C'est comme un mauvais refrain musical qu'on nous ressert chaque année. Il y a bien quelque chose de cassé dans le football algérien qui fait que ce sport est décidément à la peine. Sa principale compétition officielle, le championnat de la Ligue 1, n'a plus de championnat que le nom. Disons que nous assistons, depuis, quelques années, à un semblant d'épreuve sportive où des clubs sont plus appelés à répondre à une formalité qu'à se lancer dans une compétition où joueurs, staffs techniques, dirigeants et spectateurs parviennent à s'y retrouver. Malheureusement les matches en retard s'accumulent et finissent par dévaloriser cette épreuve jusqu'à la rendre inintéressante. Déjà que les clubs ne fournissaient pas de grand spectacle, il y a de quoi désespérer lorsqu'on voit la facilité avec laquelle les instances dirigeantes de ce sport font usage des reports de matches. Au milieu des années 90, la Ligue nationale avait été confrontée à une levée de boucliers de la part des clubs qui avaient demandé à ce qu'on mette à jour le championnat avant de le poursuivre. La Ligue avait accepté et avait suspendu la compétition tout en programmant le calendrier des matches en retard. Une fois le championnat en règle avec l'ensemble de ses journées, il avait repris et dès le début on était reparti avec de nouveaux reports de matches. Comme quoi rien n'avait changé dans la mentalité des gens. Des clubs dorlotés Si nous sommes parvenus à une telle déliquescence, c'est à cause, essentiellement, aux clubs engagés dans des compétitions internationales. C'est quasi routinier : tout club concerné par de telles joutes bénéficie de privilèges de la part des instances dirigeantes du football. Celles-ci partent du principe qu'elles ont affaire à des équipes qui jouent pour le pays et que dans ce cas il faut les aider au maximum. Erreur que tout cela parce que si un club s'engage à jouer à une Coupe d'Afrique ou une Coupe arabe, il le fait d'abord pour lui-même. Et puis quand on le préserve songe-t-on, ne serait-ce qu'une fois aux autres clubs, ceux qui ne jouent que le championnat national. C'est bien de participer aux compétitions internationales, ce serait mieux si on se mettait à respecter les autres clubs et le championnat dans lequel on joue. Il faut dire que ces clubs dits " internationaux " sont trop dorlotés par les instances dirigeantes du football qui ne se gênent pas de violer la réglementation en vigueur pour leur faire plaisir. L'article 27 des règlements du football professionnel stipule que le club professionnel est tenu de respecter le calendrier des compétitions établi par la Ligue. Ce qui n'est pas vrai chez nous puisque le club fait valoir sa participation à une compétition internationale avant le championnat. L'alinéa 2 du même article indique que les clubs engagés pour les compétitions internationales sont tenus de participer aux rencontres fixées par la Ligue qui peut avancer ou décaler de trois jours leur match de championnat national par rapport à leur match international. Là aussi on fait tout faux puisque la Ligue se plie constamment aux desiderata des clubs qui obtiennent toujours gain de cause et s'absentent des fois plus d'une semaine du pays obtenant de la sorte le report de deux de leurs matches de championnat. Le président de la Ligue nationale, M. Mohamed Mecherara, estime qu'il y a des déplacements très longs en Afrique qui nécessitent que l'on passe par autant de reports. Mais alors qu'est ce qui l'empêche de changer la réglementation, notamment cet alinéa pour que l'on soit dans normalité ? Ce même article nous renseigne, en son alinéa 3, que la date du match international à domicile de tout club engagé en compétition régionale, continentale ou arabe est fixée par ligue de football professionnel conformément aux dates proposées par la CAF, l'Union Arabe de football ou l'UNAF. Là aussi il n'y a aucun respect du texte en question de la part des instances dirigeantes du football algérien puisqu'il est connu que c'est le club qui fixe lui-même la date de son match international joué à domicile et souvent il le fait par calcul juste pour reporter un match de championnat. On se sert même des étrangers Mais il n'y a pas que les matches internationaux qui soient la cause des reports de matches de championnat ou de Coupe d'Algérie. Certains clubs se font un malin plaisir de faire valoir la sélection de quelques uns de leurs joueurs dans des équipes nationales pour obtenir ces fameux reports. Et là aussi, les instances dirigeantes du football ne se montrent pas intransigeantes. Pour tout dire elles vont jusqu'à fouler au pied les textes en vigueur pour faire plaisir à ces clubs. On citera en exemple l'article 29 des règlements du football professionnel qui indique " qu'aucun club ne peut demander le report d'un match s'il n'a pas plus de deux (02) joueurs seniors sélectionnés en équipe nationale. Les joueurs des autres catégories évoluant en équipe senior de leur club et sélectionnés ne bénéficient pas de cette mesure. " Or que voit-on ? Des clubs qui argumentent le fait trois ou quatre sélectionnés en équipe nationale olympique pour obtenir un report de match de championnat. Et qui finissent par avoir gain de cause grâce à la faiblesse de la Ligue nationale. Tellement faible qu'elle a accepté de reporter un match à un club qui a donné comme excuse le fait qu'un de ses joueurs étrangers ait été sélectionné dans l'équipe olympique de son pays. Si la Ligue nationale n'est pas d'accord avec l'article 29, elle n'a qu'à demander à la Fédération de le changer mais tant qu'il reste tel quel il faut qu'elle se plie à ses dispositions. Le fait de reporter à tout va des matches ne répond plus aux normes du football de performance. Il faut avouer que joueurs et entraîneurs des équipes qui ne disputent pas de compétitions internationales ne savent plus comment s'y prendre. Peut-on trouver normal qu'un club comme l'ASO Chlef se mettre en congé de la compétition nationale pendant un mois parce que le hasard a voulu qu'il rencontre coup sur coup des équipes engagées en Coupes d'Afrique ? Trouve-t-on normal que ce même club ou un autre, en congé de championnat durant de longues semaines, se mette à enfiler les matches de cette compétition en un temps très court pour rattraper le retard ? Ce club a raison de se plaindre mais pas les privilégiés des compétitions internationales. Or on assiste à la complainte de certains de ces clubs au sujet d'un prétendu marathon de matches qu'ils vont devoir disputer pour rattraper leur retard. Personne ne leur a demandé de jouer des compétitions internationales et ce serait bien qu'ils se mettent à respecter les autres clubs qui sont tout aussi algériens qu'eux. Le manège quant à lui ne va pas s'arrêter. Les phases de poules des deux Coupes d'Afrique sont en vue avec des matches qui vont se joueur durant tout l'été. Cela veut dire que les joueurs des clubs en question ne vont pas prendre de vacances soit une entorse aux conditions requises pour la haute performance. Et quand la prochaine saison débutera il faudra compter avec de nouveaux reports de matches pour ces privilégiés qui se plaindront une nouvelle fois quand il faudra établir un calendrier pour qu'ils rattrapent leur retard. Un autre mauvais refrain comme celui qu'on nous serine d'année en année et qui nous lasse tellement il est agaçant.