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COLLOQUE DE L'ACB "SUR L'AUTRE CAMUS"
Lectures multiples et diverses de l��uvre de l��crivain De notre bureau de Paris, K. Baba-Ahmed
Publié dans Le Soir d'Algérie le 01 - 11 - 2005

En organisant un colloque sur Camus et en le faisant animer par des universitaires, �crivains et journalistes ayant travaill� sur l��uvre et la vie de Camus, l�Association de culture berb�re, ACB, a pris le pari de sortir d�une lecture univoque de l��uvre de cet �crivain et d�apporter la nuance � des lectures souvent extr�mes, qui encensent ou rejettent en bloc �crits et positions de l�auteur.
Le pari a �t� gagn�. Anim� par l��crivain et confr�re Arezki Metref, le colloque a permis � chacun des conf�renciers de livrer sa lecture de Camus et � l�assistance venue tr�s nombreuse, de faire de m�me, en un d�bat souvent passionn�, et � cela, en s�y attendait. Le grand m�rite de cette rencontre aura �t� de faire �uvre de p�dagogie, en �coutant l�autre Camus, mais aussi l�autre pr�sent dans la salle, celui qui ne porte pas n�cessairement le m�me Camus que vous. Henri Alleg, journaliste et �crivain, militant communiste infatigable, qui a donn� � d�couvrir au monde la pratique par le syst�me colonial de la torture (in la Question) a centr� son intervention sur �Camus et l�anticolonialisme�. D�embl�e, il clarifie les choses en rappelant que le journal Alger R�publicain dans lequel Camus �tait journaliste de 1937 � 1940 n�est pas l� Alger R�publicain de la p�riode coloniale et que les �ditos de ce journal indiquaient clairement que �l�Alg�rie �tait la France�. Il rappellera que Camus a quitt� le Parti communiste au moment o� le PC affirmait l�id�e nationale et d�clarait que l�avenir de l�Alg�rie �tait dans son retour � l�alg�rianit�. Il y a, donc, pour Alleg interrogation. Plus que l��uvre, Alleg interroge les faits et actions de Camus pour ne trouver en �cet �crivain de grand talent� qu�une �position flottante� qui le fait protester et s�indigner de la situation dans laquelle se trouvaient les Alg�riens mais qui ne l�a jamais conduit � d�noncer le fait colonial ni � s�engager en faveur du mouvement national alors qu�il avait le prestige du prix Nobel de litt�rature. Et � propos de ce prix, obtenu en 1957 par l�auteur de l�Etranger, la Peste, la Chute, le Mythe de Sisyphe� et beaucoup d�autres romans, essais et pi�ces de th��tre, Henri Alleg a la conviction que ce prix n�a pas seulement r�compens� le talent de l�auteur mais en la conjoncture d�alors, faite de guerre froide, l�auteur aurait �t� prim� pour ses engagements contre ce qu�on appelait alors le totalitarisme des pays de l�Est et la d�fense de la d�mocratie. Camus, dira Henri Alleg, mort trop jeune, aurait peut�tre �t� autre chose s�il avait v�cu plus longtemps, mais lorsqu�il s�indigne des conditions faites � la population de Kabylie dans ses reportages �la mis�re en Kabylie� il le fait comme l�aurait fait un Europ�en, ignorant les conditions sociales d�un peuple qui pourtant ne vit qu�� cent kilom�tres de la capitale. Camus, dira-t-il encore, �qui se penche avec d�lectation sur les ruines de Tipasa�, ne fait jamais r�f�rence au pass� glorieux de l�Alg�rie et ne mentionne � aucun moment que l�Alg�rie n�a pas �t� le pays d�un peuple mais de plusieurs peuples et le berceau de plusieurs civilisations. Henri Alleg mentionnera cependant � l�actif de Camus la position qu�a eue ce dernier dans l�affaire El-Okbi (Cercle du progr�s) et pour laquelle il assura une couverture de proc�s qui se distinguait des couvertures d�autres journaux de l��poque.. Hac�ne Hireche, enseignant de langue et de civilisation berb�res � Paris 8, s�attacha, dans son expos�, � tenter de mettre en relief les �motions de Camus contenues dans le reportage qu�il consacra � �la mis�re en Kabylie� et qu�il publia en juin 1939. Cette analyse de contenu, et donc au plus pr�s du texte, fait conclure Hireche que dans ce reportage sur la mis�re en Kabylie, aucune �motion de Camus ne se d�gage, l�emploi du �on� de la distanciation �tant r�v�lateur. Camus est, selon lui, distant de la population kabyle qu�il d�crit avec un certain paternalisme. Le seul sentiment qu�assume directement Camus est celui de la charit�. Pour Hac�ne Hir�che, ce texte de Camus qui �voque �un peuple inconscient, impr�voyant, un peuple affam� est plus le texte �d�un anthropologue qui voit de loin ces populations� et qui �d�responsabilise� le pouvoir colonial, dans cette mis�re. Denise Brahimi, universitaire, essayiste, sp�cialiste des relations litt�raires entre la France et le Maghreb, s�est int�ress�e � �l�humanisme m�diterran�en de Camus�. Cet angle d�approche de l��uvre de Camus est d�autant plus int�ressant que des questionnements multiples se sont r�v�l�s en 2005, � propos du r�f�rendum sur la Constitution europ�enne, sur �quelle Europe construire ?�. M�me si l��uvre de Camus est tr�s dat�e et donc impr�gn�e de son temps, elle aide cependant � r�fl�chir. L�intervenante d�veloppera longuement sur l�effritement de l�humanisme m�diterran�en de Camus ou sorte d��quilibre et harmonie (immobilisme, intemporalit� condamnation de l�exc�s, de la violence, l�individu beau et bon � la fois�) et l��volution de l�auteur vers un nouvel humanisme qu�il conna�tra dans une rupture qui se fait jour avec son arriv�e en France. L�humanisme de Camus deviendra alors europ�en mais ne sera surtout pas national, l�id�e de nation et ce qu�elle v�hicule comme rapprochement avec le nazisme lui �tant intol�rables. L�Europe est alors pour Camus � construire selon un axe Nord Sud et elle ne peut-�tre que d�mocratique, d�une d�mocratie nouvelle, � r�inventer et diff�rente de l�Europe politicienne. Une Europe bas�e sur des principes de morale et fond�e sur le premier de ces principes qu�aucune fin ne justifie les moyens et qui �claire l�opposition de Camus aux r�volutions. Denise Brahimi qui n�a pas pris de raccourci pour d�velopper cette progression de la pens�e de Camus sur l�Europe a conclu en d�clarant �qu�une pens�e qui refait surface apr�s 50ans comme celle de Camus, ne peut �tre une pens�e faible�. Nabil Far�s, en psychanalyste, exposera �Entre litt�rature et politique, une �thique de l�acte et de l�humain�. Apr�s de longs et int�ressants d�veloppements, Far�s dira que l��uvre de Camus est profond�ment enracin�e dans le malentendu et Camus aurait pu �tre un autre, ce que la guerre et la colonisation ont emp�ch� d��tre. A nous, conclut-il, d��tre autres, des �tres d�barrass�s des stigmatisations sommaires, des typages et cat�gorisations qui emp�chent de vivre ensemble. La derni�re intervention, celle de l�universitaire Chritiane Chaulet Achour( qui a produit de nombreuses �tudes sur la litt�rature alg�rienne et l�Alg�rie), abordera le �choc des humanismes � travers Camus, Robl�s et S�nac. Trois types d�humanismes et trois positionnements diff�rents, chez trois hommes ayant eu beaucoup de choses en commun : enfance alg�rienne ; hommes de gauche, mais dont l�engagement �tait d�une intensit� in�gale m�me s�il y a eu entre les trois une �convergence de voie cr�atrice�. D�bat passionnant que nous a offert l�ACB et qui devrait, pour l��change f�cond, se poursuivre par d�autres rencontres de ce niveau.

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