«Avec la France, nous avons une histoire partagée et surtout, nous sommes différents des Italiens, des Portugais ou des Espagnols, du fait que nous soyons d'origine marocaine ou algérienne. La Charente, et surtout Angoulême, c'est un grand village où tout le monde ou presque se connaît. Cependant, il ne faut pas créer de polémique. Angoulême n'intéresse pas les terroristes djihadistes. Mais voilà : les gens ici amalgament sans cesse. La semaine qui a suivi les attentats, je n'ai pas travaillé. Alors oui, on peut dire que l'onde de choc a été ressentie jusqu'ici, puisque certains Français moyens ont eu tendance à tout mélanger et à mettre tout le monde dans le même sac. Je me souviens avoir reçu des menaces suite aux attentats de Madrid en 2004. Je crains que ce scénario se répète, même si jusqu'à présent, on ne m'a rien dit. Le problème de la France, c'est le fait colonial qui a été mal enseigné. La France ne dit pas ou si peu. Concernant l'Islam en Charente, nous avons la chance d'avoir des mosquées (Basseau et Soyaux, ndlr) gérées par des «modérés», et qui n'ont jamais été la plaque tournante du djihadisme et du salafisme. D'ailleurs, à ma connaissance, aucun Charentais n'est parti faire le djihad en Syrie. Si des jeunes, et il y en a quelques-uns malheureusement, ont applaudi à ces actes terroristes du 13 novembre, c'est que ce sont des désœuvrés. Ce qui s'est passé le 13 novembre n'a rien à voir avec les attentats de janvier, puisque les victimes sont chrétiennes, juives, musulmanes ou athées. C'est tout le monde qui a été touché. Je suis d'accord avec l'état d'urgence, mais je trouve son application tardive. Reste que s'il y a des divisions au sein des musulmans, la responsabilité incombe énormément au Conseil français du culte musulman, mais également au Conseil régional du culte musulman. Il n'y a pas et il ne peut pas y avoir un Islam de France. Il n'y a qu'un seul Islam. Quant à l'avenir ici en France, je suis pessimiste. Tout est devenu incertain, surtout pour nos enfants. Si on ne leur laisse pas quelque chose, je doute qu'ils puissent percer. Si je peux, je pense que je finirai par quitter la France.»