De mémoire d'Algérois, jamais les prix des fruits n'ont atteint les seuils actuels. En dehors de la banane dont le cours, on ne sait par quel secret, a gardé sa stabilité, pour ne pas dire une chute, tous les fruits, notamment locaux, sont hors de portée des bourses moyennes. Même l'abricot, pourtant en pleine saison, ne veut pas en démordre. Quant aux fruits dits désaltérants comme la pêche, la pastèque et le melon avec leurs différentes variétés, ils tiennent la dragée haute et pas question pour eux de garnir le couffin du pauvre. De la nectarine à la jaune parfumée en passant par la rouge juteuse, la pêche se négocie entre 350 et 480 DA sur les étals. La pastèque, très prisée en cette période des grosses chaleurs n'est pas cédée en dessous de 80 DA le kilo. Pour une famille moyenne, il faut débourser 500 à 600 DA pour en savourer une. Le melon n'est pas cédé à moins de 700 DA la pièce. A 1000 DA le kilo, les cerises sont au sommet de la hiérarchie. Les consommateurs, bien «qu'affriolés» par ce beau fruit, se contentent pour la majorité de faire comme dans la fable, «le renard et les raisins», après tout ce n'est que de la cerise sur le gâteau ! Quant au pourquoi de cette flambée des prix, pour le moins exceptionnelle, les représentants de la fédération nationale des marchés de gros des fruits et légumes affiliée à l'Ugcaa, cette situation découle d'un déséquilibre entre l'offre et la demande. Cette dernière étant actuellement plus importante, due à une frénétique consommation ne répondant ni à nos traditions ni à nos valeurs issues d'une religion prêchant la sobriété, a fini par induire une augmentation des prix que contrôlent les intermédiaires. Ceux-ci sont à l'affût du moindre comportement négatif des consommateurs pour tirer les prix vers le haut. Les prix affichés par les marchés de gros restent raisonnables. A titre d'exemple, les prix des différentes variétés de pêche à la mercuriale du marché de gros des Eucalyptus se situent entre 150 et 250 DA le kilo. L'ensemble des marchés des fruits et légumes de la capitale est, faut-il le rappeler, approvisionné par 1600 intermédiaires. Ils font donc la pluie et le beau temps en matière de prix. C'est à eux et à eux seuls qu'échoit la régulation d'un secteur où l'Etat a toujours brillé par son absence. Mais d'autre part, ainsi que l'a expliqué le président de la dite fédération, un autre facteur est à mettre cette année au compte de cette flambée des prix, à savoir la régression de la production où la floraison de certains arbres fruitiers ne s'est pas faite dans de bonnes conditions en raison des perturbations climatiques. Toutefois, les spécialistes prévoient une baisse des prix des fruits et légumes surtout de saison dans les prochains jours.