L´Audience nationale, la plus haute juridiction pénale espagnole spécialisée dans les affaires de terrorisme et de crime organisé, a condamné, mardi soir, à 439 ans de prison deux des pirates somaliens impliqués dans la séquestration de l´«Alakrama», le chalutier basque pris en otage par les pirates somaliens vers la fin de l´année 2009, avec 37 marins à bord. La haute cour indique dans sa sentence qu´il «ne fait aucun doute que ce n´est pas l´entreprise d´origine de l´Alakrama qui a versé la somme d´argent réclamée par les pirates en échange de la libération des otages, mais bien un organisme public lié au gouvernement espagnol», autrement dit le ministère des Affaires étrangères, ce qui a conduit les journalistes à assaillir de questions à ce sujet la chef de la diplomatie, Mme Trinidad Jimenez, qui s´était présentée au Sénat pour assister à la session de contrôle ordinaire de l'action du gouvernement par la Haute Chambre. Prise au dépourvu, la ministre des Affaires étrangères répond qu´elle n´a pas pris connaissance de cette sentence judiciaire pour assurer, parole contre parole, que «le gouvernement espagnol n´a pas versé de rançon» pour obtenir la libération des marins espagnols : «Je confirme ce qu´a déjà déclaré à ce propos le président Zapatero et tous les autres collègues», dit-elle avant de lâcher ce qui ressemble, en soi, à un aveu : «Et puis le plus important n´est pas la libération, sains et saufs, de ces ressortissants espagnols !» La pression est venue de l´opposition représentée par le Parti Populaire (PP) qui a régulièrement accusé le gouvernement Zapatero, comme elle vient de le faire une nouvelle fois hier, d´avoir menti sur les conditions de libération des otages espagnols aux mains des pirates ou des terroristes de Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI). Le quotidien El Mundo a récemment publié les états de transfert de fonds au compte de l´ambassade espagnole à Nairobi. Une opération effectuée, selon ce journal, sur ordre du ministère des Affaires étrangères pour le paiement des rançons aux pirates somaliens et aux intermédiaires qui ont joué un rôle dans l´affaire de l´Alakrama».