La crise du Covid-19 dévoile la faiblesse du système de santé du pays. En revanche, elle met en exergue l'existence d'un potentiel industriel au sein de certaines universités qui ne sont pas restées les bras croisés devant la calamité. Ces universités mettent, en effet, en pratique des procédés industriels qu'elles maîtrisent pour produire des petits équipements médicaux et surtout certains consommables pour apporter leur contribution dans la lutte contre cette pandémie. C'est le cas de l'université M'Hamed-Bougara de Boumerdès (UMBB). Dès le mois de mars, des chercheurs, des doctorants, des ingénieurs et des techniciens de laboratoires se sont spontanément regroupés autour du professeur Boudjemaâ Hamada, doyen de la faculté des hydrocarbures et de la chimie, pour produire avec des moyens qu'ils ont confectionnés eux-mêmes, d'abord la matière première (alcool éthylique ) ensuite du gel hydro-alcoolique conforme aux normes de l'OMS. Depuis mars, plus de 20 000 flacons de 100 cc de gel désinfectant sont distribués aux citoyens ou à certaines collectivités. 100 flacons de 1 litre et 400 unités d'un demi-litre du même produit sont offerts aux hôpitaux, aux unités de santé de proximité et administrations de la région. L'opération de production du gel se poursuit. De même qu'ils ont créé une solution de désinfection des espaces publics. Une autre équipe de la même université réalise des bavettes qui seront distribuées aux étudiants, dont le retour est programmé le 23 août prochain. De leur côté, les cadres de l'Institut de génie électrique et électronique ont mis au point un respirateur artificiel. L'appareil est conforme aux normes. Ces concepteurs n'attendent que l'instance habilitée à l'homologuer. L'idée existe, il suffit de faire le premier pas pour la trouver Lorsque nous lui avons rendu visite mercredi, le professeur a insisté pour faire passer le message aux investisseurs. Selon lui, il y a énormément d'idées au sein de l'université pour des investisseurs, notamment dans le domaine de la chimie qu'il maîtrise parfaitement. Pour argumenter ses propos, il prend exemple sur l'alcool. «Des milliers de litres sont utilisés quotidiennement en Algérie par les secteurs de la santé, la recherche, la pharmacie et l'industrie, notamment. Cet alcool est entièrement importé et payé en devises. Or, la technologie de production (distillation, ndlr) est la même depuis des siècles. Par ailleurs, 90% des équipements de production pourraient être réalisés localement.» Selon lui, l'université est prête à accompagner des investisseurs dans ce créneau et d'autres. Quand on sait que la faculté que dirige le professeur Hamada est l'héritière du CAHT (Centre algérien des hydrocarbures et du textile) créé en 1964, puis de l'INHC (Institut national des hydrocarbures et de la chimie 1973-1998), avant son intégration en 1998 à l'UMBB, on est sûr de trouver de l'expérience et très certainement des milliers d'idées pouvant devenir rapidement un processus de production. Avec la nouvelle politique économique du gouvernement basée sur la création massive de start-up, le professeur Hamada aimerait bien recevoir des candidats. Durant notre discussion, il nous lance, de temps à autre, une idée comme celle qui pourrait être réalisée dans la wilaya de Boumerdès. On le sait, elle fournit 40% de la production nationale de raisin de table, lequel n'est pour l'heure pas exportable. Une partie pourrait être transformée en jus de raisin. Il y a également la récupération du pain jeté, de la farine ou du blé périmés pour produire de l'alcool et du biocarburant. Pour le professeur, il suffit aux gens intéressés de faire le premier pas. On est certain de trouver l'idée. Abachi L.