Pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir, le président turc, Erdogan, compte parmi ses concurrents pour les élections législatives et présidentielle tenues hier, une figure charismatique capable de lui faire de l'ombre : Muharrem Ince, député du Parti républicain du peuple (social-démocrate et laïc) fondé par Atatürk en 1923. Le 21 juin, il a rassemblé près de 2,5 millions de personnes lors d'un meeting à Izmir, selon ses organisateurs. En outre, il s'oppose frontalement au présidentialisme mis en place par la réforme constitutionnelle votée par référendum en 2017 et fait campagne sur un redressement économique du pays. Des élections qualifiées de difficiles pour Erdogan : malgré son indéniable popularité, ce pari n'est pas gagné d'avance. Le 21 juin, il a rassemblé près de 2,5 millions de personnes lors d'un meeting à Izmir, selon ses organisateurs. En outre, il s'oppose frontalement au présidentialisme mis en place par la réforme constitutionnelle votée par référendum en 2017 et fait campagne sur un redressement économique du pays. Le président, qui avait gagné la confiance de ses citoyens grâce à une politique économique ayant permis la stabilité économique de la Turquie, fait désormais face à une situation délicate. Si la Turquie affiche un taux de croissance mirobolant de 7,4% en 2017, ce qui la place devant la Chine, les à-côtés sont nombreux et commencent à peser sur les ménages turcs : un endettement des entreprises. L'opposition a fait le choix inédit du front commun. Le 2 mai 2018, le Parti républicain du peuple de Muharrem Ince, le Parti démocrate (conservateur) et le Bon parti (nationaliste laïc) nouvellement créé, annonçaient la constitution d'une coalition pour les législatives : l'Alliance de la nation. Recep Tayyip Erdogan peut légitimement redouter un autre concurrent : dans le sud-est du pays, ce n'est pas l'Alliance de la nation qui menace l'AKP, mais le Parti démocratique des peuples (HDP), représentant du mouvement kurde. La répression exercée par l'Etat turc dans le cadre du conflit qui, depuis 1984, l'oppose aux combattants indépendantistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), n'a pas permis d'étouffer la révolte régionale. En 2015, le HDP parvenait même à entrer à la Grande Assemblée nationale. La réélection de Recep Tayyip Erdogan ne fait presque aucun doute. L'enjeu pour le Reïs est ailleurs. Il s'agit pour lui d'éviter un second tour, qui ferait figure de camouflet personnel, et avant tout d'éviter une cohabitation, qui viendrait très sérieusement remettre en cause les orientations politiques adoptées par le président turc et rendrait la Turquie ingouvernable, compte tenu des divergences entre l'AKP et ses opposants. S'il réussit son pari, le président turc verra en revanche sa légitimité renforcée de manière incontestable et durable un soutien de son propre peuple dont il ne manquera pas de se prévaloir sur la scène internationale. Le président turc qui cherche à renforcer les prérogatives applicables dés 2019, a préféré des élections anticipées. Le président turc, confronté à la colère populaire, craint de ne pas gagner les élections de 2019 et cherche l'application des prérogatives dés 2018. Recep Tayyip Erdogan était gagnant de l'élection présidentielle en Turquie, hier, après le dépouillement de plus d'un quart des bulletins, selon l'agence de presse étatique Anadolu.