Il était peut-être écrit quelque part qu'un match Algérie-Egypte aurait bien lieu lors de cette CAN 2010. Les évènements qui se sont produits tout au long de cette compétition ont donc amené à ce que de telles retrouvailles se réalisent. Elles auraient pu avoir lieu plus tôt si le tirage au sort de la phase finale de cette CAN, effectué le 20 novembre 2009, avait placé ces deux équipes dans le même groupe. Le tirage au sort en question avait eu lieu 48 heures après le «choc» de Khartoum qui était revenu aux Verts d'Algérie. C'est dire combien était grande l'appréhension des deux côtés à ce moment-là tant les tensions étaient exacerbées à leur plus haut point. Un peu plus de deux mois après le rendez-vous d'Oum Dorman peut-on dire que ces tensions ont disparu et ne sont plus qu'un vague souvenir ? On le voudrait bien mais allez savoir de quoi sont capables les Egyptiens avant, pendant et après le match de ce soir ? Il faut bien garder en mémoire que dans tout le charivari qui a entouré les deux confrontations du Caire et de Khartoum du mois de novembre 2009, ce sont bien les Egyptiens qui s'étaient le plus engagés. Ce sont même eux qui avaient allumé la mèche qui avait fait exploser la poudrière et avaient continué bien après l'élimination de leur équipe de la Coupe du monde jusqu'à insulter l'Algérie et ses symboles. Tout cela parce qu'ils ont gardé en travers de la gorge le fait que ce soit l'équipe d'Algérie et pas la leur qui ira en Coupe du monde. Une Coupe du monde qu'ils croyaient taillée sur mesure pour leur sélection comme si celle-ci ne pouvait pas avoir des ratés et des passages à vide. Aujourd'hui que cette équipe égyptienne est qualifiée pour les demi-finales de la CAN, il est plus que probable que ces mêmes personnes voient en elle l'inéluctable vainqueur du trophée. C'est dire que si l'équipe d'Algérie venait à l'emporter ce soir on pourrait s'attendre à une très mauvaise réaction de la part des Egyptiens qui n'accepteront pas une nouvelle désillusion face aux joueurs qui avaient déjà sortis leur équipe du Mondial. Quand un joueur comme Mohamed Zidan affirme que «ce sera la victoire ou bien la mort», on voit bien que les Egyptiens n'ont rien changé dans leur manière de voir les choses. Comme quoi les imbéciles sévissent toujours et en grand nombre dans le pays des bords du Nil. Un titre à défendre On restera, pour notre part, dans les normes d'un match de football qui, certes, suscite de la passion mais qui ne doit, en aucun cas, donner lieu à des débordements qui n'ont rien à voir avec la bonne conduite sportive. Il ne s'agit ni d'une revanche ni d'une rencontre à quitte ou double. Ce sera une demi-finale avec comme enjeu une place en finale pour laquelle vont s'affronter deux équipes qui ne sont pas arrivées à ce stade de la compétition par hasard. Il y aura cette équipe d'Egypte qui a misé énormément sur la CAN depuis son élimination de la Coupe du monde. Plus encore, elle aura un important challenge à relever consistant à défendre son titre de champion d'Afrique conquis en 2006 puis en 2008. Deux consécrations qui appellent une troisième, du moins vu du côté égyptien. Et le moins que l'on puisse dire est que cette sélection des Pharaons s'est, très rapidement, adaptée aux conditions de cette CAN 2010 puisqu'elle a dominé son groupe lors du premier tour de la tête et des épaules, alignant trois succès en autant de matches et épinglant à son tableau de chasse un des futurs mondialistes africains, en l'occurrence le Nigeria. Et en quart de finale, elle a confirmé ces résultats en s'imposant face à un autre mondialiste, le Cameroun, dans un remake de la finale de la CAN 2008. Mais ce jour-là, il fallait bien admettre que l'équipe d'Egypte a paru moins fringante que lors des matches du premier tour. Elle a, même, subi la domination des Camerounais en seconde mi-temps tout en se contentant d'opérer par des contres. Sa chance a voulu que, dès l'entame des prolongations, elle ait bénéficié d'un énorme coup de pouce du défenseur camerounais Gérémi, auteur d'une passe à Gedo, l'attaquant égyptien, qui ne s'est pas fait prier pour donner l'avantage à son équipe. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, les Camerounais ont été assommés quelques minutes plus tard par un coup de massue asséné par l'arbitre de la rencontre et un de ses juges assistants qui ont décidé de valider un but égyptien alors que le ballon n'avait pas franchi la ligne du but. Mais il ne nous viendra pas à l'esprit de contester la légitimité du succès égyptien d'autant que, comme nous l'avons dit, la supériorité de l'équipe des Pharaons dans son groupe, durant le premier tour, a été impressionnante. Tous seront prêts Ce qui n'a pas été le cas de l'équipe d'Algérie dont il faut reconnaître que son passage en quart de finale s'est effectué par un trou de souris. Mais au contraire des Egyptiens qui ont brillé durant le premier tour avant d'être moins flamboyants en quart de finale, les Algériens ont effacé leur production en demi-teinte du premier tour par une prestation de grande qualité face aux Ivoiriens en quart de finale. Un match qui restera longtemps gravé dans les mémoires algériennes et qui a rejoint dans l'histoire le fameux Algérie-RFA du Mondial 82. Ce n'était pas tant le succès des Verts qui a paru extraordinaire mais bien la manière avec laquelle ils ont mené ce match qu'ils ont dominé jusqu'à faire plier l'épouvantail ivoirien. Cette débauche d'énergie a forcément occasionné certains dégâts dans le camp algérien avec des joueurs exténués et au bout du rouleau. Certains parmi ces derniers ont eu des séquelles qui se sont répercutées sur les séances d'entraînement pour lesquelles ils ont été exemptés. On pense à Ziani, Yebda, Meghni, Halliche et Chaouchi mais qui, aux dernières nouvelles, sont donnés tous partants pour le match de ce soir. On peut craindre aussi des retombées du match de la Côte d'Ivoire sur le plan physique car les Algériens ont été soumis ce soir-là à un combat sans merci par un onze ivoirien aux qualités athlétiques impressionnantes. Chaouchi et sa défense ont, ainsi, été soumis à une énorme pression que n'ont pas manqué de faire peser sur eux Drogba et ses camarades. Un exercice duquel les Verts sont sortis victorieux au point d'étouffer toute velléité qu'elle vienne de Drogba ou de Kalou, des stars confirmées dans leur club de Chelsea. Ces Verts-là ont pris de l'assurance au cours de cette CAN. Lourdement défaits lors de leur première sortie face au Malawi (3-0), ils n'ont fait depuis qui monter en puissance jusqu'à s'imposer face à l'équipe que l'on donnait comme favori de la CAN. Ils sont, de la sorte, appelés à confirmer un tel redressement dans un quart de finale où la victoire sera aussi impérative que contre la Côte d'Ivoire. Un challenge difficile quand on sait que l'adversaire sera animé par un fort esprit revanchard mais surmontable pour peu que les Verts restent dans leur dynamique ivoirienne et… celle d'Oum Dorman.
