Mettre fin à la grève par tous les moyens, notamment le recours à la justice et les menaces de radiation, est l'objectif premier du ministère de tutelle «pour éviter l'année blanche» et qui a réussi à infléchir avant-hier l'un des deux syndicats qui ont appelé à ce débrayage, à savoir l'Unpef. Ce dernier a décidé de suspendre sa grève «pour se soumettre au jugement ordonnant la reprise immédiate des cours», appelant les enseignants à la reprise des cours le jour même de l'entrée en vigueur des premières mesures qu'il a qualifiées de menaces de la tutelle. Sur le terrain, le taux de suivi de la grève au niveau des lycées, qui restait avant-hier très élevé, aux alentours de 85%, selon le Cnapest, qui, lui, est encore aux stade des «délibérations» au niveau de son conseil national qui s'est tenu hier tard dans la soirée, est largement revu à la baisse. «Nous nous soumettons aux décisions de la justice», commente un enseignant que nous avons joint hier, qui confirme cette tendance tout en dénonçant les agissements de la tutelle qui ignore totalement, selon lui, les revendication de la famille de l'éducation et dont le seul soucis est de sauver l'année scolaire pour «justifier ses échecs». Les menaces de la tutelle qui n'a pas hésité à évoquer également, outre la radiation brandie en premier lieu, les mises en demeure renouvelables dans les 48 heures qui seront adressées «à tout enseignant qui n'aura pas regagné son poste de travail à partir de dimanche. Et s'il ne s'y conforme pas, «il sera procédé à sa révocation et à l'annulation de ses années d'expérience dans la fonction publique». Ces mesures «partagent» les enseignants, certains voulant aller jusqu'au bout, d'autres par crainte ont repris le chemin de l'école, surtout que des commissions sont installées pour «constater» l'absence. «Il est temps que la loi soit appliquée avec rigueur», avait encore déclaré M. Benbouzid pour signifier qu'aucun écart ne sera désormais toléré, rassurant ainsi les parents d'élèves auxquels il promet des mesures pour rattraper le retard accusé. Pour lui, la grève est dénuée de toute signification et ne relève plus d'un problème pédagogique mais «politique», rappelant «la détermination» du gouvernement à avancer dans l'application des décisions et à mettre un terme aux conditions «rédhibitoires». Un énième avertissement adressé directement au Cnapest qui tarde à rallier «la majorité». Selon certaines indiscrétions, la tendance chez le Cnapest, du moins les responsables syndicaux qui ont toujours affirmé «respecter les lois de la République», est au gel de la grève, alors que ces mêmes voix évoquent le refus de la base d'abdiquer. Ce refus nous a été indirectement confirmé par le chargé de la communication au dit syndicat qui évoquait «une démissions collective» dans plusieurs wilaya». A l'heure où nous mettons sous presse, rien n'a filtré à propos des décisions du conseil national du Cnapest. Réussira-t-il à faire cavalier seul ou rejoindra-t-il les collègues de l'Unpef ?