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Entre friperies et dons d'associations: Ces familles qui fêtent l'Aïd autrement
Publié dans Le Temps d'Algérie le 22 - 06 - 2017

Le Ramadhan et l'Aïd El Fitr sont pour les familles algériennes deux rendez-vous synonymes de grosses dépenses. Si certaines s'en sortent tant bien que mal, d'autres au contraire subissent l'affront du destin. Reportage sur quelques cas pris sur le vif.
Karim et sa femme traînent leurs trois enfants depuis plusieurs heures. Les mioches sont fatigués et les parents encore plus en cette dernière semaine de Ramadhan. C'est dans une friperie de la rue Hassiba Ben Bouali que nous les avons rencontrés. Le chef de famille avoue de prime abord son impuissance à satisfaire sa progéniture dans un magasin de prêt-à-porter. Le budget, fait-il savoir, accordé à cette opération, s'avère bien loin des prix affichés. Dix mille dinars, c'est tout ce qu'il a pu mettre de côté pour faire plaisir à ses enfants. Une somme loin de couvrir la demande. Lui, il est agent de sécurité à l'APC de Sidi M'hamed dont les salaires des travailleurs, depuis quelque temps, ne sont pas versés régulièrement. «Comment s'en sortir, ajoute-t-il, quand on touche sa paie avec plusieurs jours de retard et qu'en prime, la moitié est destinée à rembourser les dettes ?» Un engrenage dans lequel se retrouvent généralement les gens à revenus bas. Revenant à la charge, le père de famille explique sa situation : «Je ne boucle jamais mes fins de mois sans dettes et les fêtes religieuses sont ma bête noire. On a donc opté ma femme et moi pour acheter ce qu'il y a de moins cher, et tant pis pour le luxe».
Mohamed, un quadragénaire émacié, fait du shopping forcé, selon son expression, précisant que ce genre d'activité ne concerne pas les gens démunis comme lui. Dans sa catégorie, dit-il d'un air résigné, on ne négocie pas dans les magasins éclairés aux spots mais dans les petites boutiques sombres portant le nom de friperie. Avec sa petite famille de cinq enfants, il fait face à la rude épreuve de satisfaire la marmaille et rentrer chez lui avec la conscience d'avoir accompli sa mission de responsable de famille. Factotum dans une boite privée, il confie sans ambages ne pas se permettre le luxe. «pour mes mômes, c'est moi qui décide», lance-t-il d'un ton ferme, avant de relancer que son salaire d'à peine 25 000 DA, allocations familiales comprises et la femme au foyer ne lui permettent pas de faire la fine bouche. «Chez nous, le Ramadhan ne fait pas de différence avec les autres mois de l'année. L'essentiel est de manger à sa faim, telle est notre devise. Les extras comme les sucreries, c'est plutôt l'œuvre des bienfaiteurs, Ikattar khirhoum» (que Dieu multiplie leurs biens). Quand vient l'Aïd, je n'ai d'autre alternative que de me rabattre sur ces lieux où l'offre convient à mon porte-monnaie. En faisant trois ou quatre boutiques, on finit par dégoter l'objet désiré. Quelquefois, on fait de bonnes affaires, d'autres, on se décide par rapport au prix. Encore une fois, ce n'est pas par plaisir qu'on vient ici. L'unique fois dans l'année où je cède au sacrifice, c'est à la rentrée scolaire, et c'est déjà beaucoup. Sans cette austérité, je traînerai aujourd'hui une dette lourde à payer». Voilà un homme prévoyant. Dans la boutique où nous prenons congé de lui, des parents fouillent parmi les pendoirs de vêtements utilisés dans l'espoir de mettre la main sur l'article recherché. Une opération loin d'être facile, à l'image de cette dame décidée d'arrêter ici ses courses. «J'ai déjà fait six boutiques entre Belcourt et Meissonnier. Il se fait tard et je dois rentrer», dit-elle, non sans conclure avec amertume qu'elle n'a pas trouvé, faute d'argent, ce qu'elle cherchait.
Jean Valjean ressuscité
Mustapha est issu d'une pauvre famille de paysans d'Ain Defla, région qu'il a quittée à l'adolescence. Il n'avait pas fréquenté l'école et s'est mis très jeune aux petits boulots. Il a même fait des courts séjours en taule. En bref, une partie de sa vie ressemble curieusement à celle de Jean Valjean, héros des misérables de Victor Hugo. De ville en ville, il a fini par se stabiliser en fondant une famille. Mais nourrir sept enfants et leur maman n'est pas une mince affaire. Une raison qui a fait de lui un spécialiste des friperies. «Je connais toutes les boutiques d'Alger, de Bab El Oued à El Harrach. Les gérants m'ont à la bonne et me gardent souvent des frusques en très bon état», confie notre homme, précisant que ses maigres revenus gagnés à la force des bras ne lui permettent pas d'aller pousser la porte d'un magasin chic. «Il faut un budget conséquent pour satisfaire ma smala, mais heureusement que ce genre de commerce existe, sinon c'est impossible. Il arrive souvent qu'on fasse de bonnes affaires à des prix très abordables», conclut le limier de la fripe.
Les associations, l'autre salut
Les associations de bienfaisance ont un rôle important durant les fêtes religieuses à travers les actions qu'elles mènent auprès des démunis. Farida, mère de quatre enfants, apporte ici un témoignage honorable à l'adresse de l'une d'elles. «A la mort de mon mari il y a près de cinq ans, raconte-t-elle, je me suis trouvée à la dèche. Le défunt était journalier et on vivait au jour le jour. Mes parents sont morts alors que je n'avais que neuf ans. De famille en famille, je n'ai pas reçu d'instruction comme tous les enfants de mon âge. Sans formation, aujourd'hui la seule issue pour subsister est de faire des ménages, et parfois pour des clopinettes. Il y a les âmes charitables pour sauver les meubles. L'arrivée d'une fête religieuse est pour moi une torture morale. Pendant bien des jours, on ne mange pas à notre faim, penser donc à acheter des vêtements neufs est une utopie. C'est pour cela qu'on est obligé d'aller frapper aux portes des associations caritatives. Depuis trois ans, je me rends régulièrement à une association placée sous l'égide du ministère des affaires religieuses et gérée par une école coranique qui collecte des vêtements au profit des nécessiteux. El hamdou lillah, mes enfants trouvent toujours de quoi porter le jour de l'Aid», confie-t-elle. Elle n'est pas la seule à recourir à cette mendicité déguisée. Ammi Tahar vit dans un quartier pauvre de Gué de Constantine. A près de quatre-vingts ans, il est le seul à s'occuper de la famille de son fils parti un jour sans laisser de trace. Sa maigre retraite arrive difficilement à couvrir les besoins alimentaires, sans parler des autres charges. Quant à l'habillement, c'est une question qui assomme le grand-père. Une association lui rend visite à chaque occasion pour lui remettre des colis destinés aux enfants et à leur maman. C'est un grand geste, confie-t-il. Mais le vieil homme, déchiré entre l'attente du retour de son fils et la misère qui lamine ses petits-enfants n'en peut plus de vivre des dons des autres.


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