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Pauvres n�cessiteux ! Par Arezki Metref [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 23 - 10 - 2005

Je ne sais plus quel ministre avait gagn�, sans le savoir, la palme de la phrase qui fait mouche en d�clarant quelque chose du genre : �En Alg�rie, il n'y a pas de pauvres. Il n'y a que des n�cessiteux.� Ce serait bien �videmment un �norme mensonge d�magogique que de laisser notre phraseur qui fait mouche croire, � d�faut de dire vrai sur le fond, qu'il a, au moins, le m�rite d'ouvrir un d�bat s�mantique utile. Qu'est-ce qu'un pauvre ? C'est un pauvre. Qu'est-ce qu'un n�cessiteux ? C'est quelqu'un qui est dans la n�cessit�.
Un pauvre n'est pas forc�ment un n�cessiteux et un n�cessiteux n'est pas forc�ment pauvre. On peut �tre riche, immens�ment, et n�cessiteux. Pauvre et n�cessiteux, ce ne sont donc pas deux degr�s dans la m�me �chelle. Ce sont des r�alit�s diff�rentes. Ce sont surtout des r�alit�s �conomiques diff�rentes. Que dit le dictionnaire ? Le Petit Robert nous apprend que le mot �n�cessiteux�, qui date de 1549, signifiait � l'origine �d�nu� de. Comme le sens des mots �volue, il veut dire aujourd'hui �qui est dans le d�nuement, manque du n�cessaire. �Pauvre� : le mot date de 1050. Il vient du latin pauper qui veut dire �personnes�. Il veut dire aussi �qui manque du n�cessaire ou n'a que le strict n�cessaire ; qui n'a pas suffisamment d'argent, de moyens, pour subvenir � ses besoins�. M�me si cette r�f�rence supr�me qu'est le dictionnaire donne �pauvre� comme synonyme de �n�cessiteux� et vice-versa, l'usage a, il est vrai, introduit une nuance entre les deux mots. Le tout est de savoir pourquoi le je-ne-sais-plus-quelministre, d�clencheur de cet exaltant d�bat sur le sens des mots dans la �lougha adjnabya�, ce qui nous fait passer le temps du Ramadhan, est all� titiller cette d�licate nuance ? Sans aller jusqu'� fignoler le d�tail, Abedlatif Benachnou, ci-devant ministre de l'Economie, avait, lui aussi, doublement nuanc� son propos en annon�ant en son temps qu'en Alg�rie, il n'y avait pas de pauvret�, mais seulement des poches de pauvret�, et que l'Alg�rie est un pays pauvre qui se prenait pour un pays riche. Il n'y a bien s�r pas de contradiction entre ces deux termes. Il y en a une, par contre, et de taille, entre la premi�re proposition et la r�alit�. Un repr�sentant du FMI d�clarait en octobre 2000 � Alger que �l'Alg�rie n'est pas un pays pauvre�. On l'entend. Avec les r�serves de change actuelles, il serait m�me un pays riche. Mais la richesse du pays n'emp�che pas la pauvret� de ses habitants. En Alg�rie, il y a des n�cessiteux, certes. Mais comment diable d�tecter ces pauvres plong�s dans la clandestinit� ? Comment voir dans le noir ce fil gris qui passe entre pauvres et n�cessiteux ? Un pauvre, on le voit. Du moins, on croit savoir le voir. Il suffit de faire confiance � ses yeux. Un pauvre, il se d�cline comme un riche : vous le d�masquez au premier regard. Il est enguenill�. Tout son corps trahit le manque de moyens. Il dort, de plus en plus, dehors et il essaye de survivre en tendant la main. Mais un n�cessiteux ? Il est sans doute comme vous et moi, mais il manque du n�cessaire. Pour perturber ce jeu passionnant de sept erreurs entre deux mots de la langue fran�aise, il faut juste rappeler que, depuis le temps, on a forg� des instruments pour d�terminer un seuil de pauvret�. Les organismes d�pendant de l'Onu, comme le Pnud, fixent le seuil de pauvret� en de�� de 2 dollars par jour et par personne. Quiconque vit avec moins de 2 dollars par jour est pauvre. �a fait quoi, 2 dollars ? 150 DA ? Combien d'Alg�riens disposent-ils de moins de 150 DA par jour pour vivre ? Si le je-ne-sais-plusquel- ministre n'arrive pas � trouver ces pauvres qui ont le vice de se d�guiser en n�cessiteux, je peux lui en fournir, de t�te, des quartiers entiers dans les villes d'Alg�rie et surtout dans les campagnes. Mieux ou pis que �a : je suis s�r qu'il se trouve, dans les �tages inf�rieurs du propre minist�re de je-ne-sais-plusquel- ministre, des fonctionnaires qui vivent avec moins de 150 DA par jour. Mieux ou pis encore que le mieux ou pis de tout � l'heure : m�me les cadres du minist�re de je-nes a i s - p l u s - q u e l - m i n i s t r e vivraient, s'ils n'arrondissaient leurs fins de mois dans quelque boulot parall�le, juste-juste, et pourraient �tre, eux aussi, des n�cessiteux. Mais peut-�tre que je prends l� des exemples limites. Lors d'un s�minaire organis� � Alger par l'Amep (Association maghr�bine pour l'�tude de la population), en mars dernier, un chercheur alg�rien �tait parvenu � un taux de 7% de la population vivant au-dessous du seuil de pauvret�. La norme en mati�re de calories consomm�es par une personne pauvre est de 2100 par jour. En 2004, ce seuil n'a pas �t� atteint par 7% de la population. Trois millions d'Alg�riens sont touch�s par le ch�mage selon les statistiques officielles, ce qui fait un r�servoir de pauvret� d�tonnant. Surtout au moment o� l'Alg�rie engrange, gr�ce � l'affolement du prix du p�trole, des r�serves de change faramineuses ! Cependant, moins de 20% de la population poss�dent 50% de ces richesses insolentes. Faute de donn�es, le Pnud relevait qu'une �connaissance intuitive� permet de noter que la pauvret� s'est accrue en Alg�rie ces derni�res ann�es. La pauvret� vous saute aux yeux, mon bon monsieur. En soustrayant de vos comptes optimistes les n�cessiteux, vivant avec trois fois rien, les faux mendiants qui profitent de la croissance spectaculaire de la pauvret� pour s'en sortir, les ch�meurs qui ont des revenus dans des activit�s informelles, il restera tout de m�me beaucoup de monde. Quand on aura bien travesti les chiffres pour cacher ces pauvres qu'on ne saurait voir, mis un voile pudique sur tout ce qui peut montrer que dans la r�publique des fr�res il y en a qui bouffent un peu plus que les autres, il restera ce d�veloppement inoui de la d�linquance, de la mendicit�, de la prostitution, de toutes sortes d'activit�s informelles pour servir d'indicateur infaillible de la paup�risation. En disant qu'il y a des n�cessiteux, l� o� la pauvret�, l'extr�me pauvret� m�me, est criante, le je-ne-sais-quelministre veut d�douaner le pouvoir auquel il appartient. Je comprends qu'on ne soit pas fier de fabriquer, au nom du bien et de la nation, des pauvres plus vite que des biens de premi�re n�cessit�. Quelques n�cessiteux, �a va encore ! Mais tant de pauvres, tu te rends compte ? On a dit que l'Alg�rie est un pays riche o� il y a beaucoup de pauvres. �a aurait chang� quoi si l'Alg�rie �tait un pays pauvre avec plein de riches ? La distinction s�mantique de je-ne-sais-plus-quelministre ne puise pas son sens dans le tabou que constitue l'�vocation de la pauvret�, qui signifie l'effondrement des syts�mes de solidarit� communautaire au profit d'individualismes voraces. Non, elle doit tenir de la pr�gnance de l'id�ologie nationaliste qui, en construisant une communaut� de �fr�res� au lieu d'une r�publique de citoyens, induit fatalement une sorte d'�galitarisme. Celui-ci a �t�, cahin caha, respect�, du moins en apparence, gr�ce � la redistribution de la rente, syst�me que Boumediene avait baptis� �socialisme�. Aujourd'hui, la privatisation des entreprises publiques, l'id�ologie du gain rapide et facile, a cr�� une comp�tition f�roce o�, pour une poign�e de �gagneurs�, une immense majorit� de laiss�s-pourcompte paye les frais. On n'ose pas les appeler par leurs noms : pauvres ! Ils sont n�cessiteux, soit ! Mais qu'est-ce que ce serait s'ils �taient carr�ment pauvres, mon pauvre ami !

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