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NOUVELLE DE LEILA ASLAOUI
Dans la grisaille d�Alger (1)
Publié dans Le Soir d'Algérie le 09 - 11 - 2006


Premier r�cit
Envelopp�e dans son ha�k
blanc, le bas du visage dissimul�
sous une voilette en mousseline
crochet�e de dentelle, la dame
scrute du regard les l�gumes et
les fruits. Un petit sachet en plastique
de couleur verte � sans
doute pour les commissions �
appara�t de sa main droite.
Malgr�
son �ge certain, Hadja � je la pr�nommerai
ainsi, ne connaissant
pas ses nom et pr�nom � se tient
bien droite et ses yeux marron
clair sont encore tr�s beaux. Elle
ignore que des images conserv�es
de l�enfance d�filent dans ma
m�moire. Ce sont celles
d�Alg�roises au port altier, semblables
� de jolies colombes
blanches avec leurs voiles (ha�ks)
blancs en soie, qui marchent doucement
sans se presser. Des
femmes qu�on ne voit plus dans
les rues d�Alger. A quoi bon ? Les
rues elles-m�mes ne sentent plus
le jasmin d�antan et Alger n�est
plus Alger de jadis.
Hadja demande le prix de la
pomme de terre.
� 60 DA (soixante) r�pond le
commer�ant un tantinet g�n�.
Tous deux se connaissent
depuis si longtemps !
� Dieu tout puissant o�
allons-nous ? Le plat du pauvre de
jadis est devenu un produit
luxueux, dit-elle � voix haute
comme si elle se parlait � ellem�me.
Une voiture rutilante descend
la pente � toute allure.
Son conducteur stationne
devant la baraque. Il quitte son
v�hicule et n�entend pas passer
inaper�u.
Engonc� dans son costume �
rayures d�un autre temps, il est
impossible de le rater, sa grosse
bedaine guide son cerveau et
ses pas. Sa grosse voix est ponctu�e
de reniflements r�p�t�s. Le
marchand de l�gumes ne regarde
plus dans la direction de Hadja,
elle lui fait perdre trop de temps et
n�ach�tera peut-�tre rien ou si
peu.
� Marhaba... Marhaba (bienvenu)
cela fait si longtemps qu�on
ne vous a pas vu... Vous nous
avez manqu�... Que vous faut-il
aujourd�hui ?
� J��tais fort occup� ces
temps-ci. Entre le travail, les
r�unions surtout avec le chef de
l�Etat, je n�ai plus une minute �
moi. Aujourd�hui, j�ai d�cid� de me
d�tendre ce jeudi matin en faisant
moi-m�me mes courses. Vous
mettez de tout dans le couffin, des
l�gumes, des fruits et n�oubliez
pas les avocats, surtout les
avocats, les enfants les adorent !
Hadja rit sous sa voilette. Elle
me chuchote � l�oreille que le visage
de l�homme ne lui est pas
inconnu.
Je lui confirme qu�elle a vu
juste : l�homme est le premier
responsable d�une haute institution.
Alors que le marchand de
l�gumes s�affaire sachant que sa
recette sera excellente aujourd�hui
gr�ce � ceux, comme ce fid�le
client qui ne demandent jamais les
prix, l�autre balance un gros crachat
par terre. Un de ces �glaviots�
qui vous coupe l�app�tit pour
une semaine. J�ai le c�ur au bord
des l�vres et regarde Hadja.
Elle rit sous sa voilette. Elle
feint de s�adresser au marchand
de l�gumes.
� Kader mon fils, lorsqu�on y
r�fl�chit de plus pr�s, on se rend
compte que le probl�me de ce
pays ce n�est pas le prix de la
pomme de terre... Tu m��coutes
au moins ?
L�autre ne r�pond pas. Hadja
ne l�che pas prise ; une lueur
espi�gle, coquine traverse ses
yeux.
� Le probl�me c�est celui de
tous ces �bagarines� (nouveaux
riches, arrivistes) qui nous envahissent.
Ils peuvent, certes,
presque tout acheter et tout s�offrir.
Presque tout sauf deux biens
qu�ils n�acquerront jamais. Les
bonnes mani�res et l��ducation
car celles-ci sont inn�es. Nos
a�eux ne disaient-ils donc pas :
�Un homme bien �duqu� est
pr�f�rable � un homme instruit
� ?
Kader est silencieux. Il est
sans opinions.
Le haut cadre de la nation qui
vient d�arroser le sol de ses
microbes et de ses tares, la regarde
� la d�rob�e. On devine dans
ses yeux dissimul�s derri�re ses
gros verres � double foyer, l�agacement,
la col�re ; m�me s�il s�efforce
de n�en rien laisser para�tre.
Hadja est repartie son sachet vide
� la main. Sa richesse � elle ne
peut plus lutter contre les sept
kilos de pommes de terre dont
le cracheur a remplis son
panier.
Deuxi�me r�cit
Farid a tout juste six ans. Il
s�amuse dans la grande cour de la
cit�-dortoir qui l�a vu na�tre. Il surveille
sa petite s�ur �g�e de deux
ans. Un petit gar�on de son �ge a
arrach� � celle-ci la poup�e de
chiffon qui lui sert de jouet et de
doudou. Farid l�entend pleurer. Il
monte quatre � quatre les escaliers
de l�immeuble. Sa m�re lui
arrache le couteau de cuisine
dont il s�est empar�.
� Que fais-tu donc ? On ne
s�amuse pas avec un couteau.
� Un voisin a frapp� ma
s�ur, je vais l��gorger.
� Allons, allons mon fils, c�est
tr�s grave ce que tu dis l�, tu ne
dois plus jamais prononcer ces
mots. Tu m�entends ? Plus jamais.
Ce n�est rien, c�est une petite
querelle entre vous, tu dis � ce
gar�on de ne plus importuner ta
s�ur. Voil� tout.
� Alors pourquoi chaque fois
que je fais une b�tise tu me dis
�Nadhab�hek (je vais t��gorger)
�Nechrob demek� (je vais boire ton
sang) ? demande Farid � sa
maman.
La m�re exerce comme psychologue
dans une cr�che...
Troisi�me r�cit
Une jeune fille ressort de la
poste satisfaite la veille de A�d-El-
Fitr d�avoir pu, apr�s plusieurs tentatives,
retirer la somme d�argent
utile � sa famille. Elle est heureuse
d�annoncer � sa m�re la bonne
nouvelle. Au moment o� elle s�appr�te
� remettre son portable dans
le sac, un voleur la menace d�un
couteau sous l��il indiff�rent des
passants. Elle lui remet son appareil
et se dit qu�elle s�en tire � bon
compte.
Un jeune homme feint de courir
derri�re le premier et parvient
m�me � l�appr�hender ! Il rattrape
la jeune fille et lui dit : �Je suis policier,
accompagnez-moi au commissariat
pour d�poser votre plainte.�
Elle les suit tous deux.
Dans une ruelle d�serte, ils la
d�lestent de son sac � main et de
son argent. Elle fond en larmes.
Le policier � le vrai � auquel elle
relate sa m�saventure la sermonne
s�v�rement :
� On n�a pas le droit d��tre
aussi na�ve... Et puis pourquoi
vous promeniez-vous avec de l�argent
et un portable, vous savez
pourtant que les voleurs sont partout
? L�homme finit par se calmer.
Il se montre plus gentil.
�Que voulez-vous qu�on fasse
? Sit�t appr�hend�s, ils sont
lib�r�s par milliers. Pourquoi
voudriez-vous qu�on se mouille ?
C�est � vous citoyens de vous
d�fendre.
Quatri�me r�cit
Une homme �g� est au volant
de sa voiture. Plus qu�une heure le
s�pare de la rupture du je�ne. Un
jeune homme le double � un virage
dangereux et lui fait presque
une queue de poisson. Ils s�insultent
par gestes et paroles, puis le
plus jeune immobilise son v�hicule.
Il a un objet tranchant � la
main, l�autre descend muni d�une
barre de fer. Ils ne se parlent pas
et avancent l�un vers l�autre. Cela
se passe sur une autoroute.
Les automobilistes ralentissent,
regardent la sc�ne. L�un de
ceux-l� consid�re qu�il n�y a pas
d�action. �C�est nul, dit-il. Ces
deux-l� ce n�est pas le genre rapide,
ils m��nervent, moi, j�aurai d�j�
agi.�
Heureusement qu�une
patrouille de gendarmerie arr�ta
sa Nissan et s�para les deux je�neurs.
Cinqui�me r�cit
Il pleut � verse aujourd�hui.
Une femme tente d��viter les
grosses flaques d�eau. Soudain
son pied s�enfonce dans un trou,
elle tombe et ne parvient pas � se
remettre debout. Lorsqu�elle est
secourue par des hommes de
passage dans cette art�re d�une
commune alg�roise, son pied lui
fait atrocement mal. A l�h�pital, on
diagnostique une m�chante fracture
au niveau de la cheville.
La dame n�entend pas en rester
l�. Elle veut d�poser une plainte
contre l�APC cens�e nettoyer
et cureter les �gouts. Son p�re,
fonctionnaire � la retraite, l�en dissuade
:
� Si j��tais juge, je te demanderais
d�abord pour quelles raisons
as-tu �prouv� le besoin de
sortir sous cette pluie torrentielle
alors que tu n�avais rien � faire
dans la rue ce jour-l� ?
� Mais mon action sera utile
aux autres, personne ne peut
donc contr�ler un homme et son
�quipe que nous-m�mes avons
�lus ?
� A la prochaine �lection, tu
porteras tes dol�ances � ceux qui
viendront solliciter ta voix, mais tu
�viteras de sortir les jours de pluie
car les maires sont bien au-dessus
d�un �gout !
L. A.
NB. : �Dans la grisaille
d�Alger� ce sont des faits r�els
que j�ai v�cus moi-m�me ou
que des citoyens (nes), des
parents, des amis me racontent
et que je relate fid�lement.
�Dans la grisaille d�Alger�
entre le r�cit et la nouvelle, c�est
aussi la morosit� du quotidien
de l�Alg�rien que celui-ci traite
souvent avec humour et courage.


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