Ce qui était redouté fortement depuis des semaines est finalement survenu. Les Etats-Unis ont pris la décision de quitter l'accord de Paris sur le climat. Une décision qui aura des conséquences graves sur l'environnement et l'écosystème dans le monde. L'annonce a été faite, jeudi, par le locataire de la Maison Blanche. Donald Trump a justifié cette décision par le fait que «les Etats-Unis sont désavantagés» par cet accord. Il veut, toutefois, engager de nouvelles négociations pour «atteindre un deal équitable». S'exprimant dans un long discours dans les jardins de la Maison Blanche, il ajoutera aux sujets des négociations que «si nous le pouvons, tant mieux, si nous n'y arrivons pas, tant pis». Pour le Président américain, la décision de ce retrait n'aurait «pas beaucoup d'impact sur le climat». Et d'ajouter : «Je ne veux rien qui puisse se mettre en travers de notre chemin pour redresser l'économie américaine». Il réclame un nouvel accord climat «dans des termes justes pour les Etats-Unis», jugeant que l'actuel «n'est pas assez dur avec la Chine et l'Inde». Il faut dire que la décision de Trump était déjà dans l'air. Elle n'est pas une surprise en soi, car durant sa campagne pour la présidentielle, il avait déjà fait part de sa volonté de s'en retirer. Et au dernier sommet du G7, les pays membres n'ont pas pu s'entendre sur cette question et convaincre le Président américain d'adhérer à cet accord. Devant cette situation, les pays amis des Etats-Unis, notamment européens (Berlin, Paris et Rome), ont réagi officiellement dans un communiqué commun, soulignant que l'accord ne pouvait en aucun cas être renégocié. Le Président français, s'exprimant depuis l'Elysée dans une allocution télévisée jeudi soir, tout en affirmant respecter cette décision souveraine, mais l'a regrettée et l'a considérée comme «une erreur pour les intérêts» des Etats-Unis. Emmanuel Macron a aussi refusé la renégociation de cet accord. «Rien n'est négociable dans les accords de Paris», lui a-t-il répliqué. Pour les conséquences de ce retrait américain, le Président français évoque des effets néfastes sur l'environnement el l'écosystème mondial. «Si nous ne faisons rien, nos enfants connaîtront un monde fait de migration, de guerre et de pénuries [...] Cela a déjà commencé», a-t-il prévenu. S'exprimant en anglais, le Président français a souligné la responsabilité commune de tous les pays : «Make our planet great again», a-t-il lancé, dans une paraphrase du slogan de Donald Trump (Make America great again). Le gouvernement belge a estimé, quant à lui, que la décision était «irresponsable» et «portait atteinte à la parole donnée». La France a appelé, donc, l'ensemble des pays signataires à demeurer dans le cadre de l'accord de Paris. Trump isolé... La chancelière allemande Angela Merkel a affirmé, quant à elle, être «plus déterminée que jamais». Les Nations unies, qui chapeautent l'accord, ont fait part de leur «grande déception». Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, s'est exprimé hier lors de l'ouverture d'un sommet entre l'UE et la Chine à Bruxelles. «Notre partenariat aujourd'hui est plus important que jamais», a assuré M. Juncker. Et la lutte contre le changement climatique, «plus importante aujourd'hui qu'hier», a lancé le chef de l'exécutif européen en guise d'introduction. Le Premier ministre chinois, Li Kequiang, a assuré de son côté que la Chine allait «continuer à mettre en œuvre les promesses faites lors de l'accord de Paris», ajoutant qu'il préférait le faire «avec la coopération des autres». Barack Obama, qui fut l'un des principaux architectes de l'accord, a également réagi. L'ex-Président américain a regretté, dans un communiqué, cet arbitrage de son prédécesseur et a rappelé que l'accord n'avait pu voir le jour, en 2015, que grâce au «leadership américain sur la scène mondiale». De nombreuses figures du monde économique ont fait part de leur déception. Il s'agit des dirigeants de grandes compagnies américaines, notamment les patrons de General electric, du constructeur de voitures électriques Tesla, de Disney et de la banque Goldman Sachs. Des personnalités du monde politique, comme Bernie Sanders, John Kerry et tous les démocrates américains ont unanimement condamné la décision de Donald Trump. «Retirer les Etats-Unis de l'accord de Paris est un acte inconséquent et indéfendable», a notamment réagi l'ancien vice-président Al Gore, engagé dans la préservation de l'environnement. Pour la réussite de l'accord de Paris, signé en décembre 2015, les 190 pays se sont engagés à contenir la hausse de la température moyenne mondiale «bien en-deçà» de 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle. Washington est considéré comme le deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre après la Chine. Pour les experts, Donald Trump a invoqué l'article 28 de l'accord de Paris, qui permet aux signataires d'en sortir. En raison de la procédure prévue, le retrait ne deviendra effectif qu'en 2020. Cependant, le Président américain a pris le soin de préciser que les Etats-Unis cessent «dès aujourd'hui» son application. Au-delà de la secousse que représente cette annonce, l'inquiétude est réelle concernant les financements, tant pour la Convention climat de l'ONU (23% du budget apportés par les Américains) et l'aide internationale aux pays les plus pauvres, à l'instar du Fonds vert. Sur le plan écologique, ce sont surtout les pays dits en développement qui subiront les impacts du changement climatique. En Afrique, la famine dramatique exacerbée déjà par le changement climatique va encore s'accentuer.