Jugés en appel par la cour d'Oran, les auteurs de l'assassinat d'un traiteur, appelé «Negafate», ont été condamnés à la peine capitale, une sentence prononcée en première instance en début d'année et confirmée lundi. Les faits de cette affaire, qui avait mis en émoi la cité Lescure où résidait la victime, remontent au 19 mai 2008 quand le frère de la victime s'était présenté aux services de police pour faire part de la disparition de Yahia, son cadet, connu sous le sobriquet de Nagafate (organisateur de fêtes de mariage selon la tradition marocaine), et employé au service des passeports de la wilaya. Les policiers qui s'étaient déplacés au domicile de la victime découvriront le parquet taché de sang et les lieux dans un grand désordre. Ils présentaient l'aspect d'une habitation visitée par des cambrioleurs qui ont fouillé sans ménagement à la recherche d'argent, de bijoux ou d'autres objets de valeur. Mais toutes leurs tentatives de retrouver le maître des lieux ou son cadavre sont restées vaines. La première piste de l'enquête mènera les policiers vers un ami de la victime qui avait l'habitude de lui rendre visite pour des soirées arrosées. Interpellé, il niera tout lien avec la disparition de negafate. Mais acculé par les témoignages de certains voisins de la victime, il finira par avouer qu'il l'avait assassiné tout en chargeant un complice, un étudiant universitaire, qui aurait déplacé le corps vers la décharge d'El Braya où il a été incinéré. Lors de la confrontation, les deux mis en cause s'accusèrent mutuellement, ce qui conforta les policiers dans leur conviction : ils ont mis la main sur les assassins de negafate. Présentés à la justice, ils furent condamnés une première fois à la peine capitale pour homicide volontaire, vol à main armée et constitution d'association de malfaiteurs. Comparaissant lundi en appel, ils continuèrent à s'accuser mutuellement sans nier les faits. Selon l'arrêt de renvoi, negafate avait organisé une soirée où l'alcool avait coulé à flots. A un moment très avancé de la soirée, son ami est venu le retrouver dans sa chambre à coucher pour lui porter plusieurs coups avec un poignard. Il sera rejoint par son complice, l'étudiant universitaire, qui lui proposa d'achever la victime en l'égorgeant. « C'est ce qui explique les traces de sang retrouvées dans l'appartement», précisera dans son réquisitoire le représentant du parquet. Leur forfait accompli, ils s'empareront de plusieurs appareils électroménagers qui ornaient les lieux, avant de penser à faire disparaitre le cadavre. Pour ce faire, ils le couvriront de sacs en plastique avant de le transporter dans le coffre d'une voiture jusqu'à la décharge d'El braya. «Leurs funestes desseins sont manifestes. Sur les lieux, ils ne se sont pas limités à se débarrasser du cadavre, ils l'ont brûlé avec de l'essence qu'ils ont demandée à un automobiliste en prétextant une panne sèche», dira le procureur de la république. Les tentatives de leurs avocats de faire fléchir la cour en tentant de semer le doute parmi les membres du jury n'ont pas abouti. Le défenseur de l'étudiant universitaire tentera de plaider sa cause en affirmant qu'il n'a été que témoin des faits et qu'il n'y a pas participé. «Mon client était présent sur le lieu du drame pour la simple raison qu'il voulait demander à la victime de l'aider à se faire établir un passeport pour pouvoir se rendre en Europe où il rêvait de s'installer. Il n'a participé ni au meurtre ni au vol», dira-t-il, un argument contredit par le mis en cause qui avait devant la cour affirmé qu'il avait aidé le principal auteur dans sa basse besogne. Au terme des délibérations, la cour est revenue avec un verdict qui confirme la peine prononcée en première instance : la peine capitale à l'encontre des deux mis en cause.