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L'Ahaggarou le mariage heureux du temps et de l'espace
Publié dans Le Temps d'Algérie le 27 - 02 - 2009

Le patrimoine matériel et immatériel de l'Ahaggar est devant nous, vivant, à ciel ouvert. dANS l'Ahaggar, les chaînes de l'Atakor dominent la région. Le mont Tahat, le plus haut d'Algérie, s'élève à 3003 mètres d'altitude.
Chaque montagne, chaque ruisseau porte en lui des innombrables légendes touareg. Tahat, en amoureux transi s'est battu contre une autre montagne pour sa belle aimée représentée par le pic Ilamen. Il en sortit victorieux et le vaincu a dû s'exiler par honte.
Asel Bourak est une région que les Touareg évitent et où ils n'aiment pas se rendre par peur d'y rencontrer «Asouf» (Djen), certains affirmant que la nuit, on entend les sons du Tindé.
Pour le déjeuner, le melfouf, vraiment succulent, a fait fureur : à base de foie et de graisse, il est grillé sur la braise. Bonjour le cholestérol ! sauf si on prend du thé. Dans la foulée j'en sirote 2 verres.
Départ vers le tombeau de Tinhinen, le campement de Bey Ag Akhamokh, l'ancien village d'Iglen,hélas, reconstruit en parpaing. Le patrimoine matériel et immatériel de l'Ahaggar est devant nous, vivant, à ciel ouvert. Il paraît qu'en repartant à la découverte, rapidement après le repas, on a raté, un élément du patrimoine immatériel de la région : la sieste.
Absegh, Tindé et thé
A Abalessa, ancienne plaque tournante du commerce du sel, des chameaux et des esclaves, on a installé, dans le cadre des festivités, un campement reproduisant le mode de vie touareg. Travail artisanal, art culinaire, sont exposés, jeux, chants et danses sont exécutés par des associations locales.
Je ne refuse pas l'invitation de goûter une préparation à base de dattes écrasées et de farine de blé. C'est sucré et c'est bon. Ce mets, très énergétique, accompagné de lait permet aux agriculteurs et aux bergers de résister à toute une journée de dur labeur. Le blé, le maïs, le lait et la datte constituent leurs produits alimentaires de base.
A côté des aliments, trônent de nombreuses touffes de plantes attachées. Celle-ci pour le mal de dos, celle-là pour les problèmes gastriques… Les Touareg ont toujours vécu en harmonie avec la nature et ont su s'adapter et adapter la nature à leurs besoins. La biodiversité est pour eux une ressource naturelle dans leur vie quotidienne.
Dans les marchés de la région de Tamanrasset vous trouverez exposés à la vente de nombreuses plantes médicinales qui sont même exportées vers le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Cette pratique ancestrale est détenue par les femmes touareg nomades à travers tout le territoire de l'Ahaggar. Son savoir se transmet oralement de génération en génération.
La sève de l'Absegh (Acacia Raddina) traite l'acné. Les feuilles et les racines de Tamakerzist (Aerva Persica) sont antivénéneuses. La plante Akaraba (anastatica Hierochuntina) renforce le système immunitaire et facilite l'accouchement.
Les femmes racontent que lorsqu'une maman est proche de la délivrance on met Akaraba dans un récipient rempli d'eau, et dès qu'elle commence à s'ouvrir, le bébé vient au monde. Ahliouene est utilisée comme un aphrodisiaque.
Les associations culturelles mettent en avant l'ancestralité de la fabrication des peaux et des ustensiles en bois dans cette société organisée des Touareg. Le bois est issu de l'arbre Tabarket. J'apprends qu'il y a des siècles, les Touareg se partageaient les tâches et les fonctions pour préserver aux mieux la nature.
Une seule tribu avait le droit de chasser, elle remettait le gibier au chef à qui revenait la charge du partage. Cette méthode leur permettait de sauvegarder la faune. Dans le campement, de très belles filles arborent de magnifiques habits touareg aux couleurs chatoyantes, généralement achetés au Niger. Un ami artiste en a le tournis.
Il souligne que leur beauté vous procure les mêmes sensations lorsque vous êtes en plein désert et que vous tombez sur une oasis. J'arrive tout de même à le faire avancer pour aller admirer la danse Takouba et les chants du Tindé. On en profite pour faire une cure de thé à chaque fois qu'on en rencontre sous une kheïma. C'est un délice.
«Sidi Jilali, gloire à lui !»
L'Abechniw (le soliste), Barka Foulani dirige le chant et la danse. Le groupe vêtu de djellabas et chèches blancs, debout en demi-cercle, reprend en cœur les textes avec des claquements de mains. La gestuelle se confond entre des balancements vers la gauche et vers la droite, vers l'avant et vers l'arrière. Un son doux et une chorégraphie magique qui vous entraînent et marquent votre âme. J'espère qu'il récitera les vers dédiés au mystique Sidi Abd Al qadir Al Jilani, fondateur de la Qadariyya.
Barka Foulani, vit l'Ahellil au plus profond de son être et sait vous transporter avec ses envolées musicales d'un timbre chaud et la force de son empreinte sur le verbe. L'Ahellil du Gourara des ksours de Kali, Charouin, Aougrout, Talmine et d'autres chante les louanges à Dieu, au Prophète et aux saints. A l'origine, les textes étaient profanes et parlaient de femmes, de chevaux, de nature, de batailles.
Si, au départ, les groupes étaient mixtes, ils ont évolué vers des groupes exclusivement masculins, les groupes féminins jouant pour les femmes à l'intérieur des maisons. M. Rachid Bellil, chercheur et spécialiste d'Ahellil estime que cette transformation représente une régression pour cet art.
Les cérémonies de l'Ahellil se déroulent la nuit et peuvent se poursuivre jusqu'au matin avec un groupe qui peut atteindre la centaine. L'Ahellil est présent lors des Ziarate aux Ouali. Une des plus grandes manifestations d'Ahellil à Timmoun est sans doute celle liée au Sbou (Fête du Mouloud). Foulani vient de baisser respectueusement la tête et ne bouge plus. Il a cédé sa place au milieu de la troupe au joueur de tamja, une flûte en roseau.
Aux côtés de la tamja, deux percussions, l'aqâllal (la plus grande) et taqâllalt (la plus petite) accompagnent la psalmodie dans l'Ahellil. Le groupe entame un autre rythme plus rapide, c'est le taggerâbt, il se chante assis alors que la gasba est remplacée par le bengri et l'aqâllal par l'adgha, une grande pierre plate qu'on frappe avec deux pierres.
Quand Ajla rencontre Chtima
Le poète Adjla Hamda semble perdu sans les joueuses d'Imzad qui ont l'habitude de l'accompagner. Ni Chtima, ni Chena, deux merveilleuses musiciennes, les plus anciennes, n'étaient présentes lors de l'ouverture du 1er festival du patrimoine immatériel organisé du 23 au 26 février en cours par l'OPNA et l'APC d'Abalessa à Tamanrasset.
Adjla affirme que la force des poèmes ne se manifeste qu'à travers les sons de l'Imzad.
Il se rattrapera à la soirée organisée à Abalessa. Dans la tradition, la femme joue de l'Imzad soit seule, soit accompagnée par un poète homme.
Mais la joueuse Chena a choisi de jouer de l'instrument et de dire les mots. L'homme ne doit en aucune façon toucher l'instrument, car dit-on, il ne pourrait plus aspirer à être un guerrier. Lors de la journée scientifique de ce festival, M. Dida, chercheur au CNRPH, a souligné que l'Imzad, en même temps instrument et genre musical, doit être sauvegardé en tant que patrimoine immatériel.
Les vers parlent d'amour, des femmes, d'«Illoudjane» (chameaux), de «Ouanda Tamou» (avant le lever du soleil) de l' «Ayis» (le cheval). Au moins 60 poèmes ont été enregistrés, transcrits et traduits par l'équipe de recherche de Dida. Côté mélodie, 41 airs ont été répertoriés.
Dans l'Imzad, «Amyer» est l'air initial qui donne naissance aux autres airs, très difficile à interpréter, les meilleures vont d'un air à un autre sans passer par «Amyer», les autres sont obligées de revenir à lui avant d'entamer une autre mélodie.
Très peu en sont capables à l'exception des plus avancées dans l'âge comme Chtima, Chena, Telenit, Khawlen, Tarzegh. La région a créé une école d'apprentissage de l'Imzad pour ne pas perdre cette tradition musicale menacée de disparition.
Le patrimoine poétique est lui aussi menacé et on se demande qui remplacera Ajla et Najem Akwar. La valorisation de ces traditions musicales reste difficile. Il se fait tard, retour à Tamanrasset-ville, le ciel est toujours inondé d'étoiles brillantes qui s'emblent vous parler.
Que demander de plus ! J'ai eu mon thé, mon Ahellil et mes étoiles. Des sons plein les oreilles, des goûts plein la bouche et des couleurs plein les yeux !


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