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Les barrages
Point net
Publié dans Le Temps d'Algérie le 29 - 06 - 2012

Quand à l'automne, le niveau d'eau des barrages baisse, quelques spécialistes s'en inquiètent en compagnie des agriculteurs et des «cadres du secteur» avant que tout le monde ne s'en remettent au ciel. Au propre comme au figuré.
C'est la pluie qui donne de l'eau au barrage qui donne de l'eau au blé, aux orangers et aux vaches. Tout le monde le sait, même si certains veulent bien l'oublier s'il n'y avait pas les autres, ceux qui se font un malin plaisir à le leur rappeler. Entre les deux, il y a ceux qui ne savent pas à quoi sert un barrage à part à tuer des jeunes qui viennent y nager parce qu'ils sont loin de la mer, des piscines et de la vie.
Des jeunes qui meurent en commettant une infraction, puisqu'il est interdit de nager dans les barrages. Bien sûr, ils ne commettent pas d'infraction puisqu'il n'y a pas d'indication de l'interdiction. Dans certains barrages, Il est même «permis» de faire trempette, puisqu'il est clairement annoncé que la baignade est seulement… dangereuse ! Les barrages sont terribles. Il paraît qu'ils sont l'un des plus importants indicateurs de développement.
Oui, depuis qu'Antoine de Saint-Exupéry a crashé son avion dans le désert libyen, on sait que l'eau n'est pas indispensable à la vie, puisqu'elle est la vie ! A l'automne, on peut regarder avec quelque inquiétude s'éloigner dans la profondeur la vue de l'eau. Mais on se rassure très vite, nous sommes toujours loin des images «classiques» ou «traditionnelles», de la catastrophe. Sans doute en raison de nos capacités inégalables à nous accommoder du mauvais, on arrive toujours à éviter le pire.
L'enfer étant donc systématiquement chez les autres, il est difficile d'imaginer la terre craquelante de soif, les bêtes cadavériques et les arbres rachitiques. Nous sommes loin des enfants au ventre ballonné parce qu'ils sont malades, mais nous avons des enfants qui meurent chaque été dans la vase des barrages et autres retenues collinaires. Ils vont chercher la fraîcheur, là où la vie donne la mort.
Ils meurent dans la solitude de l'ado téméraire, qui a traversé les champs, tenté les raccourcis les plus sauvages et ignoré la faim. Juste parvenir à cet ersatz de mer impitoyable qui arrose le melon et abreuve les bêtes. Juste parvenir à son bord, le toiser en se tenant debout sur un monticule, avant d'offrir son corps aux bienfaits de son eau.
La fraîcheur. La vie. Personne ne pense à la mort en entrant dans l'eau, c'est si bon.
On meurt dans la solitude du promeneur solitaire ou sous le regard horrifié et impuissant de son ami. On meurt loin de sa mechta ou près de ses moutons, mais on meurt toujours en été. On meurt les pieds pris dans la glaise et la tête encore accrochée à un rêve inachevé. Mourir sans avoir vu la mer, mourir les yeux asséchés par le phantasme.
Les barrages sont remplis à près de 70% cette année. Est-ce que les barrages tuent plus quand ils son remplis ou quand ils contiennent moins d'eau ? On ne sait pas, ce ne doit pas être important, puisqu'il est interdit de se baigner dans les barrages, même si on signale seulement que la baignade est dangereuse. Il parait même que c'est la vase qui tue, pas l'eau. On n'a pas idée d'aller chercher la mort, là où il n'y a que la vie. C'est vrai que la mer tue plus que les barrages.
Mais la mer est aussi faite pour ça, pas les barrages. On peut mourir en nageant trop loin du sable, en se faisant percuter par un jet-ski ou en tentant la harga vers la Sardaigne, il est toujours plus difficile de laisser sa vie dans un barrage après avoir traversé par monts et par vaux, bu dans des ruisseaux improbables et mangé des raisins verts parce que pas encore mûrs.
C'est dur de mourir même en été, M. Brel. On meurt parce qu'il fait trop chaud, mais pas seulement. On meurt aussi parce que la mer est trop loin pour les pauvres, et la vie aussi. Il paraît que les barrages créent des microclimats. C'est-à-dire qu'ils apportent de l'humidité là où c'était sec avant. On y pêche même du poisson.
De la «grosse sardine», de la «sardine rouge» ou de la «sardine à moustaches», c'est ainsi qu'ils appellent les différents poissons, les hommes des montagnes et des plaines, ceux qui sont loin de la mer et découvrent les barrages. Ceux dont les enfants appellent différemment le poisson que les enfants de la côte même s'ils appellent la mort comme tout le monde l'appelle.


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