Une quarantaine de membres reconnus de la branche toujours active d'Al-Qaïda au Maghreb, parmi lesquels l'«émir» Abdelmalek Droukdel, confondus pour une multitude d'assassinats dans les années 1990 sur les territoires des wilayas d'Alger et de Boumerdès, répondent depuis hier de leurs actes devant le tribunal criminel de la capitale. Un procès évidemment pas banal, tellement rien que le nom du chef de file de ces tueurs au nom d'Allah évoque une grande partie du drame qu'a vécu le pays, et vit encore quoi qu'on en dise. Un procès qui survient alors que l'Algérie n'en a pas encore fini avec Aqmi et, surtout, non seulement la branche algérienne d'Al-Qaïda n'a pas encore disparu de notre paysage, il se trouve que Droukdel et les tueurs à sa solde ont de quoi être inspirés par la tournure prise par la question sécuritaire aux portes du pays, balayant d'un trait l'idée, émise il y a des années et réaffirmée de temps à autre depuis quelque temps, selon laquelle le terrorisme en était à sa phase résiduelle en Algérie. L'avènement, bien qu'éphémère, d'Abdelmalek Gouri et son Jund-Al-Khilafah, affilié à l'Etat islamique en Irak et au Levant, est venu, ainsi, rappeler que la page ouverte au début des années 1990 n'a pas encore été fermée. Les restructurations au sein des corps des services de sécurité «pour donner un nouveau souffle à la lutte anti-terroriste» n'ont pas eu le don, du moins pour le moment, de mettre fin aux ardeurs assassines des groupes dirigés par Abdelmalek Droukdel, ou Abou Mossaâb Abdelwadoud, qui tentent grâce à l'internationalisation du terrorisme islamiste de se régénérer de façon encore plus violente qu'ils ont eu à le faire, par exemple à Tiguentourine, pour répondre au discours par trop triomphaliste qui réduisait le terrorisme en Algérie à quelques «poches» maîtrisables. Beaucoup de sang a coulé, les stigmates sont toujours aussi visibles, malgré de longues années, et les procès se sont multipliés un peu partout, mais la bête immonde est toujours là. Ce n'est pas au travers d'un procès, devant une barre de tribunal où pas l'ombre d'une des têtes pensantes de ceux qui ont commandité ou commis de crime ne défilera, que l'on criera avoir vaincu le terrorisme.