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Des lime lights à l'obscurité
Publié dans Le Temps d'Algérie le 20 - 02 - 2009

Si tous les acteurs rêvent de poser un jour un Oscar sur leur cheminée, remporter une statuette dorée comme celles remises dimanche à Hollywood est loin de garantir le succès d'une carrière et peut même la couler, remarquent des experts.
«Je ne pense pas que gagner un Oscar constitue une garantie pour une future carrière»d'acteur, explique Lew Harris, consultant pour le site internet Hollywood.com. Parmi les comédiens récompensés ces dernières années par l'Académie des arts et des sciences du cinéma, nombreux sont ceux dont les films suivants ont déçu, note-t-il, le cas le plus marquant étant Cuba Gooding junior, Oscar du second rôle en 1997 pour Jerry Maguire à l'âge de 29 ans.
Depuis, il n'a jamais trouvé de rôle à succès et s'est égaré dans des séries B, comme Daddy Day Camp et Norbit. Massacrés par la critique, ces films lui ont valu deux nominations en 2008 aux Razzie awards, qui distinguent le pire de Hollywood. Sans tomber aussi bas, Marisa Tomei, nommée une troisième fois aux Oscars cette année pour The Wrestler, a connu une carrière en dents de scie après avoir décroché l'Oscar du second rôle en 1993 pour Mon cousin Vinny.
«Marisa Tomei n'a pas réussi à redémarrer après son Oscar, juge M. Harris, pour qui «si on est jeune, si l'on n'est personne et que l'on gagne un Oscar, cela attire l'attention de tout le monde sur vous alors que vous n'êtes pas prêts». Autre comédien dont la carrière s'est ralenti après un Oscar, Adrien Brody, meilleur acteur en 2003 pour Le pianiste. «Il avait eu de très bons rôles» avant sa récompense, et «il a mis pas mal de temps à s'en remettre», affirme l'expert. Célébré pour le rôle de Ray Charles dans Ray, Jamie Foxx n'a pas retrouvé de rôle valorisant depuis son Oscar en 2005, jouant dans des films d'action de série comme Stealth, Deux flics à Miami et Le royaume.
«Une statuette offre peu de bénéfices pour la carrière d'une star. Dans de nombreux cas, elle est suivie par un passage à vide», remarquait récemment l'un des éditorialistes du journal spécialisé The Hollywood Reporter, Steven Zeitchik. Oscar du second rôle en 2004 pour Retour à Cold Mountain, Renée Zellweger a vu tous ses films échouer depuis. Sa dernière comédie romantique New in town est même sortie du «top 10» du box-office après une semaine d'exploitation.
Sa partenaire à l'écran dans Cold Mountain, Nicole Kidman, a quant à elle quitté l'année dernière le classement des 10 actrices les mieux payées de Hollywood qu'elle survolait pourtant en 2006, après une série de déconvenues au box-office. Selon un imprésario anonyme cité par le Hollywood Reporter, le problème est qu'un Oscar «ne change pas la nature des rôles qu'on propose» aux acteurs. «Mais cela change la nature des rôles auxquels (les acteurs) pensent pouvoir prétendre».
Et tout revient donc à l'intelligence dont les comédiens font preuve dans le choix de leurs rôles après avoir été récompensés. «Il y a des gens qui savent bien orienter leur carrière. D'autres, particulièrement après qu'ils ont gagné, essaient de capitaliser très vite sur leur Oscar, mais prennent des rôles qui leur font du tort à long terme», selon M. Harris. Ils pensent que «leur Oscar va les absoudre s'ils font des choix malheureux. Mais en un sens, (l'Oscar) amplifie» ces errements, affirme-t-il.


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