Après une courte accalmie, les violences interethniques ont repris hier à Urumqi, capitale de la province chinoise du Xinjiang, où deux membres de la communauté ouïghoure ont été tués par la police. Dans un communiqué diffusé par le gouvernement d'Urumqi, les faits se sont produits dans un quartier musulman lorsqu'une patrouille de police a repéré «un groupe de trois contrevenants présumés ouïghours, munis de longs couteaux et de bâtons, qui prenaient en chasse un autre Ouïghour». Le communiqué ajoute que «la police a, en toute légalité, ouvert le feu, faisant deux morts chez les suspects et blessant un (autre) suspect».La police anti-émeutes, armée de fusils semi-automatiques, a immédiatement bouclé le quartier musulman et ensuite repoussé quelque 200 personnes du marché oriental. Des témoins, cités par des correspondants de presse, affirment que «des Ouïghours ont attaqué les soldats avec de grands couteaux et se sont fait tirer dessus», d'autres disent avoir entendu ce qui ressemblait à une dizaine de coups de feu et puis plusieurs boums et ensuite vu «plein de gens courir». Ces nouveaux troubles interviennent dans un climat de méfiance générale provoqué par les récentes émeutes qui ont fait 184 morts et des centaines de blessés dont près de 300 sont dans en état jugé grave. En dépit de la présence massive de forces de sécurité, les deux communautés ouïghoure et han redoutent la répétition de ces douloureux événements, les pires qu'a connus la Chine ces dernières années. Lundi matin, des commerçants avaient entrepris de réparer leurs devantures endommagées dans la flambée de violence du 5 juillet. Mais quatre jours après que les autorités eurent annoncé que la situation était «sous contrôle» à Urumqi, des centaines de policiers continuaient leurs patrouilles. Durant le week-end, Zhou Yongkang, un des neuf membres du bureau politique du Parti communiste, a appelé, au 3e jour d'une visite dans le Xinjiang, à ériger un «mur d'acier» contre les «forces hostiles», selon l'agence Chine Nouvelle. Des bannières rouges flottaient dans la ville, barrées de slogans : «Vive l'unité des groupes ethniques» ou encore «A bas la menace séparatiste». Des camions sillonnaient aussi la capitale régionale, équipés de haut-parleurs qui diffusaient des messages appelant le peuple à coopérer et à maintenir la stabilité sociale. La presse chinoise s'est fait lundi l'écho de la douleur des familles à la recherche de proches disparus, alors que les deux maisons funéraires désignées étaient pleines de victimes. Une semaine après les émeutes, seuls 63 corps avaient été récupérés par les familles, ont précisé les médias. «Je ne peux pas décrire l'état d'esprit de ces familles quand elles viennent réclamer les corps. Comment accepter que ceux que l'on aime meurent de cette façon ? Tout notre personnel pleure avec elles», a dit le responsable d'une des deux morgues au China Daily.