Le forum de la mémoire du quotidien El Moudjahid, en collaboration avec l'association Machaâl Echahid, a eu le mérite de revenir, avant-hier, sur une page de l'histoire du nationalisme algérien en consacrant cet espace au père du scoutisme en Algérie, en l'occurrence Mohamed Bouras. Mohamed Bouallag, commandant général des Scouts musulmans algériens (SMA), récemment installé, qui a animé la conférence, s'est attardé sur la vie de cet homme, ses sacrifices et les idéaux pour lesquels l'administration coloniale l'a condamné à mort. L'origine des scouts en Algérie remonte aux années 1930 lorsque fut créée une section de scouts à Miliana, Peu de temps après, une deuxième section est créée par Mohamed Bouras sous le nom d'El Falah qui sera officiellement agréée en 1936. Ces initiatives feront des émules et d'autres sections verront le jour un peu partout en Algérie. Cet accroissement de sections donna l'idée à Bouras de les regrouper au sein d'une ligue qui sera recueillie par le mouvement populaire dont le congrès qui eut lieu à El Harrach (Alger) fut présidé par Cheikh Abdelhamid Ben Badis. Les activités du Scout musulman algérien se multipliaient à travers le pays sous le patronage des oulémas réformistes, à l'image de Ben Badis, El Okbi et Bachir El Ibrahimi. Le mouvement se transforme en un temps record en véritable école du nationalisme dont l'objectif essentiel était d'inculquer aux jeunes les idées nationalistes. C'est justement en raison de cette prise de conscience constatée chez beaucoup de jeunes que l'administration française suivra de près les activités de Mohamed Bouras avant de procéder à son arrestation sous le motif ridicule de collaborer avec les nazis. Après avoir été atrocement torturé, il sera fusillé le 27 mai 1941 au polygone du Caroubier. Pour Bouallag, sa mort attisera davantage l'esprit du nationalisme au sein du mouvement scout. Preuve en est que beaucoup de héros de la guerre de Libération nationale ont fait un parcours de scout. On citera Ben M'Hidi, Didouche, Zighoud, Bougara, Ben Boulaïd et bien d'autres. «Sur les 22 révolutionnaires qui se sont réunis dans la fameuse villa de Lyès Derriche au Clos Salembier pour décider de la date du déclenchement du 1er Novembre 1954, 18 sont issus du mouvement scout», souligne le conférencier. Les SMA ont de tout temps et en toutes circonstances, montré leur disponibilité à servir la patrie. Après l'indépendance, les SMA ont continué leurs activités de porteurs d'eau au moulin de l'édification du pays. Les hordes terroristes n'ont pas épargné les scouts algériens ; l'on se rappelle à cet effet la tuerie de Sidi Ali dans la wilaya de Mostaganem. Des images poignantes de la télévision montrant des corps inertes en sang de jeunes louveteaux dont le seul péché était de se trouver au cimetière des martyrs pour déposer des fleurs sur la tombe de ceux qui ont sacrifié leur vie pour libérer l'Algérie du joug colonial. «Notre message, conclura le commandant général Bouallag, se résume en cette expression : chacun a un pays où il réside, pour nous (SMA) c'est le pays qui habite en nous.» A noter que le cimetière de Kouba porte le nom de Mohamed Bouras, chahid, que le président Bouteflika a décoré à titre posthume de «Athir», la plus haute distinction de la nation. Aujourd'hui, les SMA célébreront le 74e anniversaire de la mort de Mohamed Bouras. Une cérémonie de recueillement au dit cimetière est organisée et une troupe composée de 150 musiciens se produira au niveau de la Grande Poste (Alger-Centre). Dans l'après-midi, la salle Ibn Khaldoun abritera la cérémonie officielle en présence de personnalités politiques, du mouvement associatif et de la société civile.