Le nord de la wilaya de Chlef, à savoir toute la région côtière, a souffert depuis des décennies d'un grand déficit dans le domaine de l'alimentation en eau potable (AEP). S'étendant sur 4 074 km, avec ses 35 communes et une population estimée à 1 207 000 habitants, la wilaya de Chlef avec son climat semi-aride, connaît une pluviométrie moyenne estimée à 350 mm. Elle dispose selon les chiffres officiels de 2 barrages, SidiYacoub et celui d'Oued Fodda d'une capacité globale de 356 hm3 avec un taux de remplissage, pour le premier, de 71% (179,3 hm3) et le second de 30% (30,40 hm3). De plus la wilaya de Chlef dispose de 8 retenues collinaires d'une capacité globale de 3,82 hm3 mais ne contenant actuellement que 0,60 hm3 soit un taux de remplissage qui ne dépasse pas les 16%.A ces 8 structures, viendra s'ajouter une autre retenue en cours de réalisation (taux d'avancement des travaux à 45%) à Béni Haoua d'une capacité d'emmagasinement de 1043 hm3. Pour faire face aux besoins croissants d'eau potable, besoins estimés 181 000 m3/j, la wilaya de Chlef a recours à l'exploitation des eaux souterraines avec 204 forages d'un volume mobilisé de 29.20 hm3/an destinés à l'AEP, de 21 puits d'un volume mobilisé de 2.00 hm3/an destinés à l'AEP , de 1 002 forages privés destinés à l'irrigation et de 16 forages d'une capacité de 1,44 hm3/an, destinés à l'industrie et autres. Le recours aux eaux pluviales et aux eaux souterraines s'avérant insuffisant, on a opté, pour combler le déficit, aux eaux non conventionnelles et au dessalement de l'eau de mer avec la mise en service, en 2015, d'une Unité réalisée à Maïnis (Ténès) avec une capacité de production de 200 000 m3/j pour alimenter en eau potable 31 des 35 communes de la wilaya, et d'une autre station de dessalement d'eau de mer mono bloc réalisée à Béni Haoua d'une capacité de production de 5 000 m3/j. Parallèlement, la wilaya de Chlef dispose d'un réseau de distribution qui connaît un taux de fuite de 16% et dont 65% sont en mauvais état, 25 dans un état moyen et 10% seulement en bon état. Pour ce qui est de la situation actuelle, il reste 6 communes à alimenter en eau potable dessalée, à savoir celles de Ouled Ben Abdelkader, El Hadjadj et Sendjas (en partie). «Ces trois communes seront alimentées de ces eaux dès l'achèvement des travaux de raccordement en cours et d'ici la fin de l'année en cours», a promis Necib Hocile, ministre des Ressources en eau, en visite jeudi dans la wilaya de Chlef, après l'inspection des différentes stations de dessalement et de traitement. Pour les trois autres communes restantes, à savoir Breira, Oued Ghossine et Béni Bouateb, elles bénéficieront des ressources hydriques disponibles et seront renforcées par des apports à partir du barrage de Kef Eddir. La visite du ministre des Ressources en eau a aussi concerné les problèmes d'assainissement, d'épuration et de récupération des eaux usées une fois traitées. S'agissant de ce domaine sensible; le ministre le reconnaiît «la wilaya de Chlef accuse un important retard puisqu'elle ne dispose actuellement que d'une station d'épuration, celle de Chlef, qui est à l'arrêt après que ses équipements ont été endommagés à la suite des inondations de janvier 2017 et qui nécessite une réhabilitation. A ce sujet et concernant toujours le domaine de l'assainissement, face à ce déficit, le ministre a apporté deux bonnes nouvelles, à savoir la levée du gel qui a frappé les deux stations d'épuration, celle de Ténès d'une capacité de 9 000 m3/j pour la protection du littoral, d'une part, et celle de Chettia d'une capacité de traitement de 18 000 m3 d'autre part, pour protéger la plaine du Chélif. Au passage, le ministre a avoué que cette levée du gel a été possible grâce au recours au dispositif adopté récemment, celui du financement conventionnel. Lors du commentaire de l'exposé sur le secteur de l'hydraulique par son directeur, le ministre a annoncé la décision d'étendre la gestion de la distribution de l'eau potable par l'ADE à toutes les communes de la wilaya au plus tard fin 2018. Pour ce qui est des capacités de réponses aux besoins de la gestion du réseau, le ministre a enjoint aux responsables des agences ADE de rationaliser l'emploi des effectifs, d'assurer des formations aux équipes d'interventions sur les réseaux pour lutter contre les fuites et de recourir si besoin est aux microentreprises de jeunes. Pour ce qui est de l'irrigation, le ministre a décidé la réorientation des eaux des barrages vers ce segment de l'agriculture suite à l'entrée en service de la station de dessalement de l'eau de mer, et ce, en renforçant les quotas alloués au périmètre irrigué du Moyen Chelif, d'une part, et de renforcer aussi la capacité d'irrigation existante à travers le réaménagement et la protection de ce périmètre sur une superficie de 5 000 ha.