Urgent ! Remaniement du gouvernement. Ferhat Aït Ali nommé à la tête du ministère des Moudjahidine ... ... de moins de 3 ans ! Trop dur à dire ! Parce que ça exposerait. Parce que ça ferait tache. Parce que ça n'entrerait pas dans le moule de la «bien-pensence hirakiste». Parce que ça ne ferait pas «fashion-protest». J'ai une sainte horreur des phénomènes de mode. De l'unanimisme bonne conscience. Et des amalgames dangereux. Que penser d'un ex-détenu qui, de derrière les barreaux, se plaignait des conditions de sa détention ? Et qui, toujours de derrière les barreaux, proposait de financer la cantine de la prison et de payer la facture de réfection de la vieille bâtisse ? Et qui, à sa sortie, clame son amour et son glamour aux matons, aux gardiens, au directeur de la prison et assure qu'il a eu six médecins à son chevet, rien que pour lui, tout seul ? Que penser de sa proposition de dialoguer directement avec Djidji, et de conclure avec lui, sans intermédiaire, un copier-coller des accords d'Evian qu'il propose d'appeler les «Accords d'El-Mouradia» ? Qui osera dire que cet homme ne devait pas être mis en prison, mais plutôt suivi, accompagné psychologiquement et aidé. Car il a besoin d'aide sérieuse, pas de glorification de cirque ! Mais non, bien sûr ! Il est tellement plus facile et commode d'augmenter avec lui la galerie des «héros de la 2e révolution» ! De lui passer de force une seconde camisole, celle du leader politique capable d'ébranler le système et de représenter une «alternative». Je hais - que dis-je ? - j'ai une profonde aversion pour la tournure prise par les «kidnappeurs du 22». À vouloir capitaliser sur tout, sur rien et surtout sur la fragilité désopilante de certains pathos, ils miment ce qu'ils dénoncent pourtant tous les jours chez le pouvoir, la folklorisation de la vie politique. Peut-être serait-il temps de laisser cet ex-détenu «tranquille» ? Il y a là visiblement un délit de maltraitance à l'encontre de personne extrêmement fragile. Quand on se jette du balcon d'un immeuble pour rejoindre en bas une foule de manifestants hilares, hideusement hilares, alors que l'on pouvait prendre l'escalier pour un résultat moins dangereux, on n'a pas besoin de signer un accord d'El-Mouradia. On a surtout besoin d'aide urgente ! D'accompagnement thérapeutique. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. H. L.