Elu à l'APW de Tamanrasset, Dahmane Hamza se dit excédé par la manière dont est gérée l'institution dans laquelle il siège depuis les dernières élections locales. Selon lui, des dysfonctionnements graves caractérisent l'Assemblée qui joue moins le rôle de force de proposition que de chambre d'enregistrement. Sans aller jusqu'à accuser ses pairs de «faire le jeu de l'Administration», M. Dahmane leur en veut pour leur «passivité» face aux comportements des membres de l'exécutif, le wali en tête. «On ne peut admettre, explique-t-il, que le vote du budget de la wilaya soit retardé jusqu'au 6 juillet, alors que la réglementation exige que cette opération soit bouclée avant le 15 juin.» Bien entendu, avec une poignée d'autres élus, il a refusé de cautionner ce qu'il considère être un manquement flagrant aux dispositions de la loi. Peu disert, notre interlocuteur avoue, toutefois, que le mal vient de l'Assemblée qui n'est assez forte pour imposer son point de vue à l'Administration. «Si l'APW est forte, si les éléments qui la composent sont convaincus de leur mission, les choses pourraient aller dans le bon sens. Mais c'est tout le contraire qui est observée à Tamanrasset où l'Administration a pris de l'ascendant sur les Assemblées élues.» Pour notre interlocuteur, la loi 90-08 accorde à l'Assemblée populaire de wilaya des prérogatives très étendues, en particulier la définition du plan d'aménagement du territoire de la wilaya. Mieux, indique-t-il, c'est l'Assemblée qui contrôle son application, «ce qui signifie que les élus ont un droit de regard sur le travail de l'Administration». En fait, dit-il, «nous assistons à une inversion des rôles, c'est l'Administration qui fait tout, les élus se contentent seulement de lever la main pour adopter la démarche du wali et ses directeurs». Pour M. Dahmane, le gros problème réside dans les rapports conflictuels entre l'Administration et l'Assemblée et au sein de cette dernière. Considéré comme une «grande gueule» pour son franc-parler, l'élu nous révèle qu'il fait partie des «perturbateurs» (les «mouchawichine» pour reprendre son expression) que l'on voudrait bien faire taire. «On veut nous discréditer en disant que nous sommes des opposants, mais opposants à qui ?», s'insurge-t-il en disant qu'il refuse «catégoriquement» ce qualificatif. «Une fois élu, on est membre d'une Assemblée souveraine dont les missions et attributions sont définies par la loi.» Pour lui, discuter un projet, donner son avis sur un dossier ou critiquer les prestations d'une quelconque direction de wilaya, c'est assumer son rôle de représentant légitime de la population qui l'a élu. «Sinon, conclut-il, à quoi sert-il de siéger dans une Assemblée si, à chaque fois que vous levez la main pour intervenir dans les débats, on vous fait comprendre que vos propositions ne sont pas les bienvenues ?»