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Pauvre Kabylie ! Par Arezki Metref [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 25 - 09 - 2005

Devant un parterre de militants islamistes encart�s au HMS et de gamins rapt�s dans les �coles de Kharrouba pour faire la claque, Aboudjerra Soltani s'est adonn� l'autre jour, � Boumerd�s, � ce sport national, gratuit et facile, qu'est le double saut en arri�re. Le premier saut, utile pour la suite, a pour but de r�it�rer le serment d'all�geance si fort qu'on l'entendrait d'Arabie saoudite ou d'Iran.
Le deuxi�me saut, c'est de tirer sur la Kabylie. Pas de risques, en l'occurrence. La m�t�o est propice : on peut faire les h�ros d'op�rette ! La conjonction de la trahison (ou de la candeur, mais quelle candeur !) des �lites et la perfidie des officines qui ont min� le terrain ont fait de la Kabylie un lion � terre. Les charognards peuvent y aller de leurs griffes dans le dos. Pendant que les �dialoguistes� dialoguent en se faisant ramasser dans les grandes largeurs tout en continuant � nourrir la fiction qu'ils ont la main,que les �entristes� se voient refuser le ticket d'entr�e en croyant qu'ils d�tiennent la cl�, la Kabylie reste dubitative, sonn�e comme un boxeur dans les cordes. Les survivants requinqu�s de l'�re glaciaire font preuve alors de la bravoure des l�ches qui consiste � tirer sur l'ambulance. �Des mains alg�riennes travaillent pour l'�tranger�, clame Soltani de l'int�rieur du costume alpaga taill� sur mesure dans le tissu de l'alliance pr�sidentielle. Ce scoop n'est pas de lui. Il l'avoue lui-m�me : c'est un emprunt au chef de l'Etat. Th�oriquement, l'argument est tellement �cul� qu'il n'a aucune chance d'�tre entendu. L'histoire des r�gimes autoritaires, o� l'on ne parle pas dans les rangs, est remplie d'exemples de cette diversion qui fait regarder ailleurs. Et puis, pourrait-on croire, le d�veloppement des moyens de communication ayant att�nu� le sentiment d'enfermement, l'�poque de fer est r�volue o� ce genre de sornettes �tait d�cortiqu� par les politologues maison. Mais non ! Il y a au moins une raison pour que la chose reste valide : nous sommes en Alg�rie. Nous sommes donc dans un temps politique o� les ficelles les plus flagrantes, les trucs pour lesquels on a d�j� donn�, redeviennent comme neufs. On le voit bien � la faveur de cette campagne surr�aliste pour le projet de charte pr�sidentiel. Eh bien, l'�poque o� l'on imputait � l'�tranger les effets de sa propre incomp�tence dans la gestion et de son m�pris pour les administr�s est frapp�e de p�remption partout dans le monde, sauf en Cor�e du Nord et chez Aboudjerra Soltani. Vous ne l'avez peut-�tre pas saisi, mais le ministre a cri� au loup � propos de la Kabylie. D'autres, avant lui, ont agit� le m�me �pouvantail pour d�cr�dibiliser la lutte de la Kabylie dont la plate-forme d'El Kseur constitue un fondement de d�mocratie moderne comme jamais l'histoire politique de ce pays n'en avait connu. L'int�r�t de l'Alg�rie y prime sur les manipulations qui font l'ordinaire id�ologique d'un pouvoir constant dans l�ill�gitimit�. Mais, chaque fois, la man�uvre �choue et le sniper de la �main �trang�re� se retrouve assis dans sa flaque. �a n'emp�che pas qu'on recommence car, comme disait Goebbels, en propagande, plus le mensonge est gros, plus il a de chance d'�tre cru. En fait, sans le vouloir, sans le savoir, Aboudjerra Soltani, le bien nomm�, a raison. Il y a bien des mains alg�riennes qui travaillent pour l'�tranger. Mais elles ne sont pas l� o� il veut le faire croire. Elles livrent les richesses nationales aux puissances de la mondialisation. Elles abdiquent la souverainet� nationale en ali�nant ce que l'on croyait inali�nable, les fruits des entrailles de la terre alg�rienne. Elles renient les sacrifices des travailleurs qui ont lutt� pour que le p�trole alg�rien (�rouge du sang des martyrs� comme disait Boumediene) revienne aux Alg�riens. Mais, comme d'habitude, c'est le petit jeune d'Amizour ou des Ouadias, dress� contre la hogra du k�pi ou le terrorisme du barbu, qui est coupable de travailler pour l'�tranger. Ce sont les militants d�mocrates qui protestent contre l'antid�mocratie patente que l'on fait passer pour des agents de l'�tranger. Aboudjerra Soltani, pour qui la Kabylie d�mocratique est �videmment un ennemi plus coriace que l'int�grisme assassin, n'a m�me pas de r�f�rence originale pour clamer cette appartenance � une Alg�rie au service exclusif de laquelle il d�clare �tre. Pour nier � quel autre scoop ! � , encore une fois, l'amazighit� du pays, il recourt au fameux leitmotiv d'Abdelhamid Benbadis selon lequel �l'Alg�rie est mon pays, l'arabe ma langue et l'Islam ma religion�. Ce que ne dit pas Aboudjerra Soltani, c'est que prendre un tel refrain pour une carte d'identit� manque cruellement de patriotisme sachant l'inclination des oul�mas pour l'assimilation. Mais pour taper sur la Kabylie, tout est bon. Ayant un mal fou � apaiser un prurit anti-berb�re � son stade primaire, Aboudjerra Soltani attaque tamazight qui devrait s'honorer de son statut de sous-langue gracieusement allou�e � de pauvres h�res 0priv�s de la connaissance de l'arabe. Grand cour, hein ! En disant cela, Monsieur le ministre du patriotisme commence par renier l'article 3bis de la Constitution qui reconna�t tamazight comme langue nationale. Ensuite, il nous montre qu'il m�conna�t superbement l'histoire douloureuse et flamboyante de tamazight, langue qui existe depuis toujours, avant les plus anciennes des langues latines et avant, bien entendu, le dialecte de la tribu Koreich devenu, au XIIe si�cle, une langue par laquelle le proph�te Mohamed a perp�tu� le Coran. La politique �tant une affaire trop s�rieuse pour �tre confi�e � n'importe qui, la compr�hension de l'�volution du monde est rest�e, pour Aboudjerra Soltani, � l'�poque des guerres de religions. Des revendications d�mocratiques qui montent de la Kabylie, de cet attachement si fort au pluralisme et � la citoyennet� manifest� par une r�gion o� ces valeurs sont enracin�es au point o� les jeunes les ont d�fendues, poitrines nues, contre les balles, il ne voit, lui, que ce ph�nom�ne de conversion au christianisme. Au demeurant, comme � ses pr�d�cesseurs sur le chemin de ces croisades � rebours, il s'agit de r�torquer que : 1 Si des citoyens utilisent la libert� de conscience reconnue par la Constitution alg�rienne, pour se convertir au christianisme ou � une autre religion, ils ne font qu'exercer un droit. 2 Peut-�tre est-il temps de s'int�resser de fa�on plus objective � ce ph�nom�ne qui risque de nous apprendre que la Kabylie est loin d'�tre la r�gion o� ces conversions sont les plus nombreuses. Inspir�, l'imam Soltani ose aventurer ce pronostic : si on organisait un r�f�rendum pour savoir si les �gens� voulaient devenir chr�tiens, les partisans du oui recevraient une double claque. Mais la troisi�me claque, le bon sens l'inflige : depuis quand en est-il question ? A croire que, dans la jubilation, on prend go�t au r�f�rendum jou� d'avance. D'ailleurs, Abdelaziz Bouteflika, plus messianique encore que son ministre d'Etat, avait servi les arguments originaux � Tizi-Ouzou. Il a dit aussi que, s'il voulait soumettre � r�f�rendum l'officialisation de tamazight, il conna�t d'avance le r�sultat. Et il cale d�finitivement cette identit� : l'Alg�rien est un Berb�re arabis� par l'islam. Le slogan n'est rien d'autre qu'un slogan qui a servi, de tout temps, au pouvoir d'Alger � faire passer la pilule. Il est d�pourvu de la moindre originalit�. En poussant un peu � l'int�rieur des terres, on rencontrerait des gens qui, en d�pit de quatorze si�cles d'islam et d'un demi-si�cle de baathisme aveugle, ne savent pas un tra�tre mot de la langue d'Aboudjerra Soltani. Et s'ils sont ipso facto d�chus de leur alg�rianit�, eux qui ont lib�r� ce pays, c'est bien parce que le d�clin est tel que le destin d'un pays riche de tant de diversit� est entre des mains trop �troites pour mesurer l'�tendue d'une nation. L'impression qui se d�gage est que, toutes tendances confondues, on se r�jouit de la d�liquescence dans laquelle on a pouss� la Kabylie. On se r�jouit, en fait, que se tarisse la source d'une revendication d�mocratique venant des masses et non point d'�lites pr�tes, au besoin, � l'accommoder selon les besoins de la cuisine politicienne. Malgr� tout, la Kabylie r�siste. L'accueil houleux fait au chef de l'Etat, parti visiblement � Tizi- Ouzou pour inviter les Kabyles � se rendre en Alg�rie, ce qui est en soi significatif, est la preuve de la vigueur d�mocratique d'une r�gion rod�e au l�chage. En croyant achever un bless�, Soltani ne fait que r�v�ler cette perception discriminatoire de la Kabylie. On n'aime pas, dans le pays des �constantes� d'un demi-si�cle, les constantes de diversit�, de pluralisme, de tol�rance, de diff�rence, de sens de la nation qui ont, elles, des mill�naires d'�ge.
A. M.
P. S. de l�-bas : J'ai �t� personnellement t�moin de l'int�r�t manifest� par des altermondialistes pour la plateforme d'El-Kseur comme exp�rience � valeur plan�taire, dans certains de ses aspects, en mati�re de d�mocratie participative (ou de proximit�) qui est l'�tape d'apr�s la d�mocratie institutionnelle telle qu'elle est pratiqu�e dans les pays occidentaux. �a montre que les r�dacteurs de ce texte sont bien en avance sur les procureurs qui pr�sident aux destin�es du pays.
P. S. d'ici : Derni�re minute : Abdelaziz Bouteflika a enlev� tout espoir, qu'il a favoris� � un certain moment, de reconnaissance de tamazight dans son discours de Constantine. Si cela n'est pas une surprise, cela devrait au moins �difier nos petits camarades qui ont accept� de se mettre � table croyant qu'ils allaient revenir avec cet acquis comme une cerise sur le g�teau. La moralit� est que, pour la �ni�me fois, on ne gagne pas avec ce pouvoir au jeu de la roublardise.


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