. Cette opération se déroula très rapidement, avant la tombée de la nuit, pour empêcher toute tentative de fuite vers les maquis mitoyens.
La nuit fut longue et relativement calme. Le couvre-feu imposé par les militaires fut respecté par les villageois. Aucun cri ne rompit ce silence angoissant, à part les aboiements lointains des chiens, des chacals, le hululement des chouettes ou le coassement des grenouilles des marécages voisins.
Ce calme fut brutalement rompu aux premières lueurs de l'aube par des cris du forcené que ni les gendarmes stationnés à proximité ni les habitants du village confinés dans leurs demeures n'en saisissent la teneur. Puis un coup de feu retentit à l'intérieur de la maison avant que les lieux ne replongent dans un silence encore plus pesant.
Les militaires ne ripostèrent pas à ce tir isolé. Ils attendirent le lever du jour avant de donner l'assaut en défonçant la porte d'entrée à coups de hache.
Le premier gendarme qui franchit le seuil de la maison du fugitif fut pétrifié par la scène macabre qui s'offrit à ses yeux. L'homme était affalé au milieu du vestibule avec à ses côtés le fusil qui lui avait servi à mettre fin à ses jours.
Le corps du justicier fut évacué des lieux dans les plus brefs délais pour être enterré dans l'anonymat dans le cimetière du village. Le défunt laissa une veuve originaire du village et un enfant toujours en vie qui fut mon camarade de classe à l'école primaire du village.
Cet événement tragique sera enregistré dans la mémoire collective locale sous le nom de la vengeance du Chelhi par référence à ses origines du Rif marocain, cette région berbérophone connue pour sa résistance aux armées d'occupation franco-espagnoles au début du XXe siècle.
La maison du gardien toujours existante porte désormais le nom de «Dar Echelhi». Elle resta fermée durant de longues années parce qu'elle serait hantée par l'esprit de ce martyr. Elle ne fut réoccupée qu'après l'indépendance du pays, en juillet 1962, pour héberger des réfugiés algériens de retour de Tunisie.
A. Z.


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