Les habitants de la commune de Timezrit, à 40 km à l'extrême sud-est de la wilaya de Boumerdès, sont durement pénalisés en raison de sous-développement qui frappe leur localité depuis plusieurs décennies. Perchée sur altitude de plus de 900 m, la commune de Timezrit n'a aucune ressource de financement. L'APC survit grâce aux aides octroyées par l'Etat dans le cadre des plans communaux et sectoriels de développement (PCD et PSD). Le montant annuel des PCD ne dépasse pas les 4 milliards et couvrent difficilement les charges de gestion des affaires de l'APC. La localité abritant plus de 10 000 habitants, n'est toujours pas dotée en zone d'activité pouvant créer de la richesse et des ressources de financement. Le plan directeur d'aménagement urbain (PDAU) ne prévoit pas de réaliser une zone d'activité afin d'en finir un tant soit peu avec le chômage qui prend en otage la frange juvénile. Le manque d'assiette foncière ne le permet d'ailleurs pas. Cette carence s'est répercutée négativement sur le gel de plusieurs projets de réalisation d'infrastructures publiques, à l'image du projet de 150 logements sociaux locatifs, du CFPA, de la bibliothèque communale, la maison de jeune et la salle de sport. «L'absence d'assiette foncière a contribué au sous-développement de notre commune», nous dira un Kamel, un représentant des villageois. Et d'ajouter : «Faute de cette carence, plusieurs projets, notamment celui des locaux commerciaux du président de la République ont été délocalisés vers d'autres localités». L'absence de terrain a n'a pas permis non plus la réalisation du lycée inscrit depuis plus de dix ans. «Un propriétaire terrien a vendu une parcelle sur laquelle le lycée est implanté, mais les travaux tardent à s'achever. L'établissement risque de ne pas être livré, l'année prochaine, ce qui contraindra les lycéens à revivre les mêmes conditions de scolarité, à savoir poursuivre leurs études au niveau des lycées des Issers et de Bordj Ménaïel», explique notre interlocuteur. Les élèves déplorent le manque de moyens de transport scolaire et se disent pénalisés par la navette journalière. De même, les collégiens des villages éprouvent d'énormes difficultés à rejoindre les bancs de CEM du chef-lieu de la commune, particulièrement en période hivernale quand la région est sous la neige. Ce manque s'ajoute à celui de cantine scolaire. Les élèves, dont ceux de l'ancienne école primaire, n'ont droit qu'à un repas froid pour casser la croûte à midi. Le froid glacial, le ventre creux et l'absence de moyens de transport sont des ingrédients essentiels pour les enfants scolarisés de Timezrit. La couverture sanitaire dans la localité fait aussi défaut. Réalisé à coups de millions de centimes depuis plus de cinq ans, le centre de soins du village Aït Sidi Amara n'est toujours pas fonctionnel. La polyclinique du chef-lieu communal fonctionne au ralenti. La radiographie n'est pas fonctionnelle en raison du déficit en personnel médical et paramédical et la maternité n'est toujours pas mise en service. Les villageois déplorent, en sus de cela, l'absence de permanence durant la nuit. Cette situation contraint nombre d'habitants à se faire soigner dans les EPH de Bordj Ménaïel et de Thénia. L'eau potable est l'un des problèmes majeurs qui affectent la localité depuis des décades. Or, aucune solution n'a été présentée afin d'y mettre un terme. Les foyers sont alimentés à partir des forages tarissables de Kef Lagaâ, à Tadmaït. La citerne d'eau toujours de rigueur Le projet d'alimentation en eau potable de la station de Cap Djenet est à l'arrêt depuis plusieurs mois en raison d'oppositions de propriétaires terriens. L'été arrive et aucun plan d'urgence n'a encre été établi pour approvisionner les populations en eau potable. «Pour étancher notre soif, nous recourrons à l'achat de citernes à eau à des prix dépassant les 1 300 DA l'unité», affirme un habitant d'Afir Azzazena. Outre cela, le réseau routier de la commune est complètement dégradé, notamment au niveau de tronçon du CW 151, à hauteur d'Aït Messaoud-Toursal. Même le CW 107 qui relie la commune à celle de Naciria est abîmé en plusieurs endroits. La localité, en outre, est mal lotie en matière de logements. Depuis 2010, seul un programme de 150 logements est inscrit au profit de Timezrit, et le projet n'est toujours pas entamé. Les habitants réclament de plus en plus d'aides dans le cadre de l'habitat rural, grâce au Fonal, mais l'offre est en-deçà des aspirations des demandeurs qui dépassent les 1 000 dossiers. La plupart des nouvelles constructions Fonal ne sont pas raccordées au réseau d'électricité. Près de 2 000 nouvelles habitations rurales à l'échelle de wilaya ne sont pas électrifiées à ce jour. La localité fait face aussi à la prolifération dangereuse de déchets. L'absence d'une décharge publique ne fait qu'aggraver les choses, en multipliant les décharges sauvages et en favorisant les jets anarchiques de poubelles.