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Témoignages d'infirmières
Expérience du personnel de santé avec le Covid
Publié dans Le Soir d'Algérie le 25 - 01 - 2022

La quatrième vague frappe fort en Algérie. Confronté à une nouvelle situation d'urgence, le corps médical continue à faire face avec abnégation aux effets produits par le virus. Widad et Chafia, deux infirmières aux hôpitaux de Beni Messous et Birtraria, témoignent de leur expérience et de la situation en cours actuellement.
Lorsque Widad rentre chez elle, il fait presque nuit ce soir. Sa longue journée à l'hôpital Beni Messous s'est achevée sur une nouvelle bouleversante : une patiente atteinte de Covid que lui avaient recommandée des amis vient de décéder. Avant de leur annoncer la nouvelle, elle se précipite au chevet de sa vieille mère et de son fils contaminés. «Bienvenue au sommet de la quatrième vague», lance-t-elle avec un petit sourire défait. Widad n'est pas son véritable nom bien sûr, trop attachée à son métier pour prendre des risques. Elle préfère s'afficher sous ce prénom qui signifie «affection» en arabe.
Pas besoin de trop la questionner tout de suite pour cerner le personnage, les objets qui l'entourent en disent assez long. A l'entrée de sa maison, une étagère porte-chaussures a été transformée en véritable étalage de produits de désinfection. Gel désinfectant, alcool, lingettes, une visière et deux boîtes de masques et des gants qu'elle utilise surtout pour ouvrir la porte de son immeuble. «Les gens ne font pas attention, je préfère prendre toutes mes précautions. Autour de moi à l'hôpital, les médecins nous recommandent de faire très attention à ce genre de gestes en temps de pic surtout, d'utiliser des lingettes ou mouchoirs pour appuyer sur le bouton d'un ascenseur, d'un distributeur automatique... Nous préférons prendre en considération toutes leurs recommandations tout en sachant que dans notre cas, la contamination vient plus facilement.»
Double masque sur le nez, mains gantées, elle prend la température de sa mère et de son fils. Tout est stable. «Les symptômes que génère ce virus sont nettement moins importants que durant la vague précédente», marmonne Widad. Elle en sait un bout sur la question. «Nous avons traversé l'enfer, le véritable enfer, celui où l'on voyait les gens tomber les uns après les autres l'été dernier. Certains arrivaient à l'hôpital trempés car ils s'étaient jetés des bouteilles d'eau sur le corps pour calmer la fièvre. Beaucoup suffoquaient. On entendait des râles partout. Le petit bruit infernal des concentrateurs d'oxygène qui ne s'arrêtait jamais. L'image de ces patients qui arrachent les masques à oxygène, le monde, les supplications des proches de malades et surtout les décès, ces corps qu'on enveloppait en attendant l'arrivée des familles m'ont hantée. Ils me hantent encore, on se fait difficilement à la perte de nos médecins, de nos confères, de patients que l'on a vus arriver. Certains espéraient tellement s'en sortir. A bout de force, ils cherchaient des assurances des yeux.»
Widad parle sans s'arrêter, extirpant de sa mémoire des souvenirs douloureux et surtout indélébiles : «Nous avons subi beaucoup de critiques, mais si seulement les gens avaient vu de quelle manière nous avons travaillé. Tous les médecins se sont donnés à fond, au détriment de leur famille, souvent. Toutes les infirmières étaient mobilisées. La nuit et le jour se sont confondus, tout était désinfecté, avec les moyens du bord, mais on le faisait, et bien. Mais on ne parlait que d'oxygène. Si nous n'en avions pas réellement, comment toutes ces personnes auraient été guéries ? Le problème est que tout le monde était malade en même temps, que la majorité nécessitait de l'oxygène et que nous nous sommes retrouvés projetés dans une situation à laquelle on ne s'attendait pas.» Widad a été contaminée trois fois. Par précaution, elle a préféré emménager de longues semaines chez une collègue de l'hôpital Birtraria durant l'été dernier.
Chaffia est la star de son quartier à El-Biar, celle que tout le monde sollicite pour un conseil, un coup de main pour une admission, tenter de reconnaître des symptômes, connaître les posologies à prendre, le régime alimentaire à suivre en cas de Covid... «Dans la plupart des pays d'Europe, les gens fuient les infirmières pour éviter la contamination, chez nous c'est l'inverse. C'est vous dire combien nous sommes loin d'une prise de conscience réelle. Dans mon quartier, mes voisins m'ont élevée au rang de médecin. Entre l'hôpital et ici, je vis dans un tourbillon depuis le début de la pandémie.»
Chaffia a fait deux burn-out. L'épuisement physique mêlé au stress généré par cette situation l'a usée. «Si seulement une caméra pouvait filmer ce que nous vivons depuis le début de cette pandémie. Comment les hôpitaux ont été envahis par les malades, les longues queues pour les consultations, les morgues saturées pendant l'été, les crises de nerfs des familles de personnes décédées, les remords de mes collègues qui ont contaminé leurs proches. Et voilà qu'à peine remis de cet épisode, la quatrième vague arrive.» Chaffia en veut beaucoup «à toutes ces personnes» qui agissent avec désinvolture. Elle garde en mémoire une terrible histoire, celle d'un homme de soixante-dix ans que la famille avait tenté de soigner avec la roquia.
«Le malheureux était atteint de Covid et diabétique, il a souffert de ce que ses enfants appellent un rhume pendant trois longs jours, puis il s'est mis à parler de manière confuse. Ses enfants lui ont amené de l'eau de chez un raqui, puis il a fait un AVC. J'ai été sollicitée, bien sûr. Ce sont des voisins. On l'a évacué à l'hôpital, mais il a traîné durant un mois dans cet état avant de décéder.»
Widad et Chaffia décrivent la situation qui prévaut aujourd'hui dans les hôpitaux : «Il y a beaucoup de monde. On entend de fortes toux en consultation. Lorsqu'ils arrivent en milieu médical, les patients sont souvent épuisés. Certains ne tiennent pas debout, d'autres ont de grosses fièvres, certains cas sont graves, mais on est loin de l'enfer de juillet et août. Il y a des enfants, beaucoup d'enfants, mais les hospitalisations sont très rares chez ces derniers.» Elles avouent, cependant, faire face à une charge de travail supplémentaire en raison de la contamination de plusieurs collègues et font part d'une crainte qu'expriment autour d'elles les médecins : «Le flou et l'incertitude quant à l'évolution de la situation.»
Abla Chérif


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