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Kiosque arabe
Maaloula, un chef-d'œuvre en péril
Publié dans Le Soir d'Algérie le 09 - 12 - 2013


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Maaloula, un nom qui sonnait étrangement lorsque je l'ai entendu, pour la première fois, de la bouche de notre regretté confrère, Kheïreddine Ameyar. J'ai d'abord pensé qu'il s'agissait d'une de ces expressions du cru d'un Algérois surexposé, que l'on pouvait traduire par «malade, fichue». «Maaloula !», comme pour dire : il n'y a plus rien à faire. Kheïreddine revenait de Syrie et, comme avant le voyage, il n'arrêtait pas de pester, d'écumer contre le régime baathiste, sa police, ses mœurs politiques. Son ton s'adoucissait, toutefois, dès qu'il évoquait Maaloula, la petite ville située à une cinquantaine de kilomètres au nord de Damas. Maaloula, un chef-d'œuvre en péril du legs historique monothéiste, la cité syriaque, musulmane en hiver et chrétienne en été(1), posée comme une pierre fendue sur un paysage rocailleux. Maaloula, en langue araméenne (la langue que parlait Jésus-Aïssa lorsqu'il s'adressait à ses ouailles) n'a pas la même signification qu'on a pu lui donner dans la langue algéroise, bien au contraire : il s'agit de l'altitude, alliée à un air vivifiant. Maaloula, ou Maloula, village en partie troglodytique, tel que l'a découverte et l'a décrite, pour la première fois, notre ami Kheïreddine :
«Maloula était vraiment très étrange. Une manière de caisson entaillé en une seule partie. On eût dit qu'un gigantesque coup de hache avait coupé irrémédiablement la montagne, lui infligeant une cicatrice profonde pour l'éternité. Cette blessure sans fin commençait là, sur cette piste qu'ils empruntaient depuis quelques minutes. À moins que ce ne fût le contraire, que cette route si particulière n'ait été finalement construite que pour permettre à ceux qui habitaient le caisson, à supposer qu'ils fussent plus d'un, de disposer d'un chemin pour aller à la rencontre du reste du monde ou à sa recherche. Après avoir taillé la montagne avec la force que l'on imagine, l'hypothétique créateur en question a dû, sans doute, la cureter avec une louche immense jusqu'à ce qu'elle soit devenue la petite vallée ou niche, à flanc de col, Maloula. Ce cercle si particulier, sur lequel débouchait sans que l'on sût pourquoi, un corridor torturé comme un canyon arabe qui aurait perdu la mémoire de ses origines, et qui était assez mince pour ne pas permettre à deux mulets chargés de se croiser».(2)
Jusqu'au mois de septembre dernier, Maaloula avait échappé aux plans de guerre des belligérants, puis la ville a été occupée le 9 septembre dernier par les djihadistes, durant trois jours, avant d'être réinvestie par l'armée syrienne. Mais dans la nuit du 2 décembre, les combattants d'Al-Nosra ont repris les lieux après avoir fait dévaler à partir des hauteurs des pneus chargés d'explosifs. Cette nouvelle technique de combat n'a épargné ni l'armée syrienne, obligée de battre en retraite, ni les habitants, et encore moins les vestiges historiques. Selon des témoins, rescapés des combats, les assaillants du 2 décembre ont dynamité plusieurs édifices, même après la conquête des lieux. «Un massacre archéologique», affirment les spécialistes à propos de cette ville, classée au patrimoine de l'Unesco. La cité compte, en effet, une dizaine d'édifices religieux, dont le monastère de Mar Takla, qui date du quatrième siècle de l'ère chrétienne. «Il était bâti, vraiment pour rester inaperçu, pour ne donner prise à aucun regard, qui n'eût été souhaité.»(3) Ce monastère de Mar Takla, ou Sainte Thècle(4) abritait un orphelinat tenu par une trentaine de religieuses.
Douze de ces religieuses sont entre les mains du front Al-Nosra affilié à Al-Qaïda, et elles ont été vraisemblablement emmenées à Yabroud, place forte des opposants islamistes au régime de Damas. Et comme il fallait s'y attendre, Al-Jazeera a diffusé vendredi dernier une vidéo soi-disant envoyée par les ravisseurs, et qui jette un certain trouble par la manière dont les images ont été tournées. En effet, la supérieure des religieuses commence par dire qu'elle et ses sœurs sont en bonne santé et qu'elles sont bien traitées, mais elle est obligée, semble-t-il, de corriger une de ses affirmations. Aussitôt après avoir dit qu'elles avaient été «emmenées», ce qui pouvait vouloir dire «enlevées», la religieuse a rectifié en affirmant qu'elles étaient «gardées en sécurité». Ce qui incite à penser que les religieuses de Maaloula sont bien otages des djihadistes, qui veulent les utiliser comme monnaie d'échange ou comme bouclier humain, en cas d'attaque contre Yabroud, la prochaine cible des troupes syriennes, appuyées par les milices du Hezbollah. Ce qui est sûr, c'est que les opposants islamistes font le maximum pour terroriser les minorités chrétiennes de Syrie. D'ores et déjà, ils rançonnent littéralement les chrétiens de Yabroud, sous couvert de versement de l'impôt de capitation, ou «djizia», que doivent payer les habitants non musulmans.
La reconquête de la ville de Maaloula par les islamistes est peut-être la goutte qui a fait déborder le vase, puisque les chrétiens vont sans doute rentrer dans la bataille de Syrie. Hier, l'évêque Lucas Al-Khouri, l'autorité du culte grec orthodoxe en Syrie, a appelé les jeunes chrétiens à prendre les armes pour défendre «la Syrie, les églises et les couvents qui font l'objet de destruction de la part des groupuscules armés». Le Christianisme et l'Islam cohabitent ensemble depuis 1 600 ans, a affirmé l'évêque Al-Khouri, avant d'ajouter que «les chrétiens ne partiront de la Syrie que de leur plein gré». Ajoutons que si les dirigeants chrétiens ont manifesté ouvertement leur sympathie pour le régime de Béchar Al-Assad, c'est la première fois qu'ils appellent leur communauté à participer aux combats.
A. H.
(1) Je m'empresse de préciser, à l'attention des enragés du «printemps arabe» que cette cité redevient majoritairement chrétienne l'été, grâce au retour de ses habitants chrétiens réfugiés en majorité à Damas, et à l'afflux de pèlerins venus des pays voisins et lointains.
(2) Maâloula, roman inachevé de Kheïreddine Ameyar (Editions Pixal- 9 juin 2010).
(3) Idem
(4) Cet édifice a été élevé en l'honneur de Sainte-Thècle, une des premières chrétiennes qui avait trouvé refuge dans ces lieux. Selon la légende, la montagne s'était miraculeusement fendue en deux pour lui permettre de passer et d'échapper aux persécutions et aux poursuites romaines.
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