A 19 ans à peine, elle sera la première femme à brandir, à Skikda, l'emblème national, lors des manifestations spontanément déclenchées en soutien aux manifestations du 11 décembre 1960 de Belcourt. Fatima-Zohra Dridi, puisque c'est d'elle qu'il s'agit, avait à ses côtés et en première ligne du cortège, Mlle Fella Oudjani, et Mouloud Belhadj (dit Derder). Elle venait de braver l'interdit et prenait le risque afin de prouver son militantisme et son soutien à la cause nationale. Issue d'une famille de sportifs et aînée de quatre frères et trois sœurs, dont le père n'était autre que Belkacem Dridi dit «Chéri», membre fondateur et numéro 10 de l'ASA M'lila et de l'Etoile Sportive Philippeville (actuelle Skikda) durant les années 50, F. Z. Dridi, était jeune, belle, rayonnante. Elle venait à peine de sortir de l'adolescence quand elle décide de prendre part à la plus glorieuse des causes et des révolutions. Avec un courage exceptionnel et un goût prononcé de la liberté, elle adhère au FLN et rejoint les rangs des moudjahidine, chez qui elle force le respect et l'admiration. Activant clandestinement comme agent de collecte et de renseignements sous la responsabilité de Mohamed Boukhdenna, elle ne baissera jamais les bras et fera face, avec une certaine bravoure, à tous les dangers et ce jusqu'au dévouement, aux côtés de Rabah Djeffal, comme responsable dès le lendemain de la souveraineté nationale. Femme de caractère et de conviction, elle était en avance sur son temps. Son émancipation et son franc-parler lui ont valu beaucoup d'inimitié de la communauté ‘'Pied noir‘'. D'une grande culture (arabe -français), titulaire du baccalauréat au lycée Emile Maupas (aujourd'hui Ennahda) avec brio, Fatima-Zohra Dridi commencera sa carrière dans le monde des sports à Skikda sous la férule d'une autre figure de proue du mouvement sportif national, l'ancien DTN de football à la FAF , Youcef El-Kenz. Animée d'un mental d'acier et n'éprouvant pas la moindre usure, elle poursuivra sa carrière professionnelle à Alger et plus précisément à la SN Répal, qui deviendra Sonatrach. Recrutée en tant que cadre supérieure, elle travaillera aux côtés d'illustres personnalités telles que feu Slimane Amirat et Sid-Ahmed Ghozali pour ne citer que ceux-là. Avec ses grandes compétences et son esprit vif, FZ Dridi communique positivement son engagement professionnel et son dynamisme à ses collègues qui le lui rendaient bien. Mariée à Hadj Zennadi (ex-DG de la DNC, ERCA et autre OMRC), et par obligation familiale, elle mettra un terme à sa carrière professionnelle en 1971. F. Z. Dridi était une basketteuse de talent et d'une grande classe. Elle évoluera au sein du Sporting Club Philippeville (devenu Widad Athlétique de Philippeville), avec lequel elle décrochera en 1963, en tant que capitaine d'équipe le premier titre de champion d'Algérie, dans la discipline. Elle prendra part au tournoi international de Dakar avec le Widad au titre de représentant de l'Algérie. C'est à l'USM Alger où elle deviendra entraîneur-joueuse qu'elle mettra définitivement fin à sa carrière de basketteuse, à la fin des années 1960, non sans donner le meilleur d'elle-même et transférer sa ferveur à ses joueuses. Ayant plusieurs cordes à son arc, elle sera la première algérienne à traverser à la nage la rade de Skikda, du phare rouge au phare vert aux côtés des frères Sid, Siafa... Une fois l'indépendance acquise, elle se mettra également au théâtre, où elle étalera là aussi un réel talent de comédienne. Longtemps malade et digne dans la douleur, F. Z. Dridi décédera à Alger en octobre 1992. Elle avait tout juste 51 ans, laissant derrière elle quatre enfants et un vide incommensurable. En somme, la regrettée F. Z. Dridi fut une femme exceptionnelle, de l'avis de tous ceux qui l'ont connue de près ou de loin. C'était la mère, la sœur et la conseillère. C'était l'asile le plus sûr pour ceux qui se tournaient vers elle qui, pour un conseil ou dans le besoin. Son nom mérite d'être mieux connu et conservé.