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LES MOTS DU JEUDI
Ce m�tier, le n�tre ! Par Ma�mar FARAH http://farahblog.ift.cx
Publié dans Le Soir d'Algérie le 17 - 02 - 2005

Le journalisme est-il encore un m�tier ? Question saugrenue s'il en est, cette interrogation renvoie � une r�alit� v�cue par de nombreux titres de la presse nationale, r�alis�s n'importe comment et par n'importe qui, dans une cacophonie qui fait penser aux bruits d'une basse-cour affol�e.
Apr�s la p�riode faste des titres appartenant exclusivement aux journalistes, l'ouverture du champ m�diatique au secteur priv� a cr�� une totale d�valorisation de la fonction d'informer. Cette derni�re repose sur des r�gles, des connaissances et une technique propre qui font l'objet, malheureusement, d'agressions caract�ris�es. Ainsi, des gens venus de diff�rents secteurs s'improvisent, du jour au lendemain, journalistes et m�me sp�cialistes de l'information quotidienne. Leur seul bagage ? La ma�trise de la langue fran�aise ! Suffit-il d'�crire correctement dans la langue de Moli�re pour faire partie d'une r�daction ? Certes, devant la d�perdition des connaissances linguistiques et la baisse du niveau g�n�ral du fran�ais dans notre pays, la recrue qui aligne des phrases correctes et sans trop de fautes grammaticales et d'orthographe devient la perle rare ; mais nous continuons de croire que cela ne suffit pas ! C'est une condition n�cessaire mais non suffisante pour exercer le m�tier de journaliste. Raisonnons autrement pour bien montrer le bien-fond� de notre argumentaire. Si demain, un journaliste se pr�sente dans une facult� pour enseigner, pourra-t-il le faire sans justifier d'une formation appropri�e et d'un CV r�pondant � des normes pr�cises ? Pourra-t-il facilement s'improviser ing�nieur des ponts et chauss�es ? Pourra-t-il exercer le m�tier de m�decin ? Pourra-t-il devenir m�canicien ? Bien s�r que non, allez-vous me r�pondre. Ok ! Mais alors pourquoi le professeur d'universit�, l'ing�nieur des ponts et chauss�es, le m�decin et le m�canicien peuventils ais�ment se transformer en journalistes ? Je ne parle pas des contributions sp�cialis�es, ni des chroniques, genre � part, plus proche parfois de la litt�rature et o� l'art de l'�criture et la pertinence des id�es l'emportent sur le besoin d'informer. Je parle du journalisme � l'�tat brut, de ses techniques, de ses secrets, de sa passion ! Oui, le journalisme est un m�tier � part, l'un des rares qui poss�de sa magie particuli�re. On y entre comme dans une religion, avec une part de d�votion semblable � celle qui nous attache � un culte. Cette ferveur peut transformer de simples autodidactes en grands journalistes salu�s par tous. On l'a ou on ne l'a pas ! On ne l'apprend dans aucune �cole : elle pousse au fond des tripes et reste intacte, malgr� l'�ge et les avatars de l'existence. Je connais beaucoup de vrais journalistes si attach�s � leurs quotidiens, si intimement li�s � la vie de leurs publications qu'ils en oublient de vivre la leur ! Et d'ailleurs beaucoup de ces pivots des r�dactions finissent… c�libataires ! En fait, ils avaient pris �pouse depuis longtemps, une conjointe si prenante, si aimante, si jalouse qu'elle vous d�tourne de celle avec laquelle vous pouvez fonder votre foyer. Au cours de ma longue carri�re, et dans les diff�rents titres o� j'ai eu � exercer, je ne tarde pas souvent � rep�rer la charni�re centrale d'une r�daction, celle par qui tout passe et sans laquelle tout s'embrouille ; cette pi�ce essentielle que je compare souvent au chef d'orchestre. Il peut �tre une femme ou un homme, un responsable ou un anonyme, mais il est toujours l�, au cœur du syst�me. Lorsque je le localise, je m'empresse vite de lui conseiller de trouver un moment pour se marier. Le gars, ne comprenant pas le sens de mes paroles, me dit parfois : �Mais, j'ai le temps ! Je suis encore jeune !� Pauvre passionn� : tu ne sais pas qu'en fermant les yeux, tu vas te retrouver � cinquante piges, courant derri�re les copies en retard, cadrant une photo m�diocre mais rare, gueulant contre l'auteur d'un doublon ! Les ann�es ont coul� comme les colonnes � travers des milliers d'�ditions racontant ce monde moche qui nous entoure et o� tu as oubli� de vivre, enti�rement d�vor� par les num�ros qui se succ�dent ! Le vieux Kadour Daly Bey — que Dieu ait son �me —, grand prote de l'imprimerie d' El Moudjahid, disait toujours � la fin du bouclage technique de la Une : �Un de plus, un de moins !�. Oui, un de plus dans la s�rie des num�ros et un de moins dans notre vie professionnelle ! Alors, fais vite ; une autre dame t'attend pour fonder un foyer ! Car, celle qui mange tes jours et tes nuits ne peut pas �tre aim�e comme une vraie femme et ne pourra jamais te donner des enfants. Dans notre m�tier, si d�valoris� aujourd'hui, de tels pivots existent toujours. Mais ils n'ont plus droit � la parole. Les nouveaux patrons, venus du monde des affaires ou de celui de la politique — en fait, du m�me milieu —, ignorant tout des particularit�s de notre travail, insensibles � ses charmes et � sa magie, ne sont pr�occup�s que par l'�tat de la tr�sorerie quand ils ne passent pas leur temps � attendre les f�licitations de leurs commanditaires. Leurs journaux se transforment en r�servoirs pour accueillir des tonnes de publicit� de complaisance. De graves atteintes � la d�ontologie sont enregistr�es quotidiennement et personne ne s'en soucie. Souvent, dans le m�me num�ro, un papier �bienveillant� accompagne un placard publicitaire payant. Mais ceci est un moindre mal face aux d�tournements des commandes publicitaires au niveau d'une soci�t� exer�ant le monopole, �chappant miraculeusement aux tendances n�o-lib�rales de notre gouvernement. Les preuves ? Nous avons vu des bons de commande destin�s � des titres pr�cis et qui se sont retrouv�s chez d'autres, � la ligne �ditoriale plus proche du pouvoir. Cette soci�t� est une plan�te qui vit en dehors de notre temps espace, un vestige de la bureaucratie remis au go�t du jour, contre vents et mar�es, contre la logique m�me du pouvoir — privatisations et �conomie de march�. J'ai entendu un jour l'un de ces patrons new wave dire tout haut : �Mais je m'en fiche de la maquette, des textes, des pages et des photos ! Ce qui m'int�resse, c'est le nombre de placards publicitaires publi�s dans chaque num�ro !� Sans commentaire. Un autre propri�taire de journal se f�licitait d'�tre � la t�te d'un quotidien qui ne se vend pas… dans les kiosques ! Les 3 000 exemplaires qu'il imprimait �taient �pris en charge � par une compagnie a�rienne qui les distribuait dans ses avions ! Assur�ment, nous n'appartenons pas au m�me monde ! Nous n'exer�ons pas le m�me m�tier. Les sous, il en faut, certes, pour assurer la bonne marche de la machine, mais s'ils deviennent l'objectif principal de cette aventure, pas si intellectuelle que �a, alors, bonjour les d�g�ts ! Si la cr�ation d'un quotidien ob�it aux seuls crit�res de la rentabilit� commerciale, pourquoi se compliquer la vie ? Ne vaut-il pas mieux �fonder� une pizzeria, avec tout mon respect pour les proprios de ce genre de restaurants et qui r�ussissent souvent de si belles choses dans leur boulot. Et si un titre voit le jour dans l'unique but de servir la cause d'un candidat, n'est-il pas pr�f�rable de cr�er un parti ou un comit� de soutien ? En fait, la presse, comme l'huile de table, est utilis�e dans toutes les sauces. Et ce go�t fade qui nous reste � la fin de la lecture de certains journaux vient du fait que si l'huile est bonne, les autres ingr�dients sont du n'importe quoi, quand ce n'est pas carr�ment le cuisinier qui s'emm�le les pattes ! Nous ne sommes pas plus journalistes que nos autres confr�res et nous n'avons aucune le�on � donner � qui que ce soit. Nous avons simplement voulu dire notre r�volte face aux agressions, aux manipulations et � l'exploitation �hont�e qui d�naturent le sens de notre m�tier. Nous avons voulu crier tr�s haut que ce m�tier a besoin d'�tre d�fendu. Comme les plombiers, les menuisiers ou les v�t�rinaires, nous avons une �tiquette, une technicit�, un savoir-faire que nous voulons pr�server contre les apprentis sorciers de la plume et les usurpateurs de toutes sortes. Enfin, voici quelques paroles pour terminer. Ils �manent de Joseph Pullitzer, fondateur du journalisme moderne et constituent la devise du quotidien que vous �tes en train de feuilleter. Leur lecture aidera certains � comprendre qu'un quotidien peut �tre autre chose qu'une simple caisse � sous : �Ce journal combattra toujours pour le progr�s et les r�formes, ne tol�rera jamais l'injustice et la corruption ; il attaquera toujours les d�magogues de tous les partis, n'appartiendra � aucun parti, s'opposera aux classes privil�gi�es et aux exploiteurs du peuple, ne rel�chera jamais sa sympathie envers les pauvres, demeurera toujours d�vou� au bien public. Il maintiendra radicalement son ind�pendance. Il n'aura jamais peur d'attaquer le mal, autant quand il provient des abus de la ploutocratie que de ceux qui se r�clament de la pauvret�.� N'est-ce pas plus noble et plus captivant qu'un terne sch�ma politique ? N'est-ce pas, l�, la preuve que le journalisme est un m�tier � part, qui n'a besoin ni de l'argent des capitalistes exploiteurs, ni des ennuyeux programmes de partis, pour s'�panouir librement ?
M. F.
P.S. : Et pendant ce temps-l�, la neige fait des ravages � l'int�rieur du pays. Je le vois de ma fen�tre et je l'entends de la bouche de ceux qui vivent aux alentours. Leur vie est un enfer, avec la chaleur en moins… Et pendant ce temps-l�, un homme innocent boucle son huiti�me mois dans une sinistre cellule d'El-Harrach. Froide, froide, froide…


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