À moins d'un mois de la célébration de la fête de l'Aïd el-Adha, des signes avant-coureurs prédisent une hausse considérable du prix du mouton. Les éleveurs pointent du doigt la cherté des aliments de bétail, notamment le son de blé et l'orge, qui ont vu leur prix s'envoler sur les marchés officiel et aussi parallèle. Explications. Rym Nasri – Alger (Le Soir) – Habitués au sacrifice du mouton de l'Aïd el-Adha, nombre de ménages seront obligés, cette année, de rompre avec cette tradition ancestrale. Le prix de l'animal sera fort possible hors de la portée des bourses faibles et moyennes. Pour ces familles, l'acquisition du mouton relèvera, cette fois-ci, presque de l'impossible, puisque même le recours à l'endettement ne saura régler cette problématique. Une situation que confirme Mohamed Boukarabila, membre du bureau national de la Fédération nationale des éleveurs. Selon lui, malgré la disponibilité du cheptel ovin, les prix des moutons seront plutôt «très élevés» par rapport à l'année dernière. Certes, précise-t-il, «l'Algérie compte plus de 25 millions de têtes de brebis productrices, mais le prix du mouton qui oscillait auparavant entre 25 mille et 50 mille dinars sera probablement, cette année, entre 50 mille et 100 mille dinars». Une flambée du prix de l'animal qu'il impute, en premier lieu, à la sécheresse qui a touché le pays. «Il n'y a plus de production céréalière surtout à l'ouest du pays ni de végétation», dit-il. Il évoque aussi ce qu'il appelle le phénomène du «labour illicite». «Une grande partie de la zone steppique riche en alfa et en armoise (chih) se retrouve, aujourd'hui, complètement dégradée à cause du labour illicite. En l'absence de surveillance, des personnes squattent ces espaces et les labourent pour mettre en place d'autres cultures», fait-il remarquer. Cet éleveur pointe également du doigt la cherté des aliments de bétail, notamment l'orge et le son de blé. «Le prix du son de blé officiel est de 1 500 dinars le quintal, alors que sur le marché parallèle, il est cédé à 4 300 dinars le quintal. Idem pour l'orge qui est à 1 550 dinars le quintal chez l'Etat, et qui est vendu à 5 500 dinars le quintal au marché noir», détaille-t-il. Faute de disponibilité de ces produits au niveau des Coopératives des céréales et des légumes secs (CCLS), les éleveurs sont contraints de se rabattre sur le marché parallèle et de payer le prix fort pour nourrir leurs bétails. Il s'interroge, d'ailleurs, sur la provenance de ces aliments de bétail puisque, dit-il, «l'Etat ne dispose pas de ces produits et il n'y a pas d'importateurs privés dans ce domaine». Mohamed Boukarabila déplore que les éleveurs se soient retrouvés livrés à eux-mêmes et à subir le diktat des «contrebandiers». «Personne ne s'occupe de l'élevage des ovins et de la production animale, ni le ministère de l'Agriculture ni celui du Commerce», regrette-t-il. Pourtant, cette filière assure l'alimentation du marché national en viande rouge, un produit qu'il qualifie de «stratégique». «D'où provient la viande vendue dans les boucheries si ce n'est de la production nationale ! Le marché ne peut se passer de ce produit, mais la filière ne suscite apparemment aucun intérêt chez les autorités concernées», souligne-t-il, avant de plaider pour l'accompagnement des éleveurs. «Nous ne demandons rien à l'Etat. Nous voulons juste que la filière soit accompagnée et que le marché de l'aliment de bétail soit régulé», conclut-il. Ry. N.