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«Je pense que le président français a une réelle volonté de construire un nouveau partenariat avec l'Algérie»
Docteur Mourad Preure, expert pétrolier et président du cabinet Emergy International Strategic Consulting au Temps d'Algérie :
Publié dans Le Temps d'Algérie le 18 - 12 - 2012

Le Temps d'Algérie : Pouvez-vous dresser un état des lieux sur les échanges économiques algéro-français ? N'estimez-vous pas que les services dominent la coopération algéro-française ?
Dr Mourad Preure : Les services dominent, en effet. Il semble surtout que pour les entreprises françaises, l'Algérie est davantage vue comme un marché que comme un partenaire stratégique.
Au moment même où Renault inaugurait son usine au Maroc, il annonçait l'ouverture d'une académie pour vendeurs en Algérie. Le résultat, c'est qu'en dix ans, la France a multiplié ses exportations vers l'Algérie par 3, la Chine par 21, la Corée du Sud par 9.
Pour certains spécialistes, le projet Renault en Algérie est un dossier à rebondissements difficile à concrétiser. Pensez-vous que la France a réellement la volonté de réaliser ce projet ? Quelles sont les raisons, selon vous, qui font que le projet tarde à se réaliser ?
Ce qui a pu retarder ce projet, c'est, à mon avis, en premier lieu les choix stratégiques de Renault en faveur d'un pays voisin à faible coût de main-d'œuvre, dont les entraves bureaucratiques à ce type de projet ont été levées à la faveur d'un fort volontarisme de l'Etat hôte. En second lieu, la contraction du marché automobile européen et français particulièrement a généré des surcapacités à Renault.
L'ajout de nouvelles capacités de production était difficile à justifier économiquement, difficile à vendre à une opinion publique inquiète de la crise que vit l'Europe. Nous venons d'apprendre qu'un accord a été trouvé et qu'un contrat sera signé lors de la visite de M. Hollande. Faut-il s'en réjouir ? Je suis réservé. Nous ne devons pas postuler, à mon avis, à être un pays de petites mains, de main-d'œuvre low cost.
Nous devons avoir de grandes ambitions, et la création d'une industrie automobile nationale n'emprunte pas forcément cette voie. Ce que nous devons exiger des constructeurs automobiles, c'est qu'ils équilibrent leur balance commerciale avec l'Algérie en y implantant des activités à haute charge en matière grise, centres de recherche, ingénierie, composants, systèmes ou équipements à haute valeur ajoutée. Mais construire une voiture low cost dont l'avantage concurrentiel tient au faible coût de la main-d'œuvre (y compris et surtout celle des sous-traitants qui seront étranglés dans des logiques de «just on time») ne me semble pas une voie porteuse.
Quelles garanties a-t-on données à Renault pour qu'il signe ce contrat ? Quelles protections et facilités lui seront-elles accordées ? Cela ne faussera-t-il pas les lois de la concurrence au détriment de concurrents asiatiques ou européens en mesure d'apporter une réelle motricité au tissu industriel algérien, aux universités et à la recherche ?
L'Algérie souhaite développer un partenariat gagnant-gagnant avec la France. Pensez-vous qu'avec le président Hollande, cette attente se matérialisera ? Comment voyez-vous l'évolution de la relation économique algéro-française dans l'avenir ?
Je pense que le président français a une réelle volonté de construire un nouveau partenariat avec l'Algérie. Cela est nécessaire aussi à la France dans le contexte de crise économique grave qu'elle traverse. M. Hollande vise une reprise de type keynesien, c'est-à-dire tirée par la demande au moment où la demande française, affectée par une politique de rigueur, faiblit et ne possède pas de ressorts réels pour agir structurellement sur une reprise économique durable.
La demande algérienne est en mesure de tirer l'économie française et la sortir de l'ornière. Mais la demande algérienne doit d'abord être réservée à nos entreprises et aux partenaires étrangers qui choisissent de travailler avec elles. Nous avons là une opportunité unique de relancer notre industrie à la faveur de partenariats avec les entreprises françaises en particulier et européennes en général. La France saura-t-elle saisir cette chance en s'engageant activement vers un nouveau partenariat avec notre pays, un partenariat qui doit entraîner PME, champions industriels et universités, mais aussi collectivités locales. Saurons-nous formuler de manière offensive et constructive une telle attente?
Les entreprises algériennes ont là une chance de faire un saut qualitatif, se moderniser et se développer sur le plan technologique et managérial. Le concept de co-localisation prôné par la partie française est très intéressant de ce point de vue. D'autre part, l'Algérie veut s'engager activement dans la transition énergétique et acquérir une excellence technologique dans les renouvelables.
Elle veut aussi sécuriser ses débouchés gaziers menacés, alors même que le marché gazier européen et notamment français se libéralise et s'ouvre davantage aux gaz concurrents. Sonatrach doit pouvoir élever le niveau de son partenariat déjà conséquent avec les énergéticiens français et accéder au client final français. Des stratégies d'intégration croisée doivent lui permettre de partager le risque amont avec les énergéticiens français tout en accédant aux marges aval en vendant au client final français molécules de gaz et kilowattheures.
De même nos universités, centres de recherche et PME doivent trouver leur chance pour s'engager dans les nouveaux concepts en matière d'énergies renouvelables et postuler à rejoindre le rang des leaders. Cela peut aller jusqu'à des liens de capital entre entreprises algériennes et françaises, ce qui permettra à ces dernières d'atteindre des tailles critiques pour résister à leurs concurrents asiatiques et construire un réel leadership industriel et technologique.
N'estimez-vous pas que l'Algérie devrait plutôt privilégier des relations de partenariat avec des pays autres que la France ?
La France est un pays avec lequel nous avons de longues traditions partenariales en plus des liens culturels et surtouts humains. Elle doit bénéficier d'une attention particulière. Mais pour autant, nous devons veiller à diversifier nos liens commerciaux, au même titre que la France d'ailleurs. L'Europe recèle d'importantes potentialités partenariales insuffisamment exploitées à mon avis, notamment pour ce qui concerne le nord de l'Europe et la Grande- Bretagne qui aspirent à des liens plus denses avec notre pays.
L'Asie est très active, la Chine et l'Inde notamment. Pour ces pays, l'Algérie est une excellente tête de pont pour atteindre les marchés européens et surtout rattraper le retard technologique, tout en accédant aux ressources énergétiques algériennes et en les intégrant dans des dynamiques de délocalisation de grande ampleur. L'Europe et la France sont-elles conscientes du danger ? J'en doute.
Il reste que l'Algérie, même si elle doit rester attentive aux opportunités que peut lui ouvrir une attitude plus proactive de la France, ne peut s'empêcher d'imaginer d'autres concepts en matière de partenariat international et qui feraient une plus grande place à des partenariats stratégiques avec le nouveau centre de gravité de la croissance mondiale, soit la Chine et l'Inde.


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