Des dizaines de milliers de partisans du candidat malheureux, l'ancien Premier ministre iranien Moussavi, organisaient une manifestation hier à Téhéran pour protester contre les résultats du scrutin à l'appel de Moussavi, malgré l'interdiction du ministère de l'Intérieur. La manifestation pacifique à laquelle ont pris part nombre d'opposants à l'élection d'Ahmadinedjad a été violemment réprimée et ponctuée par plusieurs arrestations. Les réactions ne se sont pas fait attendre. La France, un des premiers pays à réagir, a convoqué l'ambassadeur d'Iran à Paris, Seyed Mehdi Miraboutalebi, pour apporter «des explications au sujet des événements en Iran» et répondre «aux doutes exprimés sur la régularité du scrutin». «La France comme ses partenaires de l'Union européenne attend des réponses claires aux doutes exprimés sur la régularité du scrutin», a dit le porte-parole du Quai d'Orsay, Eric Chevallier, ajoutant que Paris «condamnait les nombreuses arrestations, notamment de personnalités politiques, intervenues depuis samedi». De son côté, l'ambassade d'Iran à Paris a fustigé «les déclarations hâtives, irresponsables et interventionnistes de certains responsables du gouvernement français», sans fournir de précisions. Pour lui, «ni la France ni aucun autre pays ne se trouve dans une position lui permettant d'émettre le moindre doute» sur la présidentielle iranienne. Ce que semble contester l'ex-président réformateur iranien Mohammad Khatami qui a réclamé la tenue d'une nouvelle élection présidentielle en Iran et s'est dit «déterminé» à poursuivre son opposition aux résultats du scrutin remporté par le président sortant Mahmoud Ahmadinejad. «L'ex-président réformateur va aussi se joindre à une manifestation de soutien en cours à Téhéran au candidat Mir Hossein Moussavi, qui a contesté la réélection du président sortant», a fait savoir son frère Mohammad Reza Khatami. «Nous continuerons notre mouvement jusqu'à ce que les résultats de l'élection soient annulés et un nouveau scrutin organisé», a-t-il encore dit. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, avait annoncé avoir également convoqué l'ambassadeur d'Iran à Berlin en raison des violences policières à l'issue du scrutin, alors que la chancelière allemande Angela Merkel a condamné «les arrestations qui ont eu lieu lors des manifestations». De son côté, le Premier ministre britannique Gordon Brown a déclaré que l'Iran doit répondre aux «questions sérieuses» soulevées par la réélection contestée du président iranien Mahmoud Ahmadinejad. Pour lui, «la manière dont le régime répond aux manifestations légitimes aura des implications sur les relations de l'Iran avec le reste du monde à l'avenir». Les Etats-Unis quant à eux se sont déclarés «profondément préoccupés par les violences post-électorales», le département d'Etat US indiquant «observer prudemment» les suites de la réélection contestée d'Ahmadinejad. Pour sa part, l'UE a demandé à l'Iran d'enquêter sur la conduite de l'élection présidentielle en Iran et déploré «l'utilisation de la force contre des manifestants pacifiques», tout en assurant vouloir continuer le dialogue «avec la République islamique d'Iran sur les bases du respect mutuel». Autre son de cloche à l'instance onusienne qui joue la prudence. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé au respect de «la volonté véritable du peuple» lors de l'éléction remportée par Ahmadinejad. «La volonté véritable du peuple doit être pleinement respectée», a déclaré M. Ban à la presse en réponse à une question sur la situation en Iran, ajoutant que «dans n'importe quel pays, quand il y a une élection, la volonté véritable du peuple doit être reflétée et respectée de la manière la plus transparente, juste et objective». M. Ban a indiqué «suivre de près» cette situation, notamment «la façon dont l'enquête va se dérouler», en référence à l'annonce par les dirigeants religieux iraniens qu'une enquête serait menée sur le déroulement de l'élection présidentielle.