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«Les mouvements révolutionnaires vont gagner les pays occidentaux à cause des inégalités»
Jean-Paul Carteron, président du Forum Crans Montana au Temps d'Algérie :
Publié dans Le Temps d'Algérie le 17 - 06 - 2011

Le Forum de Crans Montana est une organisation internationale établie créée en 1986. Elle est reconnue par toutes les grandes organisations internationales. Son but est de contribuer à la construction d'un monde plus humain. Il s'agit également de favoriser les meilleures pratiques et d'assurer un dialogue global.
Son président, Jean-Paul Carteron, français d'origine mais qui vit en Suisse, a bien voulu répondre à nos questions sur l'actualité internationale brûlante. Il a été invité par le Conseil national économique et social (Cnes) à prendre part aux travaux des assises nationales sur la société civile tenues durant trois jours (14, 15 et 16 juin) à Alger.
Juriste de formation, le président du Forum de Crans Montana a tenu dans cet entretien à dénoncer «les maîtres du monde qui détiennent les rênes de l'économie». Selon ce spécialiste des questions internationales, le monde occidental est sorti de «la dictature politique», mais il s'enfonce davantage dans la «dictature d'esprit»,
celle de tracer des limites infranchissables à tous ceux qui veulent remettre en cause certaines vérités historiques, notamment l'antisémitisme, devenu, selon lui, l'arme fatale envers les sociétés des pays européens. Il a ajouté qu'il n'existe pas de liberté, notamment en Europe :
«Pour un petit mot, vous risquez la prison mon cher journaliste. Faites très attention, l'Europe a beaucoup changé.» Les pouvoirs médiatiques, les richesses économiques, les postes influents sont entre les mains d'une minorité, ajoute-t-il, en prévoyant une révolution dévastatrice dans tous les pays du monde, surtout après l'expérience tunisienne et égyptienne.
Le Temps d'Algérie : Lors de l'ouverture des assises nationales sur la société civile, vous avez tiré la sonnette d'alarme sur la situation de l'économie mondiale. Peut-on connaître les raisons qui ont motivé votre alerte ?
Jean-Paul Carteron : L'économie mondiale est déconnectée du territoire. On fait de l'argent là où on peut en faire. Je lisais il y a quelques jours sur un journal un nouveau phénomène de commercialisation d'un produit fabriqué par des enfants esclaves. Il se trouve que beaucoup d'articles sont achetés, aujourd'hui, sans la précision de l'origine de la marchandise.
Et les acheteurs se foutent complètement de cet aspect, parce qu'on a réussi à déconnecter l'économie de la réalité. Nous sommes dans l'ère du règne des prédateurs. Durant la crise économique mondiale, on a sauvé les banques américaines et européennes. Et aujourd'hui, l'argent mis dans les banques est utilisé dans les actions de spéculation sur les matières premières alimentaires.
Des gens meurent de faim et les spéculateurs gagnent des bonus et des milliards de dollars. Et l'argent mis à la disposition des banques provient du Trésor alimenté par le contribuable. En plus, les gouvernements occidentaux n'ont pas l'intention de changer et accentuent ces dysfonctionnements de plus en plus. Les responsables politiques sont liés et dominés par les hommes d'affaires et les entreprises.
Personnellement, j'ai vu récemment une scène qui m'a interpellé, à l'occasion de l'installation d'un chef d'Etat africain. Des chefs d'Etat européens arrivaient avec des hommes d'affaires. Ils donnaient l'image d'une bande d'affairistes et de mafias qui débarquaient en Afrique. Ils disaient que l'Afrique est notre petit jardin et elle doit remplir nos poches. Il faut que tout cela s'arrête et cesse.
La coopération Nord-Sud est finie. L'avenir de l'Algérie, de l'Afrique et des pays du Sud est lié à la coopération avec le Brésil, l'Argentine, la Malaisie, l'Indonésie, le Singapour… Parce que les affaires entre ces pays peuvent se développer sans les litiges et sans ce regard de l'ancien colonisateur.
Et la situation de crise connue actuellement dans de nombreux pays africains est liée justement à cette vision rétrograde des anciens pays colonisateurs qui cherchaient toujours à maintenir les présidents africains pour sauvegarder leurs intérêts. Le paradoxe est là, les pays les plus riches naturellement sont aujourd'hui les plus pauvres, notamment dans le continent africain.
Depuis que la mondialisation a commencé à Bruxelles et ailleurs, des milliers de fonctionnaires n'ont pas arrêté de déréguler l'économie et d'ouvrir les portes à tous les voyous. Alors que l'Etat se devait de jouer ce rôle d'arbitre et de garant de l'économie.
Supposons un instant que la faillite de l'empire bancaire américain Lehmann Brothers se soit produite dans un pays arabe. Vous imaginez ce qu'on aurait dit sur cela. Mais, lorsqu'une telle affaire intervient aux Etats-Unis d'Amérique, on n'a rien dit et on a tout fait pour la sauver.
Quelle analyse faites-vous des révolutions menées en Tunisie et en Egypte ?
Il faut dire que c'était une vraie révolution, car elle a abouti à la chute du régime de Ben Ali. C'est une révolution spontanée et qui n'a pas de leader. Ce qui est nouveau dans l'histoire de l'humanité. Avant, la révolution populaire c'était Fidel Castro, avec son drapeau et ses milices, qui luttent pour prendre le pouvoir. Aujourd'hui, on s'aperçoit qu'il y a un nouveau type de révolutions.
Les Tunisiens sont sortis dans la rue. Ils n'avaient pas de chef. Ils ne voulaient pas prendre le pouvoir. Ils voulaient juste un changement profond dans la nature de l'Etat. Ce changement est né de la fracture entre les personnes qui font partie de l'establishment et le peuple. Les critères de l'exclusion ont été aussi stimulés par la crise économique mondiale qui a touché la Tunisie.
Les Tunisiens cherchent aussi l'Etat impartial, loyal et solidaire, et non pas un Etat voyou au service d'une classe. Sur ce point, aucun Etat occidental ne peut donner des leçons. Je pends l'exemple de la guerre de l'Irak, il faut reconnaître que les Américains ont déclenché la guerre pour se remplir les poches. Et on s'aperçoit que le président exécuté, Saddam Hussein, n'était pas finalement un «voyou».
La jeunesse cherche la transparence, l'honnêteté, la compétence, la loyauté vers la chose publique. C'est dans ce sens que tous les pays du monde vont être frappés par les mouvements révolutionnaires à l'exemple de la Tunisie et de l'Egypte. Ce qui se passe actuellement en Espagne, au Portugal et en Grèce entre dans ce processus de changement.
La France, Monaco et bien d'autres pays seront touchés. Il existe encore des personnes qui meurent de faim, alors que d'autres roulent en Rolls Royce. En France, il y a deux millions de personnes qui n'ont pas allumé cette année le chauffage, malgré le froid glacial, parce qu'ils n'avaient pas l'argent pour payer les frais d'électricité et de gaz. Il y a deux millions d'enfants qui vont à l'école sans prendre le petit-déjeuner. Ce sont des chiffres officiels des secours catholiques en France.
Les pays européens sont en faillite, tandis que les chefs d'Etat achètent des avions personnels à 200 millions d'euros et voyagent à coup de millions. Il y a même une provocation permanente dans la manière de se comporter avec l'argent vis-à-vis des gens qui n'ont pas de quoi manger.
Comment expliquez-vous le changement d'attitude des pays occidentaux vis-à-vis de la Tunisie et de l'Egypte après les mouvements révolutionnaires ?
Ils ont toujours soutenu les régimes terriblement dictatoriaux, comme la Tunisie et l'Egypte, parce qu'ils pensaient que ces dirigeants dictatoriaux étaient un rempart contre l'islamisme politique. Or, les révolutions menées ont démontré que les islamistes n'étaient pas responsables de ces mouvements.
Mais il y a toujours cette crainte chez les Occidentaux quant à une éventuelle victoire des partis islamistes lors des prochaines élections...
Effectivement. Si on laisse les affaires évoluer naturellement dans les deux pays cités (Tunisie et Egypte), il y a un grand danger que les islamistes remportent les élections. Il est temps que la Tunisie et l'Egypte trouvent une voie juste pour avancer sagement et professionnellement dans la reconstitution de leurs structures politiques.
Pourquoi craint-on justement la victoire des partis islamistes ? Quelles en sont les raisons ?
C'est normal d'avoir cette crainte. On n'a pas peur de l'Islam en tant que religion. On a peur du terrorisme porté par certains islamistes.
Mais des personnalités politiques tunisiennes et égyptiennes issues des courants islamistes prônent la tolérance et le respect des autres idéologies…
C'est vraiment un débat complexe, car on est face à la question de l'utilisation de la religion dans la vie politique.
Comment expliquez-vous la chute de Ben Ali alors qu'il avait prôné le projet de société de modernité et d'ouverture à l'Occident, décidé autrefois par son prédécesseur Habib Bourguiba ?
C'est difficile d'aborder ces aspects sans évoquer la nature de la dictature de Ben Ali. On ne peut être président d'un pays moderne et gouverner pendant 30 ans. Il y a une accélération des évènements et des changements intervenant à l'échelle mondiale faisant que le pays doit entrevoir d'autres solutions.
Les jeunes Tunisiens de 26 ans n'ont connu que Ben Ali comme président de la République, de la même manière que moi qui n'ai connu que Charles De Gaulle comme président français durant ma jeunesse. Ils ne peuvent plus supporter cela, surtout qu'ils n'avaient pas de travail,
de liberté de parole, d'argent et mouraient de faim. A partir de ce moment-là, on ne peut accepter éternellement le même système et les mêmes dirigeants. Ils ont voulu un changement radical et une rupture totale avec les institutions du passé. C'est ce qui a été arraché aujourd'hui à travers cette révolution.
Que pensez-vous de la situation en Egypte ?
Je pense que rien n'a changé en Egypte. C'est toujours l'armée qui dirige le pays.
Mais les responsables actuels ont réussi à rouvrir le passage de Ghaza, chose qui n'était pas possible durant le règne de Hosni Moubarak…
C'est un point très important. Il existe un autre fait majeur de la révolution égyptienne, c'est la réouverture du canal de Suez aux Iraniens.
Il y a eu le passage d'un navire de guerre iranien qui est allé vers un port syrien. Ces deux changements ne se seraient jamais réalisés du temps de Moubarak. Je pense que les choses vont beaucoup évoluer dans la région, surtout avec la réconciliation interpalestienne négociée au Caire qui dérange beaucoup de monde.
Pendant longtemps, les peuples arabes, surtout ceux du Moyen-Orient, n'ont pu aider les Palestiniens. Les Américains, qui étaient tellement forts et brutaux, avaient interdit aux peuples arabes d'aider les Palestiniens en considérant leurs actions comme étant des menaces sur la sécurité d'Israël.
Les dirigeants des pays arabes avaient besoin des Américains pour contrer les islamistes. Avec l'affaiblissement des Américains accentué après l'invasion de l'Irak, l'image des Etats-Unis d'Amérique s'est beaucoup ternie. Aujourd'hui, les peuples arabes se sentent beaucoup mieux et libres. Ils savent très bien que pour régler la situation politique et lutter contre le terrorisme, il faudrait régler le problème de la Palestine.
La question est aujourd'hui d'autant plus complexe parce que les colonies créées en Palestine rendent difficile la création d'un Etat palestinien libre et souverain. Les Américains le reconnaissent et le savent très bien. Le président Obama a eu raison de demander dernièrement à Israël de reconnaître l'Etat palestinien sur les frontières de 1967.
Cependant, il existe le problème constitutionnel israélien qui pèse sur le règlement du conflit. On ne peut être Premier ministre en Israël sans le soutien des partis extrémistes. Et ces partis sont ceux qui défendent la colonisation.
Cela dit, le conflit israélo-palestinien ne peut durer éternellement ni être résolu par les armes. Ce sont les mères et les femmes des soldats qui vont, cette fois-ci, décider et intervenir pour mettre fin à la guerre arabo-israélienne. Elles veulent tout simplement vivre en paix et que leurs enfants puissent épouser des femmes arabes et musulmanes.
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