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Contribution
"Nos anc�tres : l'�go-loi" -(2e partie et fin)- Par Mohamed Djeraba
Publié dans Le Soir d'Algérie le 13 - 06 - 2005

L'enjeu de l'�cole. 0u "nos anc�tres les Gaulois", en version coloris�e
L'article 4 stipule : "Les programmes de recherche universitaire accordent � l'histoire de la pr�sence fran�aise outremer, notamment en Afrique du Nord, la place qu'elle m�rite. Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le r�le positif de la pr�sence fran�aise outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent � l'histoire et aux sacrifices des combattants de l'arm�e fran�aise issus de ces territoires la place �minente � laquelle ils ont droit.
La coop�ration permettant la mise en relation des sources orales et �crites disponibles en France et � l'�tranger est encourag�e". A dire vrai, c'est cet article en particulier qui m'a incit� � �mettre ces observations, dans une ambiance particuli�re. Cette loi a �t� adopt�e et promulgu�e � la veille d'un double anniversaire, le soixanti�me de la fin de la Seconde Guerre mondiale et celui des �v�nements du 8 Mai 1945 en Alg�rie. C'est aussi un soixanti�me anniversaire pour ma petite personne : en 1945, j'avais 10 ans et � l'�cole, cette m�me ann�e, on m'avait dit, sinon appris, par un livre scolaire et par voix de ma ma�tresse que mes "anc�tres �taient des Gaulois". Pendant toutes ces soixante ann�es, j'avais mis cette assertion sur le compte d'une gaucherie, d'une ineptie de p�dagogues encore sous l'emprise d'une idiologie r�volue. Mais voil� que le cauchemar (en noir et blanc) continue, mais cette fois-ci en version coloris�e (progr�s technologique oblige) pour dire aux "petites t�tes blondes" et � leurs camarades plus basan�s, aux cheveux cr�pus ou bien aux yeux brid�s : "Vos anc�tres �taient des barbares et nous les avons civilis�s encore qu'ils fussent ingrats ! Ils ont tu� nos soldats, expuls� nos missionnaires, etc.". Un tel discours peut-il b�n�ficier d'un quelconque cr�dit surtout qu'il s'adresse aussi aux chercheurs universitaires ? Sont-ils � ce point cr�dules, mall�ables ou voudrait-on les rabattre � un niveau de mercenariat intellectuel ? Ou bien suis-je personnellement assez na�f pour m�sestimer ou sous-estimer les effets d'une tendance r�visionniste sournoise ? Je ne me r�f�re pas cette fois � l'histoire pour exprimer ma position mais � l'actualit� imm�diate ou plus o� moins proche. Il y a quelques semaines, les relations sino-nipponnes (ou nippo-chinoises) ont faillit conna�tre � propos d'une question similaire, analogue puisqu'il s'agit d'un manuel scolaire nippon traitant de l'occupation de la Chine. Le peuple chinois a violemment manifest� allant jusqu'� remettre en cause les bienfaits de la coop�ration �conomique entre les deux pays. C'est dire que la dignit� (historique) d'un peuple ne se marchande pas. Cet article 4 a soulev� l'ire des universitaires fran�ais eux-m�mes par ce qu'il leur rappelle des pratiques d�testables. Le plus inqui�tant dans le dispositif de cet article aussi bien pour les Alg�riens que les Fran�ais et surtout pour les esprits libres dans les deux pays et � travers le monde r�side dans ce qu'il v�hicule, de mani�re insidieuse comme pr�mices d'une tendance r�visionniste mena�ant m�me l'esprit de la libert� d'expression dont s'enorgueillit la nation fran�aise et surtout l'universit� et la recherche fran�aises. La menace est r�elle. Je dois avouer qu'au moment o� je r�dige ces lignes, je suis en train de terminer la lecture de l'ouvrage de M. Olivier Le Cour Grand-Maison "Coloniser, Exterminer. Sur la guerre et l'Etat colonial", (Paris Fayard, 2005). Je le lis avec une d�lectation que j'ai tr�s rarement ressentie � l'�gard d'un ouvrage ou d'un document, car fortement, objectivement, abondamment argument� o� toute complaisance est absolument bannie. C'est un ouvrage qui fait honneur � son auteur, � l'�dition, � la recherche historique, � l'universit� et aux intellectuels fran�ais. L'alin�a 1 de cet article 4 est aux antipodes de la renomm�e de la recherche scientifique et de l'aura de l'institution universitaire fran�aise qui sauront, je n'en doute gu�re, �viter cet �cueil. La recherche historique en Alg�rie a aussi connu ce genre de probl�me mais elle conna�t depuis une quinzaine d'ann�es un essor ind�niable. Les historiens alg�riens en Alg�rie ou en France, pour certains d'entre eux, n'ont jamais cess� de revendiquer une libert� d'expression et un libre acc�s aux sources documentaires et archivistiques. Il en est de m�me pour le secteur de l'�dition. Je crains fort, et mes craintes sont l�gitimes, que cette loi s'�rige en v�ritable obstacle par l'instauration d'une censure d�guis�e. Le troisi�me alin�a de l'article 4 pr�ne la coop�ration interne (� la France) et internationale ("et � l'�tranger"). J'ose esp�rer que cet alin�a puisse prendre toute sa signification litt�rale. Coop�rer, selon la d�finition des dictionnaires de la langue fran�aise, c'est faire, travailler, r�aliser ENSEMBLE, c'est-�-dire, deux ou plusieurs parties. S'il ne m'est pas loisible de d�finir les contours de cette coop�ration, il est tout de m�me souhait� et souhaitable qu'elle s'exerce d'abord et surtout au niveau des structures universitaires et sp�cialis�es selon les crit�res requis par toute d�marche scientifique. C'est une attente et une revendication des historiens alg�riens.
Injure, diffamation et qualification des faits
L'article 5 de cette loi stipule : "Sont interdites :
- toute injure ou diffamation commise envers une personne ou un groupe de personnes en raison de leur qualit� vraie ou suppos�e de harki, d'ancien membre des formations suppl�tives ou assimil�s ;
- toute apologie des crimes, commis contre les harkis et les membres des formations suppl�tives apr�s les accords d'Evian. L'Etat assure le respect de ce principe dans la cadre des lois en vigueur." Tout d'abord, il est � signaler que les stipulations de cet article sont d'une �vidence criante car toute morale humaine, religieuse, sociale, tous les syst�mes juridico-constitutionnels � travers le monde, la bonne �ducation et tout esprit sain condamnent l'injure, la diffamation, I'apologie des crimes et toute atteinte � la dignit� et � l'int�grit� de la personne humaine. L�, il n'y a point de mati�re � pol�miquer N�anmoins, la qualification de ces faits peut poser probl�me. Qualifier un fait, un �v�nement peut-il �tre cat�gori� comme injure ou diffamation et donc passible de condamnation ? Qu'est-ce qu'un harki ? Par rapport aux Alg�riens d'abord ? Par rapport � l'Etat fran�ais ensuite ? Quelle est sa dimension s�mantique dans les parlers courants en Alg�rie et en France ? Et pour mieux illustrer les pi�ges pos�s par cet article, je ne veux citer qu'un exemple puis� dans l'histoire fran�aise elle-m�me et dans la langue fran�aise. Le terme "Gaulois" d�signe originellement les habitants de la Gaule, une partie de la France actuelle. Par glissement s�mantique, ce terme �crit avec une minuscule (gaulois) prend un sens p�joratif et donne lieu m�me � d'autres substantifs et adjectifs comme "gauloiserie". Utiliser ce dernier terme signifie-t-il une injure aux Gaulois et donc � l'histoire de la France ? Il en est de m�me pour les termes de "harki" et de "goumier" (cr�ation s�mantique des administrateurs et des autorit�s coloniales elles-m�mes). Par le fait de l'histoire, ces deux termes ont connu un glissement s�mantique pour devenir synonymes de trahison, voire d'apostat. Faut-il donc condamner ce glissement et l'usage de ces termes dans leur nouvelle acception ? Dans ce cas, il faut condamner tout le peuple alg�rien et il faut sanctionner l'Acad�mie fran�aise pour avoir int�gr� le terme "gauloiserie" et condamner les marques de certains produits tabagiques ou alcoolis�s. Dans un autre registre, la qualification des faits et des harkis dans un processus historique rel�ve du domaine de l'histoire et nul ne peut valablement et l�gitimement nier au peuple alg�rien d'avoir cette appr�ciation. Quant � l'apologie des crimes commis contre les harkis, elle n'a jamais exist� dans le discours alg�rien encore moins dans la pratique. Aucun harki n'a �t� jug� ou condamn� � ce titre par l'Etat alg�rien ; il n'y eut point de tribunaux. A cet �gard, les accords d'Evian ont �t� scrupuleusement respect�s. Quant aux �v�nements survenus entre mars et juillet 1962, les explications donn�es aussi bien par les autorit�s alg�riennes que par les historiens int�gres sont amplement fond�es. Le reste appartient � l'histoire et comme disait un haut responsable fran�ais, "donnons le temps au temps".
Consid�rations g�n�rales
La promulgation de cette loi intervient dans un contexte qui me semble particulier � plusieurs titres dont les plus significatifs sont :
* la refondation des relations bilat�rales entre l'Alg�rie et la France pour une coop�ration plus accrue, �quitable fond�e sur une juste appr�ciation des int�r�ts des deux pays.
* l'ouverture de l'Alg�rie, apr�s une p�riode cruelle, sur le monde et particuli�rement sur l'Union europ�enne ;
* l'amorce d'une reconsid�ration ou d'une requalification d'une �poque historique bien d�termin�e, notamment par des signes encourageants (reconnaissance officielle de la guerre de Lib�ration nationale par l'Etat fran�ais, d�claration diplomatique par Son Excellence, Monsieur l'ambassadeur de France en Alg�rie et officielle par le ministre fran�ais des Affaires �trang�res � propos des �v�nements du 8 Mai 1945, reconnaissance des tragiques �v�nements du 17 Octobre 1961 � Paris, par l'apposition d'une plaque comm�morative, projet de baptisation d'une place � Paris au non de l'Emir Abdelkader, etc.) Tous ces �l�ments interviennent aussi dans un mouvement d'id�es universelles visant � requalifier une p�riode de l'�volution de l'humanit� (reconnaissance et condamnation de l'esclavagisme n�grier, repentance de l'Eglise (le Vatican) � propos de certaines actions commises en son nom ou avec sa b�n�diction, etc.) Comment d�s lors interpr�ter l'adoption de cette loi qui pour le moins qu'on puisse dire va � l'encontre de cette dynamique g�n�rale surtout que cette revisite de l'histoire est une tentative louable de reconsid�rer l'Humanit� dans sa globalit� solidaire et indissociable. La construction de l'Union europ�enne se fonde justement sur cette reconsid�ration et non sur l'accumulation des rancœurs ni sur l'amn�sie depuis les guerres m�di�vales jusqu'au conflit des Balkans. Enfin, un dernier �l�ment m�rite d'�tre soulign� : au moment o� cette loi est adopt�e et promulgu�e, un autre mouvement, allant dans le m�me sens se dessine : un "groupe de juifs d'Alg�rie" r�clame � l'Alg�rie des d�dommagements. La somme est m�me fix�e. Co�ncidence et quelle co�ncidence ? Mais ceci est un autre probl�me et s'il n'est pas dans mon intention de l'�voquer, je renvoie toutefois ce "groupe de juifs d'Alg�rie" � l'abondante litt�rature de la R�volution alg�rienne � propos de la communaut� juive, au-del� des consid�rations camusiennes. Je ne terminerai pas cet �crit sans souligner que cette loi a aussi trac� une politique de protection sociale � l'�gard de ces harkis et autres suppl�tifs mais cela demeure un probl�me strictement fran�ais ou pour �tre � la mode, franco-fran�ais, et je m'interdis tout commentaire � cet �gard. M. D.


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