Le Collectif des techniciens de cinéma algériens (CTCA), créé en 2016, revient à la charge cette année en raison de la situation précaire, accentuée par la crise sanitaire que vivent ces professionnels free-lance. Le statut des techniciens de cinéma pose problème depuis de nombreuses années. À l'instar d'autres corps de métiers artistiques, cette activité survivait au gré des tournages et souffrait déjà de conditions de travail difficiles et de grille de payement rachitique. Depuis le début de la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19, la situation n'a fait qu'empirer : un chômage massif aggravé par l'absence de couverture sociale. Le Collectif des techniciens de cinéma, qui rassemble 450 professionnels dont certains cumulent trente ans de métier, aspire à faire entendre le désarroi de cette catégorie invisibilisée sans laquelle, pourtant, aucun film ne verra le jour. Khalifa Daid, membre du CTCA, nous explique que ses confrères et lui travaillent littéralement «au noir» et qu'ils n'ont aucune existence légale. Depuis 2016, il indique que le collectif a tenté par tous les moyens de mettre en lumière les problèmes socioprofessionnels de cette corporation mais en vain : «Nous avons essayé de créer une association nationale mais la tenue de l'assemblée générale nous a été refusée en raison de la crise sanitaire. Le ministère de la Culture nous avait promis une prise en charge sérieuse de nos revendications mais rien ne s'est concrétisé pour l'instant. Dépourvus de statut et d'affiliation, nous sommes démunis et impuissants.» Assistants-réalisateurs, régisseurs, ingénieurs de son, éclairagistes, costumiers, directeurs de photographie, décorateurs, monteurs, etc. autant de disciplines éparpillées qui sont autant indispensables au cinéma que très peu reconnues en tant que groupe professionnel. Déjà très mal payés, et souvent avec du retard, les techniciens free-lance souffrent doublement depuis le début de la pandémie de Covid-19, en raison de la suspension de l'ensemble des projets cinématographiques et de l'arrêt des tournages. Unique lueur d'espoir, la grille télévisuelle prévue pour le Ramadhan 2021 qui pourrait leur offrir un bref répit financier. Le problème n'en reste pas moins épineux puisqu'au-delà de la crise sanitaire, cette catégorie pâtit de conditions de travail «catastrophiques», d'horaires exténuants, de l'absence de protection et de sécurité sociale, d'un non-respect récurrent des termes du contrat, etc. En somme, c'est une réhabilitation totale et une prise en charge sérieuse des métiers techniques du cinéma que le collectif revendique aujourd'hui. S. H.