Des frissons «bon marché», jeudi soir, à l'occasion de Maroc-Algérie, en ouverture du groupe F du Mondial égyptien lancé la veille par un retentissant succès des Pharaons devant le Chili. L'après-CAN 2020 semble avoir été mal géré par les Verts. 3es en Tunisie, il y a un an pile-poil, les joueurs de Portes ont subi, comme tous les sportifs, les effets de la Covid-19. Une longue phase d'hibernation qui a fini par «réformer» un bloc algérien qui commençait à reprendre forme lors du Championnat d'Afrique joué à Tunis. Mais, jeudi face au Maroc qui a connu la même situation, les camarades de Messaoud Berkous ont été méconnaissables. Car, une fois n'est pas coutume, les Verts ont fait «n'importe quoi» sur le rectangle de la salle omnisports de la nouvelle ville administrative du Caire. Si la victoire au forceps acquise face à Noureddine Bouhadioui et les siens est bonne à prendre, il ne faut pas fermer les yeux sur les manquements aux règles de la pratique handballistique de plusieurs capés d'Alain Portes. Un Sept algérien qui a paru immobile, dépassé par le rythme endiablé mis par les Marocains qui ont mené les débats 58 minutes durant. Le sursaut d'orgueil de certains éléments de l'équipe algérienne, les qualités reconnues et mises au service de l'équipe de Ghedbane et Abdi ont évité à la sélection nationale une humiliation dont les conséquences sur la petite balle en Algérie sont imperceptibles. Un fiasco qui aurait envoyé le handball algérien au fin fond de l'oubli, lui qui, déjà bardé de titres continentaux jadis, se faisait larguer par les décideurs qui n'avaient d'yeux que pour le roi-football. Le plus dur est à venir ! Désormais rassurés quant à leur qualification à la seconde phase du Mondial, le team algérien se doit de surmonter ce «bonheur» d'avoir vaincu malgré un total bide technique face aux Lions de l'Atlas. En se mesurant à des adversaires autrement plus rompus au niveau mondial comme l'Islande ou le «brinquebalant» Portugal qui a tangué sur le niveau européen après deux décades d'éclipse. Ce soir, d'abord, devant les Nordiques, les camarades de Kader Rahim (peu utilisé jeudi) vont devoir monter au maquis, sortir de leurs gonds et montrer leurs muscles et espérer. L'on connaît depuis longtemps le trop-plein de motivation des handballeurs algériens quand ils ont affaire à plus forts qu'eux. Malgré le fossé qui les sépare de ces équipes du Top 5 en Europe, l'on continue de croire que les Algériens ont les moyens de combattre et, pourquoi pas, rivaliser jusqu'à créer la sensation. Ils ont suffisamment d'éléments de métier et de l'expérience pour accomplir un Mondial de premier ordre. En tout cas, plus remarquable et plus honorable que l'expédition du Qatar en 2015 (24e place) suivie de deux absences inhabituelles en 2017 (France) et 2019 (Allemagne et Danemark). Face à une équipe d'Islande qui tentera de se racheter de sa déconvenue face au Portugal, match qualifié par les observateurs comme étant d'un niveau exceptionnel pour un début de tournoi, il s'agira surtout pour Saker et compagnie de jouer concentrés, vertu essentielle que le Sept national a oubliée lors de son derby face au Maroc. Concentrés défensivement mais également dans la zone adverse. Concentrés enfin dans la concrétisation des tirs de 7 mètres et sur le cercle de 9 mètres. L'Islande a perdu face au Portugal en étant moyenne dans la transformation de ses attaques (50%), ratant deux penalties sur les 9 obtenus et surtout en affichant une efficacité moindre que les Portugais dans les tirs au but (53% contre 68%). Avec des références moindres (49% de tirs réussis, 20% des tirs de 7 mètres, 27% dans les tirs de 9 mètres), les Algériens vont souffrir de la comparaison. Autrement, la grinta seule, le pari d'Alain Portes et de ses joueurs de se mettre au diapason des «Iceberg» est une vaine tentation. M. B. Messaoud Berkous : «Oublier le Maroc et se concentrer sur la suite de la compétition» La sélection nationale de handball est revenue de loin, jeudi, en s'imposant sur le fil devant le Maroc (23-24) à l'occasion de son premier match au Mondial-2021. Menés au score pendant pratiquement toute la partie, 15-8 à la mi-temps, les Verts n'ont réussi à renverser la tendance qu'à la toute dernière minute pour s'offrir leur première victoire grâce à Hichem Daoud qui, sur une mauvaise passe des Marocains, a subtilisé la balle avant d'aller tranquillement inscrire le but de la victoire. Un succès ô combien important pour la suite de la compétition. «Nous n'étions pas bien en première mi-temps parce qu'il y avait une bonne équipe du Maroc en face», a souligné Alain Portes, l'entraîneur national, qui reconnaît la qualité du gardien marocain. «Nous avons certes raté notre entrée en jeu. J'avoue que moi-même, je n'étais pas dans le match. Dieu merci, nous avons réussi à revenir dans le match et remporter la victoire qui est très importante pour la suite du tournoi», dira Messaoud Berkous qui se penche désormais sur la prochaine rencontre face à l'Islande. «Il n'était pas facile de remonter le score d'autant plus qu'on était mené par sept buts d'écart à la mi-temps, mais avec la motivation et les consignes du staff technique, nous avons réussi. Tous les joueurs tenaient à revenir au score. Il faut dire que ce premier match était crucial pour nous, alors on a été sous pression. Maintenant, on doit se concentrer sur la rencontre face à l'Islande qui sera également difficile. On doit mettre de côté cette première victoire et penser à la suite de la compétition avec comme objectif de passer au second tour», poursuit le capitaine des Verts. «De ce match, on ne retiendra que la joie finale car il y a au bout une victoire, mais force est de reconnaître que nous sommes encore loin du compte. On a gagné par fierté. Sans plus», a écrit Saïd Lacete, journaliste et grand spécialiste du handball qui attend une réaction des Verts, «Franchement, on attendait beaucoup de cette équipe nationale pour battre aisément le Maroc. Des imperfections et autres pertes de balle ont fait que ce derby maghrébin a pris une autre tournure. L'Algérie n'a marqué qu'un seul pénalty sur les 5. Elle n'a eu que 26% d'efficacité sur les tirs des 9 m. C'est trop peu. Alain Portes devra revoir beaucoup de choses, car nos prochains adversaires ont pour nom le Portugal et l'Islande. Et ça, c'est une autre paire de manches», poursuit-il. L'objectif face aux Islandais, ce soir à 20h30, est d'essayer d'éviter la défaite, même si cela paraît difficile. Toutefois, les Verts devraient retenir la leçon et rectifier le tir pour aller chercher la qualification pour le tour principal qui est pratiquement acquise, à moins que le Maroc remporte ses deux prochaines rencontres face au Portugal et à l'Islande. Avec deux points à son actif, la sélection doit terminer dans le trio de tête du groupe F pour composter son ticket. Une chose est sûre : les Verts ont fait mieux qu'au Mondial 2015 au Qatar, lors de leur dernière participation, où ils avaient terminé à la dernière place sans aucune victoire. A. A.