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Raconter Action Directe vue par un Algérien du groupe terroriste
Publié dans Le Soir d'Algérie le 04 - 02 - 2021


Par Hamid Bousselham*
Il s'appelle Mohand Hamami. Il était membre de l'organisation terroriste Action Directe. Depuis des années, Hamid Bousselham prépare un ouvrage à son sujet. Il le prépare avec son sujet même et ami. Pour preuve : de nombreux enregistrements, des lettres et même un contrat d'édition sur lequel Mohand Hamami a apposé sa signature, l'empreinte digitale de son pouce. Pourquoi le terrorisme international ? Parce que l'éditeur est intimement convaincu que «nous faisons les frais d'une vraie campagne menée de l'extérieur. Que nous étions pris dans un étau, que la CIA, le Mossad s'en mêlaient et que les Français étaient derrière tout ça». Pour Hamid Bousselham, «ce n'était pas une histoire algéro-algérienne, loin s'en faut, ce qui nous arrivait à l'époque, il fallait s'intéresser à ce qui s'était passé ailleurs».
«Ailleurs», pour l'écrivain éditeur, c'est en France. Mohand Hamami, c'est l'histoire d'un Algérien pas comme les autres. Ce qui intéresse le narrateur, c'est son itinéraire, la façon dont «ce garçon s'est retrouvé impliqué dans le terrorisme et condamné par contumace à la prison pour plusieurs années.»
Il l'a connu intimement, cet homme introuvable aujourd'hui, aperçu pour la dernière fois au Liban. Il l'a connu à Paris, il l'a retrouvé en Algérie, lorsque amnistié par François Mitterrand, il était rentré peu avant de disparaître. Raconter Action Directe vue par un membre du groupe, tenter de comprendre comment «les Français (les médias) de l'époque, l'Express, Le Nouvel Observateur - archives à l'appui - pouvaient manipuler un homme qui, à l'origine, était un desperado, un paumé, en en faisant un véritable mythe - toute une campagne médiatique le donnait comme le neveu du numéro deux des services secrets algériens», seraient aussi les objectifs du livre.
Au départ, Mohand Hamami, orphelin, dont le père, proche du colonel Amirouche, a été tué par un officier français et dont la mère est décédée lorsqu'il avait cinq ans, a été élevé par son oncle paternel français d'adoption et grandi dans un château. Il est ensuite employé comme garçon de ferme dans la région grenobloise.
Dans la mouvance particulière d'après mai 1968, c'était un petit casseur de voitures. Il s'intéressait un peu à l'imprimerie, puis, avec des mouvements d'immigrés, il mena des petites représailles contre certains racistes, en général des commerçants. Monté à Paris, il décida de participer avec une petite équipe au tournage d'un film sur les Algériens en France. De rencontres en rencontres, on le présenta à l'équipe Gabriel Chahine (neveu du réalisateur égyptien Youcef Chahine) qui leur promit de la pellicule. La bande de jeunes ne le connaissait pas. Ce dernier leur dit qu'il pouvait leur présenter Carlos (terroriste international) et organisa un rendez-vous pour Jean-Marc Rouillan et Nathalie Ménigon. Ces derniers, membres fondateurs du groupe Action Directe, rencontrèrent la police au fameux rendez-vous, au lieu de Carlos. Très vite, Action Directe, fait le lien entre Gabriel Chahine et la DST en concluant que c'était un indicateur et l'assassine. La police retrouvera dans les carnets d'adresses du cadavre le nom de Mohand, «comme ça, qui figure dans un coin». Les arrestations s'opèrent de cette manière et c'est ainsi que Hamami se retrouva en prison. Les «gars» d'Action Directe le prirent en sympathie et lui conseillèrent de «revendiquer son appartenance au groupe», l'organisation se chargeant de trouver les avocats de la défense. A l'époque, ils avaient pour avocat l'actuel ministre de la Justice d'Emmanuel Macron, Eric Dupont-Moretti.
«Mohand Hamami est ainsi pris dans l'engrenage, il revendique. Il devient leur ami. Et comme il n'y a rien à retenir contre lui, il est libéré». A sa sortie, il garde sa nouvelle famille d'Action Directe et c'est comme ça que tout démarre.
Parce qu'une étude sur Action Directe, du terrorisme français à l'euroterrorisme, est «pleine de contre-vérités quand il s'agit de Mohand», Hamid Bousselham éprouve aussi le besoin de dire qui était cet homme «aimable, affable, entêté, attachant et pas très cultivé avant la prison. La prison où il découvrit la littérature, la musique et toute une formation politique».
Du desperado au révolutionnaire mythifié
L'écrivain tient à préciser qu'Action Directe, alors en pleine activité, ne perpétrait que des attentats matériels visant les intérêts de l'Afrique du Sud, d'Israël ou encore de l'Otan. «C'était bien avant l'assassinat à Paris du directeur général de Renault ,Georges Besse, et du général Audran, haut fonctionnaire du ministère de la Défense nationale.»
Hamid Bousselham nous lit à haute voix une lettre de Hamami à ses amis en prison, datée du 3 octobre 1986 à Beyrouth, signée de deux empreintes digitales : «un jargon dingue» : «Chers camarades, en mon nom et au nom du groupe, vous ne pouvez pas savoir comment nous ressentons la vie cellulaire que vous menez et celle de ceux de l'intérieur traqués par tous les moyens répressifs de la bourgeoisie impérialistes de l'Occident. Chers camarades, vous avez beaucoup de courage et nous admirons la continuité et l'élévation de la politique militaire de l'organisation Action Directe. Aussi, nous sommes combattants dans la périphérie des métropoles impérialistes, nous vous témoignons de toutes nos certitudes et tâcherons de donner des coups sévères aux intérêts de l'impérialisme ouest européen, américain en Afrique, au Proche-Orient et Moyen-Orient. Par ailleurs, je tiens à préciser que je ne suis point le neveu du numéro deux des services de sécurité algériens, ni un agent des services secrets algériens, ni un agent des services secrets libyens. Je n'ai aucune parenté dans les services secrets algériens. Je suis fils de chahid, martyr de la Révolution algérienne. Mon père a été fusillé par l'armée coloniale française.»
Mohand Hamami était d'abord un personnage. Un personnage surprenant. «Il voulait d'ailleurs, par le biais de Maître Vergès, attaquer la France pour crime contre l'humanité.» Hamid Bousselham précise : «Il connaissait très bien Georges Ibrahim Abdallah, le dirigeant libanais des F.A.R.L, pro-palestinien. Pour ce livre, il m'avait même obtenu une préface de ce dernier en personne.» Sentimental l'éditeur ? Certainement aussi.
L'ouvrage doit paraître prochainement. Avis aux nostalgiques, aux révolutionnaires ratés, aux rêveurs, aux paranos, mais aussi aux amateurs de bons portraits et d'anecdotes-rendez-vous de petites histoires. Et d'histoire.
Hamid Bousselham est un écrivain, historien, journaliste, éditeur, et aujourd'hui producteur et cinéaste. Il s'est fait connaître notamment par les publications de Torturés par Le Pen (2000) et de Quand la France torturait en Algérie (2001).
En 1991, il a créé à Alger, les éditions Rahma et en mars 1997, Mémoria, un magazine consacré à l'histoire. En 1999, il est également directeur de la rédaction de l'hebdomadaire satirique El Manchar.
En novembre 2020, il crée avec son fils Akram et ses filles Rym et Ghizlaine Bousselham «Taza Films», une société de production de films et de documentaires.
Il écrit actuellement un scénario original sur la base de son livre à paraître, intitulé Action Directe, une co-production franco-algérienne.
À paraître prochainement plusieurs ouvrages : une nouvelle édition revue et augmentée de son livre Quand la France torturait en Algérie, Le professeur Abdelkader Bousselham, un militant de la cause nationale, coécrit avec ses enfants, La diplomatie algérienne 1954 -1962 et La 8e Wilaya, la Fédération des Algériens du Maroc et son autobiographie From Algeris to New York.
H. B.
*écrivain outsider


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