Dans la wilaya de Tlemcen, on explique la cherté du mouton par la sécheresse qui sévit dans la région, le rétrécissement des surfaces de pâturage et les fuites vers le Maroc. À Tlemcen, jamais le prix du mouton n'a atteint des montants dépassant l'entendement que ceux pratiqués cette année dans les 50 points de vente autorisés à travers la wilaya. À quelques jours de la fête de l'Aïd el-adha, les prix oscillent entre 35 000 DA, pour un mouton d'un poids moyen de 20 kg, à 65 000 DA pour le bélier corpulent aux cornes en spirale, soit une augmentation d'environ 40% par rapport à ceux de l'Aïd de 2011. Cette cherté a plusieurs origines, explique-t-on. D'abord, la sécheresse qui sévit dans la région depuis plusieurs mois et qui perdure encore, ajoutée au coût élevé de l'aliment du bétail proposé à 3 500 DA le quintal pour l'orge et 2 500 DA pour le son, soit presque le double de celui qui était en vigueur l'année précédente. Certains éleveurs se plaignent de l'insuffisance des espaces dédiés aux pâturages et des mauvaises conditions climatiques accentuées par l'absence de l'aide de l'Etat en faveur du soutien des prix pour l'alimentation du bétail (qui a cependant enregistré une nette augmentation sur le marché international) et d'autres obstacles comme l'éloignement des points d'eau, les moyens de transport, la multiplicité des intermédiaires spéculateurs. Il faut également tenir compte du fait que de nombreux éleveurs ont abandonné la filière pour se consacrer à des activités agricoles plus lucratives et moins contraignantes. Région frontalière, Tlemcen subit également les affres du trabendo des ovidés exportés illicitement vers le Maroc comme ce fut le cas dernièrement à El-Aricha, dans le sud de la wilaya où les services de la gendarmerie ont intercepté un groupe de contrebandiers spécialisé dans le vol des moutons, choisissant leurs cibles auprès des éleveurs éloignés des centres ruraux. Plusieurs centaines de têtes d'ovin ont été jusque-là acheminées vers la frontière par ces contrebandiers sans scrupule, appâtés uniquement par le gain rapide et qui souvent troquent le cheptel contre de la drogue. Certains éleveurs ont eu vent de la décision du ministère de l'Agriculture de lancer prochainement l'opération d'identification du patrimoine ovin avec la mise en place d'implants électroniques pour permettre de localiser par GPS le cheptel et faire ainsi obstacle au trafic vers les frontières. Cette démarche, accueillie favorablement, aura l'avantage d'enclencher la conception d'une véritable carte d'identité vétérinaire pour chaque tête de bétail. Cette année, dans cette région de l'Ouest, de nombreuses familles ne vont pas pouvoir accomplir le sacrifice du mouton comme les retraités aux faibles pensions qui, probablement, vont se suffire d'achat de quelques kg de viande pour respecter le rituel de l'Aïd et faire quand même plaisir à leur progéniture. B. A