Le chantre de l'amazighité et de la musique kabyle, celui qui a su faire descendre la revendication identitaire de son piédestal pour la porter dans la rue est revenu cette semaine. il n'a jamais quitté les esprits, ses chansons sont fredonnées sans cesse, ses cassettes se vendent toujours comme des biscuits, des stèles et autres monuments et fresques sont érigés un peu partout à sa mémoire, comme pour rappeler à chaque coin de rue qu'il est toujours là, le Rebelle Matoub Lounès, assassiné le 25 juin 1998 à Tala Bounan, lieu devenu tristement célèbre, sur la route de Béni Doula alors qu'il se rendait chez lui à Taourirt Moussa. Comme chaque année, un hommage intitulé «Ikkech a Lwenna s» (pour toi Lounès), lui a été rendu à la maison de la culture mouloud Mammeri de Tizi Ouzou par la fondation qui porte son nom et dont le siège n'est autre que sa demeure sise dans son village natal Taourirt Moussa. La semaine qui vient de s'écouler a été riche en activités toutes dédiées à ce symbole éternel du combat identitaire. La fondation Matoub Lounès, qui manque de moyens selon ses animateurs, a mis les bouchées doubles pour réussir cet événement qui a drainé une foule immense toujours à l'affût d'informations qu'elles soient sur sa vie, son œuvre etc. Le programme proposé au public a été, pour ainsi dire, à la hauteur de l'intérêt qu'il suscite chez la population en général et ses admirateurs en particulier. La maison de la culture a abrité des récitals poétiques dont le concours a été gagné par trois jeunes poètes, Anouar Dahbia dite Samira Neqlia (1er prix), Belkadi Amar (2e prix) et Akiche Amar (3e prix), des conférences débats, des tables rondes animées par des spécialistes, comme celle animée par Saîd Chemakh et Malika et Idir Ahmed Zaïd sur l'œuvre artistique et poétique du chanteur. Outre ces communications, le hall de la maison de la culture a abrité une riche exposition de livres, de revues et de coupures de journaux liés au Rebelle. A ce sujet, le SG de la fondation a précisé qu'il sera procédé à la création d'un fonds documentaire qui sera dédié aux universitaires et chercheurs. La journée d'avant-hier, qui coïncide avec la date de son assassinat, a été le moment phare des activités commémoratives. Le sinistre lieu où il a été assassiné, Tala Bounan, s'est transformé, l'espace d'une matinée, en un véritable lieu de pèlerinage. Ils étaient plusieurs dizaines de personnes, des citoyens anonymes, des représentants du mouvement associatif dont certains sont venus des wilayas limitrophes comme Boumerdès, Alger, Bouira, de Bordj Bou Arréridj, de l'université de Béjaïa, à venir se recueillir d'abord sur le lieu de l'assassinat où est érigée une plaque qui rappelle à tous les passants cet assassinat qui reste non élucidé douze années après. Durant toute l'année, les gens s'arrêtent au détour de ce virage maudit pour une pensée pour le Rebelle. Une deuxième cérémonie de recueillement, avec dépôt d'une gerbe de fleurs ponctuée par l'observation d'une minute de silence, a été organisée ensuite devant sa tombe qui se trouve quasiment dans sa demeure et qui est fleurie à longueur d'année. Comme à chaque recueillement, l'émotion était à son comble. Juste en bas, dans le garage, les visiteurs ne manquent pas de regarder sa voiture, portant toujours plusieurs impacts de balles. Le procès se tiendra le 10 juillet Après plusieurs reports, dont le dernier en date devait se dérouler au mois de juillet 2009, renvoyé pour complément d'enquête, le procès des présumés assassins de Matoub Lounès se tiendra finalement le 10 juillet prochain. C'est du moins ce qu'a fait avoir le SG de la fondation qui porte le nom du chanteur assassiné à l'occasion de l'hommage rendu au Rebelle en ce douzième anniversaire de son assassinat. Les deux présumés assassins de Matoub Lounès, Abdelhakim Chenoui et Malik Medjnoun, qui ont toujours clamé leur innocence, sont en détention préventive depuis l'an 2000. Le procès est très attendu d'autant qu'il faut rappeler qu'au moins une cinquantaine de témoins figurent dans une liste et qui sont susceptibles d'être entendus par la justice. D'ors et déjà, on a appris que sa sœur ne sera pas présente à ce procès pour cause de maladie.