Nouveau scandale dans la gestion des affaires du football en Algérie. Au niveau de son plus sensible maillon, l'arbitrage. Un corps sans âme, complètement «putréfié» par les incandescences de ceux qui pensent le gérer à la perfection. Djamel Haïmoudi n'ira pas assister aux cours d'instructeurs qu'organise la commission d'arbitrage de la CAF à partir de ce jeudi, et ce, jusqu'au 12 mai prochain au Caire. Invité par la structure dirigée par le Soudanais Magdi Shams-Edin, l'ancien arbitre international algérien ne pourra pas effectuer le déplacement en Egypte faute d'avoir confirmé sa présence au séminaire à la date du 10 avril dernier. Absent du pays à la date de réception de l'invitation adressée au secrétariat de la FAF, le 29 mars dernier, Djamel Haïmoudi n'a jamais été avisé du choix porté sur sa personne par la commission des arbitres de la CAF. Un rôle, celui d'informer Haïmoudi en l'occurrence, qui devait échoir à la CFA (commission fédérale d'arbitrage) que préside depuis mars 2014 Khelil Hamoum, président de la Ligue de wilaya d'Alger de football, accessoirement membre du bureau fédéral de la FAF. Selon différentes sources, M. Hamoum qui a récupéré l'invitation au niveau du SG de la fédération, M. Nadir Bouzenad, n'aurait pas admis que la CAF opte pour une invitation nominative. En l'occurrence choisir M. Djamel Haïmoudi comme l'invité de la Confédération au rassemblement qui débutera ce jeudi au Caire. Le membre du BF aurait, selon nos sources, contacté le secrétaire de la commission des arbitres au niveau de la CAF pour lui faire savoir qu'il était plus utile à la commission de Magdi Shams-Eldin de solliciter l'avis de la CFA/FAF afin que cette dernière lui communique le nom du représentant de l'Algérie à ce rendez-vous de formation et de recyclage dédié aux instructeurs. «Pourquoi pas Djamel Haïmoudi ?», oserions-nous imaginer. Rien n'interdisait à Khelil Hamoum de prendre langue avec l'enfant de Relizane, qui a honoré remarquablement, non seulement l'arbitrage, mais tout le football algérien et l'informer qu'il est choisi et par la CAF et par la CFA/FAF d'effectuer le déplacement, aux frais de la CAF, en Egypte. Les relations entre les deux personnes n'ont jamais été mises à l'épreuve. L'arrivée de Khelil Hamoum intervenait pratiquement à une période où Djamel Haïmoudi se préparait à remettre son sifflet, à tirer sa révérence. Alors pourquoi désapprouver le choix de la CAF ? Le Soir d'Algérie a tenté de joindre le membre du BF, Khelil Hamoum. En vain. Son portable semblait hors champ (ceux qui connaissent M. Hamoum affirment que c'est quelqu'un qui aime bosser de nuit). A moins que... Quand les mails se perdent... A moins qu'il s'agisse d'une nouvelle histoire de mails perdus, qui n'arrivent pas à destination. C'est la version que tente d'imposer une source très au fait des affaires de l'arbitrage. Pour cette dernière «le cas de Djamel Haïmoudi n'est que le prolongement des dernières affaires qui ont éclaté récemment et qui ont vu des matchs se dérouler, en l'absence des trios initialement choisis, sous les ordres d'arbitres bénévoles ou d'autres carrément annulés du fait que l'une des deux équipes refusaient de voir sa rencontre dirigée par des arbitres non-désignés par la CFA. Je pense que ces graves dysfonctionnements ont une relation avec la mise à l'écart des responsables qui avaient à charge d'informer les arbitres de leur désignation par emails», affirme notre interlocuteur qui craint de voir les dernières journées des championnats de Ligues 1 et 2 et même ceux des divisions inférieures entachées de certaines irrégularités liées à cette méthode de désignation. Quel rapport avec le cas de Haïmoudi, alors? Pour notre source, «M. Hamoum a récupéré l'invitation, l'a oublié dans son tiroir et quand il s'est rappelé, il a chargé le responsable de la cellule d'information des arbitres (M. Mounir Dbichi, ndlr) de faire le nécessaire en envoyant un e-mail à M. Haïmoudi. Malheureusement, l'adresse e-mail de M. Haïmoudi n'était pas disponible au niveau de cette cellule». Une thèse pas vraiment convaincante comme l'étaient les explications de la LIRF au sujet de l'absence des arbitres du match CAK-USMS. Sur le site de la Ligue dirigée par Mohamed Boukaroum, il était écrit que «l'investigation a démontré que les e-mails transmis aux arbitres désignés pour ce match sont parvenus tardivement aux intéressés. A cet effet, des sanctions sévères seront prononcées à l'encontre des personnes responsables de la direction de l'arbitrage». Or, dans le cas de Haïmoudi, le retard est volontaire dans la mesure où la CAF a transmis l'invitation le 29 mars avec la précision que la réponse doit être fournie au plus tard le 10 avril. Que s'est-il passé entre-temps pour que Haïmoudi ne puisse pas répondre à l'invitation de la CAF ? De bien mauvaises langues tiennent à souligner que pour ce genre de missions, l'avis (favorable ou pas) du président de la FAF est incontournable. Et que, par conséquent, Hamoum n'aurait donc opéré que sur «recommandations de M. Raouraoua» ? Haïmoudi ne comprend pas Pour la «victime», Djamel Haïmoudi, contacté par nos soins, le «raccourci» n'est pas évident d'établir. D'une voix presque inaudible, M. Haïmoudi reviendra sur ce malheureux épisode. Presque en détails. «Je ne connaissais absolument rien sur cette invitation. Le jour où le courrier a été envoyé à la FAF, j'étais en France. Personne ne m'a appelé pour m'informer de cette invite en Egypte. Ce n'est que récemment que j'ai reçu un appel du Caire dans lequel on m'apprenait que je n'avais pas donné suite à l'invitation qui a été transmise à la FAF le 29 mars. La personne qui m'a contacté, étonnée du fait que je ne sois pas au courant, m'a demandé, par la suite, mes coordonnées afin de m'envoyer le billet et l'invitation que je viens d'ailleurs de recevoir», raconte le meilleur arbitre africain en 2013. Toutefois, Haïmoudi nous apprendra qu'il n'ira pas en Egypte «pour la simple raison que je dépends d'une fédération, d'un pays que je représente fièrement». M. Haïmoudi qui avoue, par ailleurs, n'avoir aucun conflit avec l'actuel président de la CFA dont l'attitude le laisse interrogatif. «Je ne connais pas les motivations ayant conduit le président de la CFA/FAF à demander des explications à propos du choix porté sur ma personne par la commission des arbitres de la CAF», indique Haïmoudi qui a révélé avoir a reçu un appel téléphonique du vice-président de la FAF, M. Abdelkader Chaâbane lequel a promis d'interférer auprès du président de la Fédération algérienne de football et membre du CE de la CAF, M. Mohamed Raouraoua (actuellement en Egypte) afin de résoudre le problème. A quelques heures du début du séminaire, il est facile de conclure à l'impossible repêchage de l'ancien referee algérien. Pour des raisons pratiques, liées au déplacement, et d'autres moins apparentes que personne, parmi celles approchées par Le Soir d'Algérie, ne pouvait expliquer. Haïmoudi, chouchou du président de la FAF avant sa retraite, ferait-il l'objet d'un bras de fer engagé par les traditionnels clans qui tiennent les commandes de l'arbitrage et du football algérien ?
