Le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, a «combattu» hier à Genève, sur tous les fronts. Droits de l'homme, démocratie, interdiction des marches à Alger, multipartisme…Dans sa déclaration introductive à la 27e session du Mécanisme d'examen par les pairs du Conseil des droits de l'homme, il n'a laissé aucun thème de côté. Evoquant comme premier argument, la tenue régulière et dans les délais d'élections qui est, selon lui, «la parfaite démonstration» du pluralisme en Algérie, il assénera que la démocratie «n'est ni un slogan de campagne, ni un caprice d'intellectuels». Cela est illustré à ses yeux par «la diversité de la composante du Parlement où sont représentés 36 partis et une vingtaine d'indépendants, le fonctionnement démocratique des institutions, le foisonnement de l'expression libre des opinions, le développement prodigieux du mouvement associatif». Il illustrera aussi la réalité de ce pluralisme algérien par l'existence de 71 partis politiques agréés et de plus de 100.000 organisations non gouvernementales et l'exercice des libertés syndicales par 65 organisations. Estimant que toutes les régions d'Algérie connaissent une intense activité qui vise à mobiliser les militants ou les sympathisants autour de programmes et d'idées qu'ils partagent en commun, justifie l'interdiction des marches à Alger, un fait souvent relevé par beaucoup pour affirmer qu'il n'y a pas de libertés en Algérie, par «des considérations propres à la capitale», prise à «titre exceptionnel». «L'Etat ne peut, en sa qualité de responsable de l'ordre et de la sécurité publics, se risquer à les autoriser lorsqu'il est avéré que leurs organisateurs ne remplissent pas les conditions qui concourent à leur déroulement pacifique et sans porter préjudice aux biens des personnes ou être la cible de visées terroristes», s'est défendu Lamamra qui n'hésitera pas à «inviter» des membres du Conseil des droits de l'homme (CDH) pour mesurer les réalisations en matière de droits de l'homme. Cette nouvelle initiative «témoigne de la volonté du gouvernement algérien de poursuivre avec le CDH le dialogue (…)», estime Lamamra qui s'interrogera toutefois sur «le bien-fondé de certaines requêtes, motivations qui les sous-tendent et de l'insistance que formulent certaines parties pour les voir aboutir». Il rappellera que l'Algérie a donné son accord de principe, en décembre 2013, pour une visite d'information au Groupe de travail sur les disparitions forcées. Assurant dans la foulée que l'Algérie fait sien le principe de l'universalité des droits de l'homme, le ministre des AE ajoute qu'elle récuse (…) l'uniformité. Universalité VS uniformité «L'universalité ne doit aucunement signifier unicité et/ou uniformité du modèle d'organisation sociale ou politique», a-t-il souligné. Et en faisant allusion à la secte ahmadiyya dont beaucoup de membres ont été arrêtés récemment, il affirmera que l'Algérie considère que le respect aux religions «ne doit pas être attentatoire, au nom de la liberté d'expression, aux croyances et aux convictions des centaines de millions de fidèles». Faisant observer que la liberté de culte et de religion «est garantie en Algérie par la Constitution», il a expliqué que l'exercice des cultes, y compris l'islam, «doit obéir à des considérations telles que le lieu doit être identifié, répertorié et connu des autorités publiques, les personnes prêchant ledit culte doivent avoir la qualification requise, et l'autorité religieuse (nationale) doit autoriser cet exercice», soulignant qu'«il n'y a aucune différence en Algérie dans le traitement de l'exercice des libertés religieuses». Pour lui, les cas d'interdiction ou de présumées restrictions, voire de poursuites, «n'ont aucun rapport avec l'exercice des libertés religieuses puisque les personnes poursuivies le sont pour des infractions au droit commun, telles que l'entrée ou le séjour illégal, la collecte non autorisée de fonds, l'exercice illégal d'une profession réglementée ou la promotion de visions sectaires attentatoires à l'ordre public». Dans un autre registre, le chef de la diplomatie algérienne assurera que «l'Algérie poursuivra avec détermination cette lutte contre les groupes terroristes, et leurs sponsors politiques et médiatiques, ainsi que contre tous ceux qui par des artifices fallacieux cherchent à légitimer leurs forfaits criminels», estimant que la menace terroriste, qu'«il ne faut pas occulter, continuera de planer sur des Etats du voisinage». «Il n'existe pas de censure en Algérie» Toujours dans le domaine des libertés, le ministre des AE a estimé que la presse en Algérie est l'une des «plus libres» dans sa sphère géographique. «La presse en Algérie est, de l'avis unanime des observateurs, l'une des plus libres dans sa sphère géographique. Avec 142 quotidiens, 43 hebdomadaires et 90 autres périodiques mensuels, elle reflète à la fois les opinions, les courants de pensée et la réalité sociologique en Algérie», a-t-il soutenu, soulignant que le secteur de la presse a longtemps bénéficié du soutien de l'Etat. Ce secteur qui a longtemps bénéficié du soutien de l'Etat en matière de prestation et d'allègement de charges, «est aujourd'hui dans un espace concurrentiel où seul le lecteur est juge et, par conséquent, détermine la viabilité économique des titres de presse», a-t-il expliqué, affirmant qu'«il n'existe pas de censure, ni de monopole sur l'impression, puisque des collectifs de journaux se sont organisés pour acquérir les équipements nécessaires et procéder, pour leur propre compte et pour d'autres titres, à l'impression de journaux». Pour Lamamra, «il n'existe pas de délit d'opinion en Algérie, ni de peine privative de liberté pour les professionnels de l'information».