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C'est ma vie
La nomade de Ouled Djellal
Publié dans Le Soir d'Algérie le 25 - 05 - 2013

Le visage brûlé par le soleil, Messaouda, la vingtaine à peine entamée, accueille son invitée avec des yeux pétillants de joie. C'est sous sa tente plantée dans l'immense étendue steppique où elle est née et qu'elle n'a jamais quittée qu'elle reçoit ces exceptionnelles visiteuses venues d'ailleurs. Ce jour-là, la nomade a décidé de se faire belle. Elle voulait ressembler à ces femmes de la ville.
Le gîte qui abrite sa famille composée de plus de quinze personnes a été érigé il y a un an. Le froid rude de l'hiver et la chaleur accablante de l'été, elles en ont fait leurs alliés. Ils y puisent leur courage et leur endurance. Messaouda est née sous la tente, tout comme ses huit frères, quelque part dans ce Sahara à plus d'une centaine de kilomètres de Ouled Djellal, dans la wilaya de Biskra. Les femmes qui occupent la maisonnée faite de tapis en poils de chèvre ne quittent pas leur bivouac. Pendant que les hommes font paître leurs troupeaux de moutons, dont la race fait leur fierté, celles-ci s'occupent du «ménage» et de la restauration de leurs hommes. Messaouda n'a jamais vu un autre paysage que celui des vastes espaces arides où il pleut rarement. Ses souvenirs se limitent à ses incessants déplacements à l'affût de pâturage. La ville, elle ne connaît pas, elle n'a jamais vu ; même pas Ouled Djellel qui se situe au-delà de l'horizon. Depuis son adolescence, elle caresse le rêve de voir le goudron, le béton, les belles maisons, les immeubles, les gens qui grouillent. La seule jolie robe longue qu'elle possède et qu'elle cache jalousement pour l'exhiber les jours d'exception, c'est son frère qui la lui a rapportée de la ville. «Le tube de rouge à lèvres et le fard à joue c'est une journaliste de passage pour un reportage qui me les a offerts. J'en prends soin comme la prunelle de mes yeux.» Elle cache aussi soigneusement une revue, et, dans ses moments d'évasion, se délecte de ses belles images qui illustrent la vie moderne. Elle en feuillette les pages et rêve du jour où elle quitterait sa steppe. Ses hôtes sont bombardées de questions à propos de la vie, la- bas, dans la ville. «C'est magnifique, il y a de grands bâtiments, de vastes avenues, des voitures, et la nuit, les lumières brillent ; et puis il y a la mer. Les filles sont belles, elles portent de jolies tenues.» Elle se cache le visage, affiche un sourire et lance d'une voix à peine audible : «Et les garçons, ils sont beaux ?» Messaouda, cette belle brune aux grands yeux noisette, aux traits fins, emmitouflée dans ses vêtements ne laisse rien transparaître de son corps mince et élancé, sauf ses pieds. Elle se déplace avec agilité sur cette terre rugueuse qu'elle ne sent presque plus. Sa mère ne cache pas sa tristesse en évoquant sa vie de nomade. Elle peut se confier, car les hommes sont loin, et puis les invités sont des étrangers qu'elle ne reverra peut-être jamais. «J'avais seize ans quand je me suis mariée, j'habitais un gourbi à Ouled Djellal, et mon mari, un nomade, m'a offert une tente pour m'abriter et ce désert comme unique paysage. Aujourd'hui, j'ai 45 ans et je suis toute ridée par le soleil et le froid. Je passe mon temps à me déplacer avec ma famille, ce n'est pas une vie. Mes enfants sont tous nés dans cette steppe, sauf le premier. J'avais 17 ans et je ne savais pas m'y prendre. Mon mari m'a emmenée dans une polyclinique à Ouled Djellal où j'ai accouché. Pour mes autres enfants, je me suis fait aider par ma belle-mère. Elle est morte à cent ans, c'était une accoucheuse réputée, et Dieu merci, cela s'est toujours bien passé. Messaouda est mon unique fille, pour rien au monde je ne voudrai qu'elle subisse le même sort. Jamais je ne la marierai à un nomade.» Messaouda acquiesce. «Je n'ai pas mis les pieds dans une école mais je me débrouille dans pas mal de choses. J'ai juré que le jour où je sortirai de ce fin fond du monde, j'apprendrai à lire et à écrire. Pour moi, le savoir est la seule façon de se libérer, de ne plus dépendre des autres, je veux dire surtout des hommes. Je me rappelle, j'avais tout juste dix ans, mon petit frère en avait cinq, il a failli mourir, mon père était absent et ma mère n'a pas su lui donner la bonne dose de médicament. Je ne voudrai pas reproduire les mêmes erreurs.»

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