Au moment o� l�inamovible ministre de l��cole fait la tourn�e des popotes pour parler politique, en vue de la prochaine reconduction pr�sidentielle, les potaches, eux, s�chent les cours et occupent la rue. A l�instant m�me o� ce pr�tendu p�dagogue de la R�publique se mue en �endoctrineur� du r�gime et p�rore sur les vertus du civisme �lectoral devant un parterre de boutonneux d�sorient�s, la col�re des enseignants enfle. Chaperonn� par le premier flic du pouvoir et parlant sous son contr�le, il s�embrouille dans son sermon et commet de malheureux amalgames, au point de �vendre� le succ�s aux examens en �change de l�embrigadement politicien. Allant jusqu'� renier ses directives et apporter des d�mentis � ses propres circulaires ! Jusqu�� garantir l�acc�s � la �peau d��ne�, qu�est le baccalaur�at, � toutes et tous � l�occasion de cette saison �lectorale. Sous sa conduite, l��cole alg�rienne ne cesse de se d�valuer. Elle est devenue, par la force des improvisations et des consid�rations politicardes, la premi�re fabrique de faux dipl�m�s du secondaire, dont plus de la moiti� n�ira pas jusqu�au bout de ses �tudes sup�rieures. Car, sous le label de la r�forme, il n�a, dix ans durant, rien fait d�autre que de recycler des programmes � peine toilett�s et souvent en mal. Il a multipli� les manuels et les mati�res, au point de rendre confuse l��valuation qu�il corrigera par le d�testable recours � la fixation pr�alable du taux de �r�ussite�. Un g�chis. Une montagne de gaspillages de talents et de potentialit�s. Il n�y a pas d�autres formules pour qualifier l��cole actuelle. Celle qui craint toujours de se remettre en cause. Pourtant, cela fait des lustres que les diagnostics appellent � sa refondation. Une conviction largement partag�e aussi bien par les praticiens de l�enseignement que dans les milieux associatifs et qui est sciemment escamot�e au nom d�on ne sait quel principe de pr�caution. C'est-�-dire une prudence plut�t id�ologique que p�dagogique. De conf�rences en ��tats g�n�raux� et promesses �lectorales (en 1999 et 2004, la r�forme �tait inscrite dans le programme de Bouteflika) � la cr�ation de factices commissions, sa refondation a toujours �t� index�e aux malsains calculs politiques. Unanimement, la communaut� nationale dans toute sa diversit�, relais associatifs et chapelles politiques confondus, n�a eu de cesse d�appeler � une nouvelle mise en �quation des programmes scolaires et des outils p�dagogiques. En vain. Le saupoudrage fut la seule r�ponse qu�on lui r�serve tout ce temps-l�. Aussi, faut-il s�attendre � ce que le mois de juin 2009 (p�riode des examens) ressemble aux pr�c�dents, autant par l�inflation des messages d�autosatisfaction que par l�inertie, devenue une modalit� de gestion. Or, le pire, � travers cette propension � arranger les statistiques, est de faire accroire que notre �cole change en mieux. C�est une dangereuse hypoth�que que non seulement, on cache, mais pire, qu�on manipule pour gagner en sympathie politicienne. Autant dire qu�elle va finir par envoyer des g�n�rations enti�res au rebut de l�illettrisme. Bien plus qu�une concession de la part du pouvoir aux lobbies hostiles � la r�orientation du discours p�dagogique et au changement des outils de l�enseignement, c�est d�j� un crime que de se contenter de r�am�nagements secondaires. Quand tous les sp�cialistes s�accordent sur l�urgence d�une rupture avec un syst�me ravageur et insistent, de surcro�t, sur la menace qui p�se en aval sur la qualit� de nos universit�s, que r�pond le centre de d�cision ? Rien, sinon en mettant sous le coude les rapports alarmants, puis en battant le rappel des anciens promoteurs d�une �cole format�e par les nuisances doctrinales du r�gime. L�on aura, par cons�quent, compris pourquoi le pouvoir actuel tergiverse sur ce dossier et quel dividende il s�efforce de tirer par le biais du matraquage patriotard (lev�e quotidienne du drapeau et chant de l�hymne national) et l�odieux embrigadement des lyc�es au profit exclusif d�un homme politique. Une d�rive grave qui ressemble aux pratiques de l�islamisme politique. Mais alors, que faire face � ce conditionnement et ces marchandages qui sont en train de d�truire le sanctuaire du savoir et de la citoyennet� ? C�est la question que se posent avec inqui�tude les parents et les associations. Ceux-l� seraient peut-�tre les seuls � ne pas renoncer � d�fendre la cause d�une �cole performante et soustraite � l�endoctrinement. Otage d�apprentis sorciers politiques, l��cole alg�rienne capitule d�ann�e en ann�e. En attendant que surgisse dans ce pays un Jules Ferry nourri des v�ritables valeurs de la citoyennet�, nos instits et nos profs continueront � se battre dans l�indiff�rence mortelle d�une soci�t� profond�ment bless�e jusqu�au mutisme. Tant il est vrai que rien ne lui a �t� �pargn�, jusqu�au �squat� des �tablissements scolaires afin d�en faire des annexes de la grande chapelle du pouvoir ! Une h�r�sie dont ne se rel�vera pas de sit�t notre syst�me �ducatif.