L'éditeur sénégalais Malick Kane Docteur en anthropologie culturelle et éditeur de Afric Mag, revue de l'association African renaissance international ground qu'il dirige, Malick Kane participe pour la première fois au Salon international du livre d'Alger (SILA). Ce magazine, créé en 2015, est un support médiatique dans les deux langues (français et anglais) de cette organisation dont le siège est basé à Gorée et à New- York. D'une grande culture et avec beaucoup d'urbanité, Malick Kane épilogue avec volubilité et engouement cette revue. Préoccupé par le sort de l'édition africaine, Malick Kane estime avec sagacité que seuls les échanges multilatéraux et bilatéraux permettront de décoloniser l'édition africaine. Dans cet entretien, il met l'accent sur l'importance des «social medias» qui créent des passerelles entre les jeunes de différents pays et dont l'information est perçue en temps voulue. Le Temps d'Algérie : Vous venez de participer pour la première fois au SILA, qu'en pensez vous ? Malick Kane : Il faut saluer l'initiative d'avoir un salon à Alger alors que le monde se globalise davantage. On a une plate-forme littéraire culturelle quelle qu'elle soit en Afrique, en Algérie qui offre des opportunités aux créateurs, aux écrivains et à l'industrie du livre en général ainsi que des opportunités d'affaires, Networking, des échanges et des partages. Mais à l'avenir, il faudrait recentrer et repositionner l'outil SILA eu égards aux nouveaux développements de la technologie, d'Internet, de l'industrie du numérique pour s'adapter aux exigences d'un E -sila. Des rencontres «business to business» en seront le parachèvement de la démarche E-sila. En tant qu'éditeur sénégalais, que représente pour vous la littérature algérienne ? En Afrique, on devrait se concentrer sur les programmes d'échanges bilatéraux et multilatéraux. L'Algérie et le SILA sont des moyens de décolonisation de l'édition en Afrique. En ce qui concerne la littérature algérienne, je n'ai pas accès aux ouvrages d'auteurs algériens. Il n'y a pas une bonne circulation de livres entre les Africains. Je pense que de nos jours, on ne retrouve pas de littérature engagée, c'est la participation de l'auteur dans les affaires du pays. Comme disait le poète, dramaturge Aimé Césaire à bon escient : «Ma bouche sera la bouche de ceux qui n'ont point de bouche». Les écrivains algériens intègrent les questions sociales marginalisées dans leurs démarches littéraires et artistiques. C'est une littérature qui interroge la quotidienneté, une littérature d'éveil et cette prise de conscience permet la rébellion. Comparativement, comment définir actuellement la littérature sénégalaise qui a une longue tradition dans le domaine ? Actuellement, la littérature sénégalaise est très intéressante au regard de ce grand pays de renommée internationale en matière de littérature, berceau de Léopold Sédar Senghor (premier écrivain africain à siéger à l'Académie française), et de Meriama Ba. De nos jours, la nouvelle génération est en train de développer un afro-polytanisme. Un jeune écrivain de Dakar interconnecté avec des amis à Kinshasa, Durban, et Alger exprime des réalités supra sénégalaises qui intègrent des préoccupations afro-centriques mais aussi universelles comme disait Sédar Senghor «enracinement et ouverture». Cet afro-polytanisme est très intéressant car ce sont des styles vie «life-style» à travers la mode, les langues. Ces espaces sont à analyser par les langages des réseaux sociaux, des émoticônes, des slams. Ce sont des expressions qui constituent un pont entre les groupes.